Après un cancer, la vie Travail : reprendre en douceur
Le traitement est terminé, il semble donc logique de retourner travailler. Ce n'est pas toujours si simple. "Nous sommes confrontés à des situations très diverses, commente le Dr May-Levin. Pour certains patients, le retour se passe très bien, pour d'autres, c'est la catastrophe."
"Le licenciement abusif arrive dans 40% à 60% des cas."
Premier problème rencontré : le licenciement abusif. "Je dirais que cela arrive dans 40% à 60% des cas, regrette Françoise May-Levin. Bien sûr, l'employeur trouvera un motif autre que la maladie, qui ne peut pas être une cause de licenciement. Il dira par exemple que l'employé ne parvient plus à assumer ses responsabilités." Un recours ? Difficile. L'employé peut porter plainte aux prud'hommes mais il n'est pas sûr qu'il soit entendu. Tout dépendra du motif de licenciement.
Second problème : même si l'employeur ne licencie pas, il peut avoir confié les responsabilités de la personne malade à quelqu'un d'autre en son absence. Comment les récupérer ensuite ? C'est loin d'être évident, d'autant qu'il se peut qu'on teste l'employé qui revient pendant plusieurs semaines, pour voir s'il tient le choc.
Troisième problème : c'est justement la perte de confiance de la part des collègues et des supérieurs. La maladie, en particulier le cancer, fait peur, surtout si l'on revient avec une apparence physique modifiée. Les collègues peuvent d'ailleurs être maladroits et ne pas savoir comment se comporter, au risque d'isoler celui qui revient.
Pour vivre le mieux possible ce retour dans le milieu du travail, le Dr May-Levin donne quelques conseils :
"Avant toute chose, je dirais aux employeurs d'être compréhensifs. Ils doivent être capables de considérer que la personne qui s'est absentée plusieurs mois pour maladie a énormément souffert. Ce n'est pas la peine d'en rajouter." En outre, il faut faire confiance, c'est la seule façon de réinstaurer des relations de travail normales.
"Aux malades, je conseillerais de garder le plus possible contact avec le milieu du travail."
"Aux malades, je conseillerais de garder le plus possible contact avec le milieu du travail. Appelez vos collègues, passez au bureau à l'occasion, bref, montrez que vous vous y intéressez toujours et qu'il n'y a pas rupture du lien. Ainsi, la reprise du travail se fera dans une certaine continuité." Certaines personnes parviennent à continuer à travailler pendant leur traitement, "c'est quelque chose que je recommande lorsque c'est possible", comment Françoise May-Levin.
Pour les personnes qui ne se sentiraient pas capables de reprendre une activité à temps plein, l'option du mi-temps thérapeutique peut être très intéressante : elle permet de reprendre en douceur, en commençant par une activité à temps partiel. Le temps de travail est payé par l'employeur et la sécurité sociale compense la perte de salaire en versant des indemnités journalières.