Peur de parler en public : comment débloquer la parole ?
Palpitations, sueurs, tremblements... La peur de s'exprimer devant une assemblée ou de parler en public concernerait près de 70% des personnes.
En moyenne, près de 7 personnes sur 10 auraient peur de parler en public (sondage Kantar 2023). "C'est ce qu'on appelle communément le trac. explique Cécile Cerobski, psychosociologue. La peur de parler en public se manifeste aussi bien devant un public de 30 personnes que devant une seule personne, connue ou inconnue. En présentiel comme en distanciel. La personne a peur d'être en représentation, d'être jugée négativement par les autres. Son cerveau associe cette situation à un danger et, par réflexe, va se protéger en créant une peur intense et irrationnelle".
Quel est le nom de cette peur ?
Lorsque la peur de parler en public devient handicapante et invalidante, on parle de "glossophobie", une forme d'anxiété sociale sévère, de timidité exacerbée. Le mot vient du grec ancien γλῶσσα / glôssa, qui signifie "langue", et de φόβος / phóbos, "peur".
Quels sont les symptômes associés à la peur de parler en public ?
"Des symptômes apparaissent avant et pendant des discours, présentations, discussions en groupe ou tout autre situation où la personne doit parler devant un auditoire", poursuit la psychosociologue. Les réactions de la glossophobie peuvent varier d'une personne à l'autre, mais ils incluent souvent des réactions physiques comme :
- Des palpitations
- Des sueurs
- Des tremblements
- Des rougeurs
- Des nausées
- Une grande anxiété
- Des difficultés à dormir la veille d'une présentation ou d'un discours (anxiété anticipatoire)
"La première réaction est donc souvent un désir d'évitement des situations où il faut parler en public, ce qui peut entraîner un retrait social ou professionnel", précise notre interlocutrice.
D'où peut venir la peur de parler en public ?
La glossophobie, ou la peur de parler en public, peut avoir des causes variées, influencées par des facteurs individuels, des expériences de vie et des prédispositions personnelles. "Elle peut être liée à des expériences passées traumatiques telles qu'un discours qui a mal tourné, une moquerie en public, ou une situation de rejet. Elle peut également être la conséquence d'une situation présente difficile, comme dans le cas d'une dépression ou d'un burn-out. La personne va perdre confiance en elle, en ses propres compétences en communication et ressentir de l'anxiété", détaille l'experte. Par ailleurs, il existe des preuves dans le fait que la prédisposition génétique peut jouer un rôle dans la susceptibilité à l'anxiété sociale et, par extension, à la glossophobie. Autrement dit, "si des membres de la famille ont été touchés par des problèmes d'anxiété, il peut y avoir une composante génétique".
Qu'est-ce qu'on peut faire ? Les solutions concrètes
La glossophobie peut avoir un impact significatif sur la vie professionnelle, éducative et personnelle d'une personne, car elle peut entraver sa capacité à communiquer efficacement. Heureusement, il existe des stratégies et des techniques pour les aider à surmonter leur peur et améliorer leurs compétences en matière de prise de parole en public.
► Comprendre la cause avec une TCC. Il est important de trouver l'origine de cette peur, insiste la thérapeute. Pour cela on a souvent recours à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). C'est l'une des approches thérapeutiques les plus efficaces pour traiter la glossophobie. Le thérapeute formé en TCC travaillera pour identifier et changer les pensées négatives, les croyances irrationnelles et les schémas de pensée qui contribuent à l'anxiété liée à la prise de parole en public.
► S'aider avec des exercices de respiration et de cohérence cardiaque. On peut également avoir recours à l'EMDR (si la glossophobie est liée à un trauma), à l'EFT (pour libérer les blocages émotionnels) ou la digipuncture. Les techniques de respiration profonde comme la sophrologie ou la cohérence cardiaque sont également efficaces.
► Travailler son éloquence. "Cela peut passer par des cours de théâtre ou des séances de travail avec un psychologue ou un coach. La pratique régulière et la familiarisation avec les techniques de prise de parole en public peuvent réduire l'anxiété". Dans certains cas, des formations peuvent être financées par des organismes de formation ou par Pole Emploi.
► Dans certains cas, un médecin peut prescrire des médicaments, "tels que des anxiolytiques, pour aider à réduire l'anxiété en cas de glossophobie. Cependant, cela est généralement réservé aux cas les plus graves et ne devrait pas être la première option".
► Bien préparer son intervention. "Pour se décharger d'un stress avant toute intervention en public, il est important de bien préparer son sujet, de vérifier son matériel ou de préparer une tenue confortable. La visualisation positive de votre discours ou de votre présentation et la répétition mentale peuvent également renforcer votre confiance en vous et réduire l'anxiété", conclut notre psychosociologue.
Merci à Cécile Cerobski, psychosociologue et consultante/intervenante chez Qualisocial, cabinet spécialisé dans la santé mentale et le bien-être au travail.