Philophobie : pourquoi a-t-on peur de s'engager ? Que faire ?

Vous enchaînez les histoires sans lendemain ? Vous sabordez vos relations ? La moindre déclaration d'amour vous fait fuir ? Vous êtes peut être atteint de philophobie, une peur excessive d'aimer et de s'engager. On fait le point avec le Dr Fanny Jacq, psychiatre.

Philophobie : pourquoi a-t-on peur de s'engager ? Que faire ?
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La peur excessive de ressentir de l'amour et de l'attachement dans une relation (amoureuse, amicale et familiale) est appelée philophobie. Elle est souvent liée à un évènement traumatique comme un divorce, un deuil, une rupture douloureuse... Parmi les symptômes, on retrouve l'isolement et/ou le refus de s'engager. Quelles sont les causes de la philophobie ? Comment la diagnostiquer ? Par un test ? Est-ce qu'on peut la soigner ?

Définition : c'est quoi la philophobie ?

Le terme philophobie désigne la phobie de l'amour ("philo" en grec) au sens de peur excessive d'aimer et de s'engager dans une relation (amoureuse, amicale mais également familiale). "La philophobie est une phobie sociale puisqu'elle concerne le rapport à l'autre" précise le Dr Fanny Jacq, médecin psychiatre.

Quelles sont les causes de la philophobie ?

"La philophobie est souvent liée à un évènement traumatique dont résulte l'impression que l'amour et l'engagement n'apportent que des choses négatives, développe la psychiatre. Un divorce dans l'entourage, un parent qui se suicide après une séparation, une dispute amicale traumatisante, la première rupture amoureuse si elle est mal vécue, un décès non digéré... de nombreux facteurs peuvent engendrer une philophobie". L'individu ne veut plus s'attacher pour ne plus souffrir. A l'inverse, la philophobie résulte parfois d'un manque d'affection, d'un sentiment de rejet dans l'enfance. "La peur de l'engagement a augmenté ces 10-15 dernières années avec l'émergence des sites de rencontre, la violence des ruptures, le phénomène de ghosting |mettre fin à une relation en interrompant toute communication sans prévenir]... Les peurs de s'engager, d'aimer et du rejet sont imbriquées" indique le Dr Jacq.

Symptômes : comment se manifeste la philophobie ?

"La philophobie se manifeste par une peur d'être rejeté, un sentiment de ne pas être à la hauteur et un état de déprime. La personne refuse de s'attacher et met en place des stratégies dites d'évitement : elle consomme des amis de façon superficielle, enchaîne les histoires sans lendemain, saborde ses relations, évite les rencontres en s'isolant..." souligne notre experte. Si elle se retrouve dans une situation où une personne lui plaît :

► Elle pourra manifester des symptômes physiologiques : crises d'angoisse et de panique, stress, ruminations, paranoïa.

► Et des symptômes également physiques : cœur qui bat vite, transpiration, nausées.

Test : comment savoir si on est philophobe ?

Pour cette phobie, il n'existe pas de test à proprement parler. "Mais les philophobes sont assez conscients du problème et ressentent le besoin de se prendre en charge. Le diagnostic clinique est réalisé lors de la consultation chez le psychologue ou le psychiatre" précise le Dr Fanny Jacq.

Derrière la philophobie se cache un évènement traumatique qui nécessite une psychothérapie

Comment vaincre sa philophobie ?

"Derrière la philophobie se cache un évènement traumatique qui nécessite une psychothérapie combinée à une thérapie comportementale et cognitive (TCC)" préconise notre experte. Le médecin pourra également mettre en place un traitement par EMDR ou orienter vers une hypnothérapie. Si le trouble est sévère, on prescrira des anxiolytiques et antidépresseurs.

Merci au Dr Fanny Jacq, médecin psychiatre et directrice Santé mentale chez Qare.

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