Une protéine intestinale en cause dans l'anorexie ou la boulimie ?
Des chercheurs de l'Inserm ont identifié une protéine "sosie" de l'hormone de la satiété. Elle pourrait être impliquée dans l'apparition des troubles du comportement alimentaire.
Les troubles du comportement alimentaire ne seraient pas uniquement dus à des troubles psychiques, mais s'expliqueraient par l'implication d'une protéine bactérienne située dans l'intestin, selon une étude de l'Inserm dévoilée mardi 7 octobre. C'est l'équipe de Sergueï Fetissov au sein de l'unité de recherche Inserm "Nutrition, inflammation et dysfonction de l'axe intestin-cerveau" qui a travaillé sur les relations qui existent entre l'intestin et le cerveau. Ses recherches ont permis d'identifier une protéine produite par certaines bactéries intestinales et semblable à l'hormone de satiété, la mélanotropine. Leur hypothèse est la suivante : en présence de la protéine, le corps réagit en produisant des anticorps dirigés contre celle-ci. Mais problème : les anticorps se lient aussi contre l'hormone de la satiété, modifiant ainsi l'effet satiétogène de l'hormone. Résultat, la sensation de satiété est atteinte plus vite (en cas d'anorexie) ou n'est plus atteinte (dans le cas de la boulimie). La conclusion est donc que les troubles du comportement alimentaire ne seraient pas uniquement psychiatriques, mais que tout notre organisme serait concerné par ces bouleversements de la prise alimentaire.
Actuellement, les chercheurs travaillent sur la mise en place d'un test sanguin permettant de détecter cette protéine (ClpB). "Si nous y arrivons, il permettrait la mise en place de thérapies spécifiques et individualisées des troubles du comportement alimentaire", soulignent les auteurs de cette étude.
Les troubles du comportement alimentaire touchent environ 15 à 20 % de la population française. Ses mécanismes biologiques sont encore mal connus. Ce que l'on sait, c'est que plusieurs facteurs s'associent, génétiques et bien sûr environnementaux (psychologiques, familiaux et socioculturels).
Lire aussi
En vidéo : les précisions de Pierre Déchelotte (Inserm)