Toujours besoin d'aider les autres ? C'est peut-être le syndrome du sauveur - et voilà ce que ça cache

Toujours attirée par des hommes vulnérables ? Toujours besoin d'aider les autres ? L'empathie est un trait de caractère particulièrement développé chez tous les sauveurs mais est-ce une bonne chose ?

Toujours besoin d'aider les autres ? C'est peut-être le syndrome du sauveur - et voilà ce que ça cache
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Des "sauveurs" nous en connaissons tous mais à quel moment ça devient pathologique et qu'est-ce que ça révèle ? "Les sauveurs ont souvent un passé de perte, d'abandon, de traumatisme ou d'amour sans retour" soulignent Mary C. Lamia et Marilyn J. Krieger dans leur ouvrage "Le syndrome du sauveur". Toutes les causes de ce syndrome sont liées à l'estime de soi : manque de reconnaissance, de confiance en soi, évènements familiaux (un parent qui vous rabaisse) ou extra-familiaux (un conjoint ou un patron qui vous rabaisse). "Pour certains, il prend racine dans l'enfance, pour d'autres il survient plus tard à l'âge adulte à cause d'évènements au travail, dans la vie de couple" nous précise le Dr Béatrice Millêtre, docteur en psychologie.

Qu'est-ce que le syndrome du sauveur ?

"Le sauveur est celui qui, lorsqu'il fait quelque chose le fait pour sauver les autres. Il les aide à progresser. Il sait ce qui est bon pour les autres donc il leur permet d'évoluer dans la bonne direction" décrit Béatrice Millêtre, docteur en psychologie. Le sauveur est l'opposé du martyr. Il manque de confiance en lui car "l'estime du sauveur dépend de la reconnaissance par les autres de ses qualités héroïques" selon Mary C. Lamia et Marilyn J. Krieger dans leur ouvrage "Le syndrome du sauveur".

"Si vous avez besoin de montrer au monde que vous êtes le meilleur, c'est que vous ne le savez pas vous-même"

"Si vous avez besoin de montrer au monde que vous êtes le meilleur, c'est que vous ne le savez pas vous-même, vous n'avez pas confiance en vos capacités" ajoute le Dr Millêtre. "L'empathie, soit la capacité à comprendre les sentiments des autres et s'identifier à eux, est un trait de caractère particulièrement développé chez tous les sauveurs" précisent Mary C. Lamia et Marilyn J. Krieger. "Mais il faut faire la distinction entre la personnalité altruiste saine et la pathologie. Toutes les personnes altruistes ne sont pas atteintes par ce syndrome" nuance le Dr Béatrice Millêtre.

Comment savoir si on a le syndrome du sauveur ? 

"Quelqu'un qui a toujours raison, qui a un avis sur tout et ne laisse pas aux autres la place d'exprimer le leur peut être atteint du syndrome du sauveur" décrit le Dr Béatrice Millêtre. A l'inverse, une personnalité altruiste aidera les autres en se mettant en retrait, parce qu'il n'attend rien en retour.

  • Le sauveur attend de la gratitude et de la reconnaissance pour combler son manque de confiance en lui
  • Le sauveur est toujours prêt à aider son prochain, même quand ce dernier n'a rien demandé mais il se plaindra que les autres ne font jamais rien pour lui 
  • Le sauveur a peur de la distance émotionnelle
  • Le sauveur présente une vulnérabilité et une hypersensibilité émotionnelles
  • Il a tendance à idéaliser son/sa partenaire
  • Il a un besoin extrême d'être considéré comme quelqu'un d'important ou unique
  • Il a une propension à l'autocritique ou à réagir en accusant, dévalorisant ou manipulant les autres.

En couple, le sauveur a lui-même besoin d'être secouru

"Les sauveurs n'ont pas seulement la volonté de secourir les autres, ils ont également besoin d'être secourus eux-mêmes. De fait, et sans en être conscients, les sauveurs recherchent des partenaires particulièrement démunis et vulnérables" développent les deux auteurs de l'ouvrage. Dans ses relations de couple, le sauveur :

  • a une attirance envers un/une partenaire vulnérable, ou souffrant d'un passé de traumatisme, perte, maltraitance ou addiction ;
  • a peur d'être séparé de son/sa partenaire, de perdre son amour ou son approbation, ou d'être abandonné par lui/elle ;
  • a tendance à vouloir dominer l'autre, souvent sous le prétexte de l'aider ;
  • a une propension à maintenir ou à renouer le lien avec l'autre en se montrant extrêmement serviable ou agréable ;
  • décrit sa relation avec l'autre comme "fusionnelle";

Il nie la réalité des problèmes de son/sa partenaire

  • tend à provoquer des sentiments forts chez l'autre afin d'éviter de se confronter à son propre inconfort émotionnel ;
  • se persuade qu'il vit une relation épanouie en niant la réalité des problèmes de son/sa partenaire.

Quel test pour savoir si on a le syndrome du sauveur ? 

Il existe de nombreux tests mais ce sont des questionnaires pour lesquelles les réponses sont subjectives puisqu'ils sont auto-administrés. "Par exemple, à la question "est-ce que vous avez confiance en vous ?", rien ne garantit que la personne réponde honnêtement. Les réponses seront sujettes à caution et ne permettront pas de diagnostiquer le syndrome du sauveur. Pour déterminer si une personne est un "sauveur", il faudra discuter lors d'une séance. Souvent, les gens qui consultent savent déjà qu'ils ont un problème de confiance en eux et la question est de savoir si la personne a envie de s'en débarrasser ou pas" développe la psychologue.

Comment soigner le syndrome du sauveur ? 

Le "traitement" de ce syndrome dépendra du degré auquel la personne souffre. "Le manque de confiance se traduit par de l'anxiété sociale. Il est possible de prescrire des anxiolytiques voire des antidépresseurs si le moral est particulièrement atteint. On sait aujourd'hui que l'association entre médicaments et thérapie est plus efficace que l'un sans l'autre" poursuit notre experte, "le travail thérapeutique dépendra de la personne, de son profil afin de le "remettre" en phase avec lui-même. Sur le manque de confiance, on peut proposer des thérapies par projet : trouver une activité qui a du sens pour le patient et développer son estime via celle-ci (et surtout par lui-même sans le besoin de l'aval d'autrui)".

Merci au Dr Béatrice Millêtre, docteur en psychologie.

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