Syndrome de Raiponce : cette habitude avec vos cheveux est peut-être pathologique
Derrière une habitude peut parfois se cacher une maladie à traiter pour aller mieux. En référence à l'héroïne du conte des frères Grimm à la très longue chevelure, le syndrome de Raiponce fait partie des pathologies à repérer.
Le syndrome de Raiponce (ou syndrome de Rapunzel), dont le nom fait référence à l'héroïne du conte des frères Grimm (écrit en 1812) à la très longue chevelure, est un trouble très rare. Selon une étude de 2009 publiée sur le United States National Library of Medecine, on estime à moins de 40 le nombre de cas recensés dans le monde. Le premier cas aurait été rapporté par Vaughan et al en 1968. Si ce syndrome a été décrit dans la littérature scientifique, pour l'heure, il s'agit d'un terme informel, non répertorié dans le DSM-5.
Qu'est-ce que le syndrome de Raiponce ?
Le syndrome de Raiponce est un trouble rare qui se manifeste par de la trichophagie, c'est-à-dire l'ingestion compulsive de ses propres cheveux, associé à la trichotillomanie, un trouble caractérisé par l'arrachage de ses propres cheveux et poils. "Les personnes s'arrachent leurs propres cheveux pour les manger. Ils ingèrent le bulbe, la racine ou le cheveu entier", décrit Christine De Bouvère, hypnothérapeute. Dans ces cas, l'ingestion des cheveux peut former des trichobézoards, de longues masses de poils enroulés sur eux-mêmes ressemblant parfois à une queue de cheval. Les trichobézoards - identifiés après des examens d'imagerie - doivent notamment être retirés par voie chirurgicale. D'après une étude publiée sur le United States National Library of Medecine, en 2010, ce nom fait référence au personnage éponyme du conte de fées des Frères Grimm, connu pour sa longue chevelure, en raison de la quantité de poils retrouvés dans l'estomac et les intestins.
Quelles sont les causes du syndrome de Raiponce ?
Le syndrome de Raiponce est causé des facteurs psychologiques. "Il fait partie des troubles obsessionnels compulsifs ou TOC dont les causes peuvent être liées à des problèmes de stress, d'anxiété et de dépression", explique l'hypnothérapeute. Il peut apparaître pour focaliser l'attention. "Cette réaction permet de se rassurer face à des situations d'angoisse", explique la spécialiste.
Quels sont les symptômes du syndrome de Raiponce ?
Ce syndrome se manifeste par un arrachage et d'ingestion compulsif des cheveux et la formation des trichobézoards dans les intestins et dans l'estomac. Cela entraîne une absence de cheveux sur certaines zones du cuir chevelu, une alopécie associée à la trichotillomanie. Les trichobézoards, non pris en charge, peuvent provoquer "une sensation prématurée de satiété, des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales", comme le rapporte le Manuel MSD. Parmi les complications, on retrouve aussi :
- Une perte de poids
- L'obstruction de l'estomac, de l'intestin ou d'autres parties du tube digestif
- L'anémie
- Des carences
- Un risque de péritonite (inflammation de la paroi abdominale)
- Un risque d'ulcère
- Des saignements digestifs
- Des hémorragies...
Y a-t-il un traitement pour soigner le syndrome de Raiponce ?
L'hypnose serait adaptée. "Je propose de prescrire des tâches afin de ressentir les sensations avant de se tirer les cheveux et être conscient du comportement à modifier, puis de l'hypnose conversationnelle afin que la personne soit consciente de l'émotion qui mène au comportement et lui apprendre à modifier cette émotion. Je propose ensuite de consolider le changement de comportement par des séances d'hypnose ericksonienne", explique-t-elle à propos de son approche.
Une thérapie cognitive et comportementale (TTC) est aussi à envisager pour soulager les symptômes. "L'outil le plus utilisé (pour la trichotillomanie) est la technique de renversement des habitudes. La personne apprend à devenir consciente de ses actes, à identifier les situations qui déclenchent le comporter et à utiliser des stratégie qui lui permettent d'arrêter de s'arracher les cheveux, par exemple, en remplaçant l'arrachage par un geste différent tels que tricoter ou s'assoir sur ses mains", préconise le Manuel MSD.