Déni : c'est quoi, comment savoir, s'en sortir ?
Face à une situation perçue comme inacceptable, l'individu peut refuser de reconnaître la réalité. Ce phénomène porte un nom : le déni. Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont les clés pour s'en sortir ? Le point avec Véronica Olivieri-Daniel, psychanalyste.
Définition : c'est quoi le déni en psychologie ?
Le déni est une notion utilisée en psychanalyse pour désigner le fait de refuser, de façon inconsciente, une partie ou l'ensemble d'une réalité. Le déni peut porter sur un sentiment ou une émotion, mais aussi sur des faits qui se sont produits. Le déni peut être la conséquence d'un choc traumatisant, et permet ainsi de protéger, comme un mécanisme de défense, la santé mentale de la personne. Lorsqu'il prend trop de place dans le fonctionnement de l'individu, le déni s'inscrit davantage dans des pathologies psychiatriques graves, comme une psychose ou une névrose.
Comment savoir si on est dans le déni ?
On adopte une stratégie défensive pour se protéger de la douleur.
Il est difficile d'admettre que l'on est dans le déni. On est malgré tout conscient du fait que l'on refuse de reconnaître que l'on se trouve dans une situation difficile. On refuse de croire à une réalité qui nous met mal à l'aise, suscite de l'angoisse et de la tristesse. On peut, par exemple, se surprendre à dire "je ne peux pas y croire", "ce n'est pas possible", je n'arrive pas à réaliser" lorsque l'on est confronté à l'annonce d'une maladie, au décès d'un proche ou encore à une rupture amoureuse. On adopte une stratégie défensive pour se protéger de la douleur.
Comment fonctionne le déni ?
"Le déni est un mécanisme de défense psychique dont tout le monde se sert et ce, inconsciemment. Prenons l'exemple du déni de la mort. Chacun d'entre nous vit en faisant comme si la mort n'existait pas. Elle existe, on le sait rationnellement, mais inconsciemment elle n'est pas prise en compte. Le déni de la mort nous permet de vivre, car si on était parasité en permanence par l'idée de la mort, on ne pourrait pas faire ce que l'on veut", indique Véronica Olivieri-Daniel. Ce mécanisme de défense ne concerne pas uniquement les états pathologiques. On considère que le déni bascule du côté de la pathologie quand certains éléments de la réalité entravent la possibilité pour l'individu de la prendre en compte. "C'est un moyen de se protéger, de se défendre contre ce qui fait l'objet de notre déni. Par exemple, les parents d'une adolescente anorexique qui arrivent à l'hôpital tardivement étaient dans le déni jusqu'à un certain moment pour se protéger de la souffrance que cela pourrait engendrer de savoir leur enfant malade. Dans d'autres cas, le déni prend des proportions pathologiques quand il s'inscrit dans des fonctionnements psychotiques et des formes délirantes paranoïaques de persécution", continue-t-elle.
Comment reconnaître une personne dans le déni ?
Une personne qui est dans le déni a tendance à être sur la défensive en permanence et à se braquer dès lors qu'on lui fait remarquer qu'elle semble fuir une conversation ou une situation qui la dérange. Elle va nier l'existence du problème : "tu racontes n'importe quoi, tout va très bien ! Mêle-toi de tes affaires". Elle va changer de sujet pour éviter de voir la réalité en face car cela serait trop douloureux pour elle.
Quand et qui consulter ?
"Dans la mesure où le déni n'est pas quelque chose d'isolé, on ne consulte pas pour cette raison. Cela fait partie d'un fonctionnement global et d'un temps particulier de la vie de quelqu'un. Soit cela s'inscrit dans un tableau pathologique complet, soit cela touche des gens normaux mais qui ont besoin de recourir au mécanisme du déni à un moment de leur vie", informe la psychanalyste.
Comment s'en sortir et ne plus vivre dans le déni ?
Sortir du déni suppose de savoir se remettre en question
Sortir du déni suppose de savoir se remettre en question. Or, ce trait de caractère n'est généralement pas propre aux personnes qui vivent dans le déni. Cela nécessite une grande ouverture d'esprit et la volonté d'aller de l'avant. En avoir conscience est déjà un grand pas ! Une thérapie peut également se révéler bénéfique pour parvenir à se détacher progressivement de ce mécanisme d'autoprotection.
Merci à Véronica Olivieri-Daniel, psychanalyste à Paris