Comment sortir de la crise de la quarantaine ?

Fréquente mais loin d'être insurmontable, la crise de la quarantaine est source de grands questionnements et peut impacter la vie de couple, la famille et le travail. Comment s'en sortir et en tirer du positif ? Quels conseils en couple ? Réponses avec notre psychologue Johanna Rozenblum.

Comment sortir de la crise de la quarantaine ?
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Entre 35 et 50 ans, certaines personnes éprouvent un certain mal-être existentiel qui se traduit par une impression de stagner, d'être perpétuellement insatisfait(e) ou de sentir enfermé(e) dans une routine qui ne leur convient plus. C'est ce qu'on appelle "la crise de la quarantaine" ou "crise du milieu de vie". Hommes et femmes peuvent être concernés. La durée de cette crise et les symptômes sont variables d'une personne à l'autre : certains vont tout remettre en question (couple, vie de famille, vie professionnelle, loisirs...), d'autres vont chercher un nouveau sens à leur vie et vont avoir envie de gros changements.

Comment sauver sa vie de couple ?

La solution vient rarement de l'extérieur, mais de vous-même.

La crise de la quarantaine est souvent marquée par une remise en question de son couple. Peut se créer ainsi un décalage entre les deux partenaires. Le conjoint se sent souvent démuni face à celui ou celle qui "traverse" une crise de la quarantaine et ne sait pas comment agir pour l'aider. Il peut également avoir peur de se retrouver seul, que son conjoint le quitte, parte avec quelqu'un d'autre ou connaisse une relation extra-conjugale. De son côté, la personne "en crise" vit avec l'impression que son conjoint ne la comprend pas, se sent étouffé(e) et souhaite bien souvent donner du piment à sa vie. Pour autant, fuir sa vie actuelle sur un coup de tête n'est pas une solution sur le long terme. Au début comme tout ce qui est nouveau, ce changement de vie peut paraître excitant et peut vous donner l'impression que votre mal-être a disparu, mais cette euphorie ne dure généralement qu'un certain temps et les doutes reviennent tôt ou tard. Dans tous les cas, la solution vient rarement de l'extérieur, mais de vous-même. Il faut essayer au maximum de prendre du recul et de se poser les bonnes questions pour être le plus en phase avec soi-même. "De quoi ai-je réellement envie ? Avec qui me sentirais-je le (la) plus heureux (se) ? Seul(e) ou en couple ? Si je ne suis plus avec la personne avec laquelle je vis, serais-je plus épanoui(e) ou au contraire, me sentirais-je incomplet(e) ? Quels sont mes désirs les plus profonds ? Mon conjoint m'empêche-t-il de les assouvir ? Est-il un frein à la concrétisation de mes projets ?..." Ces différentes réponses vous permettront d'y voir plus clair, de faire le bilan de votre vie actuelle et de trouver des petits ajustements qui vous aideront à être plus épanoui(e). 

4 conseils couple à retenir pour celui qui traverse une telle crise

→ Consacrez des temps de dialogue avec votre conjoint : parlez-lui le plus sincèrement possible, communiquez vos doutes et vos peurs, faites-lui part de vos envies qui selon vous, pourrait permettre de retrouver un mieux-être à deux, et demandez-lui ce qu'il en pense.

→ Ne reportez pas la faute sur votre conjoint : cette remise en cause émane de vous et votre mal-être est personnel. Votre conjoint est un soutien précieux, mais le gros du travail doit venir de vous. 

→ Remettez le couple un peu plus au centre de la sphère familiale : on priorise souvent les enfants au détriment de notre couple et de la vie à deux. Or, avant d'être des parents, vous êtes avant tout deux personnes qui s'aiment et qui ont décidé de faire de jolis projets ensemble. 

Surtout, ne prenez pas des décisions que vous pourrez ensuite regretter. Pesez toujours le pour et le contre et faites mûrir vos décisions afin de ne pas "franchir les limites" fixées dans votre couple. Et ce, même si cela prend du temps et nécessite une grande patience. 

5 conseils pour sortir de la crise de la quarantaine 

→ Accepter le mal-être et ne plus le subir : "n'ayez pas peur de verbaliser vos angoisses ou vos frustrations et essayez d'en chercher les causes. Posez-vous les bonnes questions en y répondant avec honnêteté : est-ce que je me sens utile dans mon travail ? Ai-je accompli trop de choses trop vite ? Suis-je vraiment épanoui(e) dans mon couple ? Et dans mon poste actuel ?...

→ En parler : "selon le niveau de malaise et l'intensité des manifestations, la personne pourra réussir à trouver du réconfort auprès d'un proche (ami, membre de la famille du même âge idéalement qui auront sans doute les mêmes doutes ou préoccupations) ou de son conjoint. Il peut également éprouver le besoin d'en discuter avec une personne neutre comme un psychologue pour travailler sur ses émotions, sur ses manifestations anxieuses ou aller en profondeur de sa propre histoire", conseille la psychologue.

→ Lister ses accomplissements. On a souvent tendance à pointer du doigt ce qu'on a mal fait et à se concentrer sur ses échecs. Or, "il est important de rester bienveillant avec soi-même, d'accepter ses erreurs et de souligner ce que l'on pense avoir réussi dans la vie", développe notre interlocutrice. 

→ Accepter que le temps passe. Il faut se le dire : il y a potentiellement des rêves ou des projets qu'on ne pourra plus réaliser et il y a un deuil à faire par rapport à ça. Toutefois, dites-vous qu'il y a 1 001 façon de construire une vie épanouissante. "Dans tous les cas, il faut retrouver du plaisir pour mettre à distance la frustration : il est encore temps de vivre des passions nouvelles et de concrétiser des désirs inassouvis", rassure Johanna Rozenblum. Les injonctions de la société peuvent parfois être aliénantes et peser sur notre mal-être : il faut se libérer le plus possible de ces schémas sociétaux et prendre les décisions qui sont en accord avec nos valeurs et nos aspirations profondes, pas celles qui sont dictées par la société.

→ Faire des projets, c'est important pour avoir la sensation d'être proactif et de ne pas subir sa vie. "Pour certains, cela consistera à changer de travail, à vivre dans un nouveau pays, se marier, avoir un enfant, faire un projet immobilier... Pour d'autres, il sera question de consacrer plus du temps à des activités personnelles, rencontrer de nouvelles personnes ou prendre du temps à la réalisation de n'importe quel projet en attente (participer à une association, s'engager politiquement, faire un long voyage...)", liste la psychologue.

Comment en tirer du positif ?

La crise de la quarantaine peut être constructive et nécessaire.

"On tire du positif d'une expérience si on est capable d'en repérer les choses positives ! Autrement dit, si on subit cette crise, que l'on attend que ça se passe, que l'on broie du noir et que l'on n'est pas pro-actif, il va être très difficile d'en percevoir les bénéfices", indique d'emblée notre psychologue. La crise de la quarantaine peut être constructive. D'ailleurs, il peut être bon d'employer l'expression "tournant de la quarantaine", plutôt que "crise de la quarantaine" qui est un terme péjoratif. "Souvenons-nous que la crise de la quarantaine n'est pas une maladie et qu'elle est parfois nécessaire dans la vie de certaines personnes pour qui cette étape correspond à une émancipation, une quête de bien-être ou une remise en question. En effet, il est toujours bénéfique de faire le point sur sa vie, de prendre du recul, d'écouter ses désirs, de dialoguer avec ses proches pour être le plus en accord avec soi-même et trouver un équilibre le plus propice à un épanouissement global", conclut Johanna Rozenblum.

Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris.