Peur des serpents : nom, signification, solutions
La vue d'un serpent vous fait tourner de l'œil ? Comme de nombreuses personnes, vous êtes peut-être atteint d'ophiophobie. Comment cette crainte se manifeste-t-elle et comment la traiter ?
Quel est le nom de la peur des serpents ?
Il est nécessaire de distinguer la peur des serpents de la phobie des serpents. Pour Valérie Sengler la peur des serpents est naturelle et innée. "Les Hommes qui vivaient dans la nature à la Préhistoire, par exemple, avaient déjà peur des serpents puisqu'ils pouvaient mourir s'ils se faisaient piquer. Cette peur est normale. Elle nous protège du danger. Certaines études montrent même que l'Homme a une peur instinctive du serpent. Elle est acquise par l'expérience du groupe et se transmet pour assurer la survie de l'espèce", détaille la psychanalyste. L'ophiophobie, dont l'étymologie vient des mots grecs anciens ''ophis''(serpent) et ''phobia'' (peur), désigne, quant à elle, la phobie du serpent. "Il s'agit d'une peur excessive et anormale du serpent. Cela se traduit par l'impossibilité de se trouver en présence de l'animal ou même de voir une image le représentant", explique-t-elle.
Signification : pourquoi a-t-on peur des serpents ?
La peur du serpent serait engendrée par la physionomie de l'animal. "Il a un aspect particulier. C'est un animal long à sang froid, avec une langue fourchue. Il rampe, grimpe aux arbres et se déplace sans qu'on l'entende arriver, ce qui amène un sentiment de crainte. Dans certains pays, les gens font même particulièrement attention, car ils peuvent se dissimuler dans les maisons", avance la spécialiste.
Chez les femmes, cette phobie serait liée "à la peur de notre sexualité féminine"
En Occident, cette peur puise aussi ses racines dans la religion judéo-chrétienne. "Dans la Bible, il y a toute une imagerie autour du serpent. Il fait référence au diable. C'est celui qui a fait tomber Ève dans le péché. Il est perçu comme un animal malin, un tentateur qui va nous précipiter dans la faute", poursuit Valérie Sengler avant d'ajouter "La peur est quelque chose d'inné, de construit et d'acquis dans la société. Si on nous avait fait un tel schéma pour les chats, cela pourrait être pareil avec eux". La phobie est quant à elle pathologique. "Elle va servir de point d'ancrage à quelque chose qu'on a vécu et dont on ne se souvient pas. Ce point d'ancrage nous permet de vivre normalement - et va éviter que notre monde s'écroule - puisque l'objet de notre trauma est cristallisé dans la phobie du serpent. Cela n'a pas forcément un rapport avec l'animal", avance la psychanalyste. Chez les femmes, cette phobie serait liée "à la peur de notre sexualité féminine". "Pour Jung, cette peur est liée à la peur du pénis, car le serpent est symbolique du phallus. Je pense plutôt qu'il peut s'agir de femmes qui ont été traumatisées au niveau de leur sexualité. Elles ont peut être été abusées, petites et peuvent être dans l'impossibilité d'avoir une vie sexuelle épanouissante. Elles peuvent avoir des rapports avec les hommes, mais au lieu d'avoir une phobie du pénis, elles vont avoir une phobie du serpent", observe Valérie Sengler. Enfin, une mauvaise expérience peut également être à l'origine d'une phobie des serpents. La psychologue évoque le cas d'une patiente atteinte d'ophiophobie. "Lorsqu'on a regardé au niveau transgénérationnel, on s'est aperçu que son arrière-grand-mère qui vivait à la campagne avait retrouvé une vipère dans son lit au moment de se coucher. Ça a été un drame total et elle a été si choquée que cela s'est raconté. Toutes les femmes de la famille ont été phobiques du serpent, car il y a une histoire traumatique autour de cet animal. Ce n'est pas le serpent en soit, mais l'angoisse démente que cette femme a vécu et qui a été reçue par ses enfants, eux aussi submergés par cette horreur. Ce qu'on transmet, ce sont les émotions".
Par quels symptômes se manifeste la peur des serpents ?
La peur des serpents nous rend prudents. "On fait plus attention que d'autres, par exemple lorsqu'on voyage. On va peut-être éviter d'aller dans des endroits où il y a des serpents. Il y a un balisage pour ne pas en rencontrer", explique la psychanalyste. La phobie engendre, de son côté, des réactions physiques et corporelles graves difficiles à contrôler comme la sensation d'étouffer, des douleurs abdominales, des bouffées de chaleur ou des frissons. "S'ils sont mis en contact avec un serpent, il peut y avoir décompensation", observe Valérie Sengler avant de poursuivre. "Ils peuvent être pris de tremblements, être tétanisés ou s'évanouir. Si la phobie cache quelque chose de très traumatique et que la personne ne reprend pas ses esprits, comme pour toutes les phobies, la personne peut être amenée à être internée, car le choc est trop violent".
Solutions : comment ne plus avoir peur des serpents ?
Différentes solutions sont aujourd'hui proposées telles que la thérapie cognitive et comportementale (TTC) ou l'hypnose. "Pour les phobies, je pense qu'il faut faire attention avec l'hypnose, car on ne sait jamais ce qu'elles cachent. Je m'aperçois, par exemple, que la phobie revient souvent. À travers la phobie, l'inconscient dit quelque chose. On ne va pas donc lui mettre un sparadrap sur la bouche", prévient la spécialiste. Dans sa pratique, elle lui préfère l'EMDR et la psychanalyse transgénérationnelle. "Je pars du corps, en demandant où se situe la phobie. En fonction de ce qui est dit, je vais aller sur une analyse psychanalytique et transgénérationnelle. On se rend souvent compte qu'il y a des choses traumatiques liées à des abus ou à des viols transgénérationnels. Lorsque l'origine de ce trouble est levée, la personne guérit".
Merci à Valérie Sengler, psychanalyste transgénérationnelle et autrice du livre La psy qui guérit.