Dysfonction ou panne d'érection : que faire en cas d'impuissance ?
Près d'un homme sur trois connaît des problèmes d'érection après 40 ans et un sur deux après 60 ans. Quelles sont les causes les plus fréquentes des pannes ? Que faire pour retrouver une érection satisfaisante ? Médicaments, injections, pompes, implant... Tout savoir en cas de troubles érectiles.
Définition : qu'est-ce que la dysfonction érectile ?
La dénomination "dysfonction érectile" a remplacé depuis quelques années celle d'impuissance, jugée aujourd'hui par la majorité des médecins et des hommes concernés comme trop négative et violente. "Le terme de dysfonction érectile, ou DE, est moins pénalisant psychologiquement pour l'homme que celui d'impuissance, qui va le pousser à se sentir impuissant dans sa vie en général", précise le praticien.
La dysfonction érectile ou trouble de l'érection correspond à une difficulté, voire une impossibilité totale, d'avoir ou de maintenir une érection suffisante permettant d'obtenir des rapports sexuels satisfaisants et de pénétrer durablement sa partenaire. "C'est quand l'érection ne vient pas, ou ne tient pas. Dans les deux cas, le rapport ne peut avoir lieu. Et l'homme rentre dans une spirale qui engendre un climat délétère", explique Sylvain Mimoun.
En chiffres
15% des hommes qui sont atteints d'hypertension artérielle présentent des problèmes de dysfonction érectile. Et seuls 25% des hommes qui sont concernés consultent un médecin. En outre, 20% des troubles de l'érection sont d'origine psychologique et 80% sont provoqués par une anomalie médicale. Un faible pourcentage d'hommes souffrant de DE est pris en charge correctement : la grande majorité d'entre eux ne consultent pas car ils ont honte mais également car ils ne savent pas qu'il existe des traitements efficaces ou, pour les hommes plus âgés, qu'ils pensent que l'apparition de cette gêne est normale et définitive.
Causes : psychologiques, mécaniques, hormonales...
Les problèmes circulatoires constituent l'une des causes les plus fréquentes de troubles de l'érection.
•L'âge : la première cause de dysfonction érectile est tout simplement un événement inéluctable : le vieillissement. "Avec l'âge, les tissus perdent en termes de contractibilité, explique le Dr Yves Ferroul, médecin sexologue. Ils vont se détendre moins facilement et les vaisseaux vont donc avoir plus de difficulté à se gonfler pour laisser affluer le sang dans la verge." L'âge d'apparition de ces troubles est évidemment très personnel, mais on constate qu'en moyenne, la cinquantaine constitue un tournant important.
•Les problèmes circulatoires constituent l'une des causes les plus fréquentes de DE. "Ce qui arrive en tête, c'est le diabète : il va entraîner une mauvaise circulation du sang, en particulier dans l'organe sexuel", détaille Sylvain Mimoun. L'hypertension artérielle et l'insuffisance rénale peuvent aussi entraîner un mauvais fonctionnement de la circulation sanguine générale. Et d'ajouter : "les traitements anti-hypertenseurs peuvent aussi réduire la qualité de l'érection".
•Un excès de cholestérol : Lorsqu'il est présent en trop grande quantité, le mauvais cholestérol va finir par s'accumuler et former des dépôts, les plaques d'athérome, sur les parois des vaisseaux. Leur diamètre est rétréci : le sang circule moins bien. Ainsi, l'excès de cholestérol peut provoquer des troubles de l'érection. "Ces troubles peuvent être un symptôme qui doit conduire à consulter avant que le cholestérol ne dégrade l'ensemble de l'organisme", souligne le Dr Ferroul.
• Des problèmes hormonaux peuvent être à l'origine de dysfonctions érectiles. "Si l'hormone testostérone est présente en quantité insuffisante, cela peut engendrer des problèmes d'érection, notamment au moment de l'andropause", explique le praticien.
• Un blocage psychologique : "Plus l'homme est dans la quête de performance, plus il s'oublie en tant qu'individu, et cela peut rendre l'érection difficile ou impossible", reprend le sexologue. Le stress joue ici un rôle inhibiteur puissant. C'est l'archétype même du cercle vicieux : ça n'a pas fonctionné la dernière fois, donc on approche la fois suivante avec appréhension et donc, fatalement, cela ne marche pas non plus, ce qui renforce l'impression d'échec. La seule solution consiste alors à travailler sur soi pour rompre ce cercle.
Par ailleurs, le tabagisme influence lui aussi la qualité des érections, de même que certaines pathologies dégénératives telles que la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson
• Une opération de la prostate : Elle consiste à retirer la tumeur, voire l'ensemble de la glande. Or, les nerfs érecteurs qui sont collés aux parois de la prostate. Il est donc souvent difficile de procéder à l'ablation sans toucher ces nerfs. S'ils sont détruits, l'érection naturelle n'est plus possible. Il y a encore quelques années, lorsqu'il y avait chirurgie pour traiter un cancer de la prostate, l'impuissance était presque toujours une conséquence inéluctable. Heureusement, les choses ont changé. "Aujourd'hui, un pourcentage important des personnes opérées récupèrent, précise le Dr Ferroul. D'abord, parce que la chirurgie est de plus en plus précise. On tente au maximum de conserver au moins un nerf érecteur. Par ailleurs, des traitements quotidiens ont été mis en place, qui changent beaucoup la donne."
