Se baigner dans un lac, dangereux ?
"Les personnes qui se baignent dans une eau naturelle s'exposent à différents types de risques."
Lors de vacances à la montagne, à la campagne ou pour se rafraîchir en balade, on peut être amené à se baigner dans un plan d'eau. En France, la baignade en milieu naturel c'est-à-dire dans un étang, un lac ou une rivière est possible mais il faut savoir que toute personne qui s'y baigne peut être exposée à des risques, souvent sans le savoir.
"Les personnes qui se baignent dans une eau naturelle peuvent s'exposer à différents types de risques" nous explique Jean-François Humbert, directeur de recherche INRAE (Institut national de la recherche agronomique). "Tout d'abord, dans les zones naturelles qui ne font pas l'objet d'une surveillance réglementaire, le principal risque concerne la noyade. 23% des noyades accidentelles ont lieux en cours d'eau ou plans d'eau selon Santé publique France." Les baigneurs s'exposent également à des risques sanitaires. Dans les eaux douces, les risques les plus fréquents sont :
► Les contaminations fécales, c'est-à-dire la contamination des eaux par des bactéries issues du tube digestif des mammifères. Sont concernées la bactérie Escherichia coli et les bactéries entérocoques. Si ces bactéries ne sont pas visibles à l'œil nu, "leur présence dans les lacs peut augmenter à la suite d'un orage par exemple, lorsque l'eau devient trouble".
► Les cyanobactéries qui sont des micro-organismes qui se développent dans certains lacs en été. "On peut les reconnaitre assez facilement car ces proliférations donnent une coloration très verte à l'eau et forment fréquemment des accumulations de cellules en surface sous forme de trainées vertes presque fluorescentes", indique Jean-François Humbert. Les cyanobactéries fabriquent diverses toxines qui peuvent avoir pour cible le foie et le système nerveux. "Ces neurotoxines sont responsables chaque année de mortalité de chiens sur le territoire, à la suite d'une baignade en rivières ou en lacs" ajoute l'expert. Chez l'Homme, les bactéries fécales et les cyanobactéries provoquent le plus souvent des gastro-entérites et des irritations de la peau qui ne sont pas mortelles mais qui peuvent gâcher une partie des vacances.
D'autres risques moins fréquents existent comme la leptospirose (une bactérie transmise par les rongeurs) qui peut être très grave, et la dermatite des baigneurs dûe à un parasite des canards et qui provoque de fortes démangeaisons. Enfin, le risque lié à la présence d'amibes qui ne concerne que les eaux chaudes (températures entre 27 et 45 °C) et a été responsable d'une encéphalite mortelle chez un enfant en Guadeloupe en 2008. Ce cas extraordinaire, le premier en France, a été provoqué par l'inhalation de l'amibe Naegleria fowleri via la muqueuse nasale.
Se baigner en toute sécurité
"Pour se baigner sans danger dans un lac ou une rivière, il faut privilégier les zones de baignades surveillées pour lesquelles a été établi un profil de baignade", explique notre expert. Ces profils de baignade permettent d'identifier les risques d'une zone de baignade et de définir leur règle de surveillance. Un affichage clair informe les baigneurs de la qualité de l'eau. La zone de baignade est délimitée à l'aide de bouées. Si la zone de baignade est ouverte, cela signifie qu'il n'y a pas de risque sanitaire. "Toutes les baignades devraient avoir lieu dans ce cadre surveillé, mais on sait très bien qu'en eau douce, il y a des baignades en dehors de ces zones." Si la zone n'est pas surveillée par des maîtres nageurs et balisée par des installations, la qualité de l'eau n'est pas garantie. La prudence s'impose.
Pour information, on peut connaitre en temps réel la qualité des eaux de baignade grâce au site gouvernemental baignades.santé.gouv.fr. En France, l'eau des sites de baignade est contrôlée au minimum une fois par mois par les services de l'Etat. Il suffit de rentrer son département pour trouver son site de baignade et le résultat d'analyse associé : eau "d'excellente qualité", de "bonne qualité", de "qualité suffisante", de "qualité insuffisante", "site n'ayant pas suffisamment de prélèvements cette saison pour être classé", "site non classé" et "site connaissant une interdiction temporaire de baignades".
Certains gestes limitent aussi les risques de contamination quand on se baigne dans des eaux naturelles : éviter de boire la tasse, de mettre la tête sous l'eau et se doucher tout de suite après la baignade. Les enfants doivent faire l'objet d'une attention particulière. Ils sont plus susceptibles d'être exposés aux risques liés à la présence de bactéries car ils ingèrent des quantités d'eau beaucoup plus importantes que les adultes, proportionnellement à leur poids corporel.
Merci à Jean-François Humbert, directeur de recherche INRAE.