Sommes-nous prêts à prendre en charge les malades d'Ebola en France ?

D'un côté, certains syndicats dénoncent le manque d'information et de formation des soignants pour faire face à d'éventuels cas Ebola. De l'autre, les autorités de santé sont rassurantes. Pourtant, la confirmation de cas Ebola parmi des soignants espagnols et américains sème le doute.

Sommes-nous prêts à prendre en charge les malades d'Ebola en France ?
© VILevi

Si l'Europe et les Etats-Unis n'ont pour l'heure été confronté qu'à un très petit nombre de malades Ebola, leur prise en charge a pourtant révélé quelques failles inquiétantes des systèmes de santé de ces pays. La question du degré de préparation des Etats occidentaux à cette crise semble donc légitime.

Omerta sur Ebola ? En début de semaine un syndicat d'infirmiers (SNPI) dénonçait un "cruel manque d'informations" et de matériel adapté pour faire face à un cas avéré d'Ebola, évoquant même une "omerta". "Alors qu'elles sont en première ligne, les infirmières n'ont aucune information des autorités !", fustigeait le SNPI-CFE-CGC dans un communiqué. "Face aux carences méprisantes des autorités qui [les] considèrent visiblement comme des agents d'exécution et non des professions de santé de première ligne", le syndicat infirmier avait alors mis en ligne des informations sur son site Internet. Intensification des procédures en France. "Tous les professionnels de santé, médecins et paramédicaux sont informés", a de son côté affirmé la Direction générale de la santé (DGS) à l'occasion d'une conférence de presse ce jeudi. Dans le contexte actuel, où l'Espagne et les Etats-Unis doivent faire face à la contamination de plusieurs soignants, des recommandations supplémentaires ont par ailleurs été relayées aux professionnels de santé et aux pharmacies. L'objectif étant de fournir toutes les informations nécessaires au repérage rapide d'éventuels cas suspects. Tous les professionnels de santé en ville ont d'ailleurs accès à une fiche conseil disponible sur le site ebola.sante.gouv.fr afin de savoir comment procéder en présence d'un patient fébrile qui aurait voyagé dans un pays considéré comme à risque dans les 21 jours précédents. "On leur explique quoi faire face à un cas suspect. D'abord, comment isoler le patient et protéger le professionnel de santé (port d'un masque, hygiène des mains, masque, sur-blouse à usage unique, lunettes de protection, etc.). Puis d'appeler le Samu afin que celui-ci évalue par téléphone l'état du patient et qu'il puisse, si besoin, prendre le relai pour le transporter vers un hôpital référent dans des conditions optimales de sécurité".
Les 12 hôpitaux de référence sont prêts (en théorie). Ce sont tous des CHU habilités à faire face aux risques nucléaires, bactériologiques et chimiques. Ils concentrent ainsi une grande variété de compétences (maladies infectieuses, réanimation, laboratoires d'examens biologiques). Et disposent chacun d'une vingtaine de lits dans des chambres à pression négative afin d'éviter que le virus ne se propage. La Direction générale de la Santé assure que les personnels sont entraînés et bénéficient d'équipements de protection afin d'assurer leur sécurité.
Appeler le 15 est indispensable. Actuellement en France, 100 équipes du Samu sont équipées et formées pour transporter d'éventuels patients suspectés d'être contaminés par le virus Ebola vers l'un des 12 établissements de santé de référence. Mais ce qui inquiète le plus Pierre Carli, le Directeur du Samu de Paris, ce sont les patients qui se présenteraient aux urgences spontanément, avec le risque de contaminer d'autres personnes une fois dans les salles d'attente. "Le message à faire passer, c'est qu'il faut appeler le 15 pour éviter toute contamination envers d'autres personnes et assurer une prise en charge sécurisée", a-t-il rappelé ce jeudi. La stratégie étant, en effet, de mettre au plus vite le patient dans le bon parcours de diagnostic et de soin. "Au départ les patients sont faiblement contagieux et faciles à transporter donc on va pouvoir les prélever en toute sécurité. Aucun cas ne sera par exemple diagnostiqué dans un hôpital périphérique". Pour l'heure, le Directeur du Samu est rassurant : "nous avons déjà traité de nombreux cas et nous déployons progressivement le dispositif en fonction des besoins. L'information circule très bien et très vite et nous sommes à l'écoute pour répondre à la situation du mieux que nous pouvons."

Rappelons que 13 cas suspects ont été pour le moment identifiés en France selon le dernier bilan de l'InVS. Tous ces cas ont cependant été infirmés. Il n'y a actuellement aucun malade d'Ebola en France. Mais alors que la crainte d'Ebola devient de plus en plus présente et qu'arrive la grippe, on espère que le Samu aura les capacités de répondre à chaque patient qui présentera une poussée de fièvre...   

En vidéo : exercice Ebola à l'hôpital Necker par aphp-officiel