Ablation de la prostate : conséquences, risques, indications ?

Ablation de la prostate : conséquences, risques, indications ?

L'ablation de la prostate, ou prostatectomie, consiste à retirer la prostate. Dans quels cas cette intervention chirurgicale est-elle indiquée ? Quels sont ses effets secondaires ? Le Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue à la clinique Turin à Paris, nous éclaire à ce sujet. 

Qu'est-ce qu'une prostatectomie ?

Également appelée prostatectomie, l'ablation de la prostate est une opération chirurgicale consistant à enlever la prostate d'un patient ainsi que les vésicules séminales et les ampoules déférentielles. L'ablation de la prostate est pratiquée en cas de cancer de la prostate avancé. Cet acte chirurgical fait partie des thérapeutiques proposées aux patients atteints tout comme la curiethérapie ou la radiothérapie. L'opération est effectuée par un urologue selon l'une des techniques suivantes : par voie ouverte rétro pubienne (de plus en plus rare), par voie coelioscopique le plus souvent assisté par le robot (technique plébiscitée) ou par voie périnéale (technique abandonnée de nos jours). L'analyse de la prostate permettra aux spécialistes de déterminer l'étendue éventuelle de la tumeur.

Indications d'une ablation de la prostate

"Aujourd'hui, il n'y a qu'une seule indication pour la prostatectomie : le cancer de la prostate à risque d'évolutivité. On a suffisamment de recul, de données et d'outils (notamment I.R.M. de la prostate) qui permettent de poser un diagnostic de manière précise et d'évaluer le risque de cancer évolutif. Il peut évoluer localement par envahissement du rectum ou le plus souvent par des métastases. Or le cancer métastatique ne pouvant pas être guéri, on doit tenir compte du risque d'évolutivité métastatique ", prévient le Dr Vincent Hupertan. De plus en plus de cancers nécessitent une simple surveillance dite surveillance active reposant sur la mesure du taux de PSA, un examen de la prostate, des I.R.M voire des biopsies régulières, si possible en fusion d'images. Lorsque le cancer est qualifié d'évolutif et que la zone a une espérance de vie de plus de dix ans, on va proposer la prostatectomie. 

Technique : comment se déroule une ablation de la prostate ? 

"La technique a beaucoup évolué ces dernières années. Les nerfs de l'érection, appelés bandelettes vasculo-nerveuses, sont collés à la prostate, à l'endroit où il peut y avoir du cancer. Cela nécessite donc une chirurgie extrêmement minutieuse pour les préserver au maximum, explique le chirurgien urologue. Si cela ne joue en rien au niveau de l'orgasme, cela influe en revanche sur le mécanisme de l'érection, et risque d'entraîner des troubles de celle-ci. Bien évidemment, il n'y a plus d'éjaculation possible. Parfois on constate des petite fuites d'urine lors de l'orgasme, appelées climacturie. À l'heure actuelle, la technique privilégiée est la chirurgie robot-assistée qui permet une meilleure récupération érectile ainsi que de la continence urinaire après prostatectomie ". 

"Après la prostatectomie, il n'y a plus d'éjaculation parce qu'il n'y a plus la prostate"

Conséquences

Après la prostatectomie, des troubles érectiles peuvent apparaître. L'incontinence urinaire peut, elle aussi, survenir mais elle est devenue presque anecdotique. Le plus souvent, elle disparaît avec de la rééducation. 

Taux de PSA après une ablation de la prostate

Avec la prostatectomie, le taux de PSA devient extrêmement bas, on dit qu'il est indétectable, et ne doit plus bouger. 

Effets secondaires et risques

Les effets secondaires principaux de la prostatectomie sont l'incontinence urinaire et la dysfonction érectile. "Après la prostatectomie, il n'y a plus d'éjaculation parce qu'il n'y a plus la prostate et les vésicules séminales qui constituent les principaux endroits où l'on fabrique le liquide séminal. L'orgasme est donc sec. Le deuxième risque est celui de l'incontinence que l'on arrive très bien à maîtriser", ajoute le Dr Vincent Hupertan. 

Convalescence

L'intervention peut être réalisée en chirurgie ambulatoire, notamment grâce au robot et à la technique de pointe. "Une rééducation érectile précoce est aussi nécessaire parce que les nerfs de l'érection peuvent récupérer mais cela peut prendre du temps (12 à 24 mois). On peut récupérer un semblant de vie normale mais ce ne sera jamais comme avant ", nuance le chirurgien urologue. 

Merci au Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue à la clinique Turin (groupe " Urologie Paris Opera ") à Paris.

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