Symptômes
Une dysfonction érectile peut être minime, épisodique ou persister plusieurs mois, voire des années si elle n'est pas traitée. Elle peut se manifester par une impossibilité d'obtenir une érection, une impossibilité de pénétrer la partenaire, une difficulté à maintenir une érection rigide et stable au cours des rapports sexuels avec, pour certains hommes ou encore une interruption rapide de l'érection après avoir pénétré sa partenaire, sans réussir à éjaculer. "En général quand un homme a une dysfonction érectile, il va avoir des pannes sexuelles, et celles-ci vont devenir de plus en plus répétitives", précise Sylvain Mimoun.
Qui consulter ?
Comme nombre de maladies, plus on consulte tôt, plus la dysfonction érectile a des chances de se soigner facilement. "Dans un premier temps, l'idéal est de contacter le médecin traitant, explique le Dr Ferroul. Il est le plus à même d'avoir une vue d'ensemble de l'état de santé du patient. Il connait son dossier. Le sexologue est plutôt consulté dans un second temps, lorsque le problème strictement médical est résolu, mais que des problèmes persistent. Le redémarrage peut être difficile, psychologiquement notamment, et c'est là qu'il a un rôle à jouer."
Diagnostic
Le HES est un outil permettant de mesurer la rigidité et la qualité d'une érection. Il permet également d'évaluer l'efficacité du traitement médicamenteux. Le score est ensuite évalué sur une échelle de 1 à 4 :
- 1 : Absence d'érection ;
- 2 : Le pénis est suffisamment rigide mais ne permet pas la pénétration ;
- 3 : Le pénis est rigide et permet d'obtenir une pénétration de qualité moyenne ;
- 4 : La rigidité du pénis est complète, signifiant l'absence de dysfonction érectile.
Traitements : médicaments, Viagra, injections, chirurgie...
• Médicaments
Il est indispensable de traiter au préalable la cause médicale (hypertension artérielle, diabète par exemple...). Il existe des médicaments inducteurs d'érection tels que le Viagra®, le Cialis® ou le Levitra®. "Ils vont agir comme une béquille qui permettra au patient de refonctionner correctement. Et c'est la répétition de ce fonctionnement qui permet de sortir du problème. Mais pour ça il faut le prendre systématiquement, du moins au début. Car chaque réussite redonnera confiance et la mémoire du corps va intégrer ce changement", explique Sylvain Mimoun.
"Le patient peut "s'entraîner" à provoquer ses érections, si elles viennent moins naturellement. Ainsi, il maintient un bon fonctionnement des tissus, qui gardent leur souplesse et se détendent plus facilement que s'ils sont peu sollicités." Dr Yves Ferroul, médecin sexologue.
• Des injections dans le pénis
Si les comprimés se révèlent inefficaces ou présentent trop d'effets secondaires, on pourra effectuer des injections intra-caverneuses. "La verge est comme une éponge, et si cette éponge est sèche, le sang ne circule pas. La piqûre permet de l'assouplir et de rétablir une bonne circulation du sang", détaille le sexologue. L'avantage de cette méthode est la diminution des effets secondaires. "Le seul risque avec les injections est éventuellement le priapisme (érection prolongée)", ajoute-t-il. Les injections sont d'abord pratiquées par le médecin qui pourra, si elles fonctionnent, apprendre au patient à les effectuer par lui même, notamment grâce à des auto-injecteurs.
Des injections dans l'urètre
Autre méthode, plus rarement utilisée : une injection intra-urétrale. "On utilise une crème qui passe par la muqueuse de l'urètre, pour obtenir le même effet que les injections intra-caverneuses", précise Sylvain Mimoun. En dernier recours, si toutes les possibilités thérapeutiques s'avèrent inefficaces, la chirurgie peut-être envisagée, avec un implant gonflable.
• La pompe à pénis
La pompe pénienne ou "vacuum" 'est un dispositif médical mécanique, non chirurgical, qui permet l'obtention d'une érection sans nécessiter d'un traitement médicamenteux ou chirurgical.
• L'implant pénien
L'implant pénien, ou prothèse pénienne, est un dispositif médical qui est placé dans le pénis lors d'une intervention chirurgicale.
Merci au Dr Sylvain Mimoun, andrologue, gynécologue et sexologue. Auteur des ouvrages : L'égoïsme partagé : Le secret des couples heureux et Restons fermes, aux éditions Eyrolles. Merci également au Dr Yves Ferroul, médecin sexologue.