Érection douloureuse : causes, que faire ?

Vecteur de plaisir, l'érection ne devrait jamais être douloureuse. Si c'est le cas, une consultation médicale s'impose. Quelles sont les causes d'une érection douloureuse ? Les signes qui doivent alerter ? Comment la traiter ? État des lieux avec le Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue.

Érection douloureuse : causes, que faire ?
© Georgy Kopytin

Définition : qu'est-ce qu'une érection ?

D'un point de vue physiologique, l'érection correspond au remplissage des corps caverneux avec du sang. Puis, c'est grâce à l'albuginée, c'est-à-dire à la membrane qui entoure les corps caverneux, grâce à sa rigidité, et à ses propriétés physico-physiques, que le pénis durcit. "C'est un système assez complexe comprenant à la fois un afflux sanguin par les artères caverneuses et un système veineux avec le sang qui va s'accumuler à l'intérieur, ainsi que cette pression qui va créer la rigidité et l'érection", commente le Dr Vincent Hupertan. 

Quels sont les symptômes d'une érection douloureuse ?

L'érection douloureuse n'est pas une maladie en soi mais un symptôme. Comme son nom l'indique, elle se manifeste par une douleur lorsque le pénis est en érection

Quelles sont les causes ? 

Les causes mécaniques, indépendantes de la pénétration : 

  • La maladie de Lapeyronie : l'érection douloureuse correspond à une inflammation de l'albuginée, c'est-à-dire à la phase inflammatoire de la maladie de Lapeyronie, qui se caractérise par une cicatrice inflammatoire de l'albuginée. "Elle n'entraîne aucune douleur au repos mais à l'érection, la pression du sang va créer des douleurs localisées au niveau de cette plaque inflammatoire. On estime que la maladie de Lapeyronie représente 2/3 des douleurs en érection. C'est à peu près la seule qui survient en érection en dehors d'un rapport sexuel", précise le chirurgien urologue. 
  • Le priapisme : il s'agit d'une érection qui dure plus de 4 heures, en l'absence de stimulation sexuelle. 

Les causes traumatiques, dues à la pénétration : 

  • Une fracture des corps caverneux, c'est-à-dire des parties du pénis qui se gorgent de sang pendant l'érection. "La fracture résulte du faux pas du coït, quand le pénis va butter contre un élément osseux. Ça fait un craquement et peut provoquer une douleur", indique le spécialiste. 
  • Une balanoposthite (balanite) : il s'agit d'une inflammation du gland et du prépuce. Le frottement et l'inflammation sont douloureux.  
  • Une rupture du frein du pénis, c'est-à-dire de la languette de peau qui retient le prépuce. C'est très douloureux aussi. 
  • La cicatrisation en post-opératoire peut engendrer des douleurs au niveau du gland, du prépuce et du frein. 
  • Le phimosis idiopathique : à l'âge adulte, le prépuce est resté très étroit. "Ça engendre une douleur par étranglement parce que ça va se serrer autour du gland", détaille le Dr Vincent Hupertan. 
  • Le phimosis secondaire : lié à un lichen scléreux-atrophique, le phimosis secondaire correspond à une maladie inflammatoire du prépuce. C'est la perte d'élasticité du prépuce qui va entraîner des petites fissures douloureuses à l'extrémité du prépuce. 
  • Les douleurs sans explication manifeste : "des causes psychogènes, un gland hypersensible…C'est une situation assez complexe puisqu'en l'absence d'un diagnostic évident, on n'a pas vraiment de solutions adaptées à proposer", regrette le chirurgien urologue. 

Quand faut-il consulter et qui ?

La douleur est un signal d'alerte. Quelle que soit sa localisation, elle indique une anomalie au niveau de l'organe où elle est ressentie donc il faut consulter. 

Quels sont les traitements en cas d'érection douloureuse ?

Le traitement de l'érection douloureuse va dépendre de sa cause : 

  • Une maladie de Lapeyronie : le choix du traitement va dépendre de l'évolution de la maladie. "Dans des cas exceptionnels, la maladie guérit spontanément. Une prise en charge spécialisée est recommandée pour limiter les conséquences désastreuses sur le plan psychologique", note le spécialiste.
  • Une rupture du frein : la première chose à faire est de compresser le gland pour stopper l'hémorragie. Le traitement est chirurgical. Il repose sur une plastie du frein, qui consiste à allonger le frein pour éviter une nouvelle déchirure. 
  • Une balanoposthite : outre une bonne hygiène du prépuce et du gland, le traitement va dépendre de sa cause. Ainsi, des antibiotiques seront employés pour traiter une infection bactérienne, des antifongiques pour une mycose. 
  • Un lichen scléreux-atrophique : le traitement repose sur l'application d'une crème à base de cortisone. 

"De manière générale, la douleur est un signal donné au cerveau qui indique qu'il y a une anomalie quelque part. Il faut donc demander un avis urologique ou andrologique rapidement", prévient le Dr Vincent Hupertan.

Merci au Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue sexologue, blog www.uroblog.net et auteur de L'ENCYCLO PENIS aux éditions Leduc.S.

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