Parvovirus B19 en France : quels symptômes ? Chez l'adulte ?

Santé Publique France rapporte une augmentation de fausses couches et de morts fœtales en lien avec une infection à Parvovirus B 19. Les femmes et les enfants sont particulièrement à risque.

Parvovirus B19 en France : quels symptômes ? Chez l'adulte ?
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Une épidémie d'infections à Parvovirus B 19 touche en ce moment la France, particulièrement de très jeunes enfants. Débutée au printemps 2023, cette épidémie "poursuit son ascension en 2024 avec un pic qui n'a pas encore été atteint" indique Santé Publique France le 22 avril. Des services de périnatalité rapportent une augmentation de fausses couches et de morts fœtales en lien avec ce virus. L'agence de santé informe du décès de 5 enfants âgés de moins d'un an dont 4 nouveau-nés, depuis le début de l'année 2024. "Les raisons de cette épidémie ne sont pas clairement établies, mais comme pour d'autres infections virales ou bactériennes, elle pourrait être liée à la levée des mesures sanitaires (notamment confinement et mesures barrières) qui a suivi la pandémie de Covid-19 durant laquelle une dette immunitaire a pu s'installer" explique l'autorité. Une augmentation du nombre d'infections par le Parvovirus B19 a aussi été signalée dans d'autres pays européens dont le Danemark, l'Irlande, les Pays-Bas et la Norvège.

Courbes des infections de Parvovirus B19 en France entre 2019 et 2024
Courbes des infections de Parvovirus B19 en France entre 2019 et 2024 © Santé Publique France

C'est quoi le Parvovirus B 19 ?

Le Parvovirus B 19 est un virus strictement humain qui se transmet principalement par voie respiratoire, plus rarement par voie sanguine. Il appartient à la famille des Parvoviridae. "B 19" correspondent aux initiales identifiant la poche de sang où il a été trouvé la première fois, c'était en 1975. Le Parvovirus B 19 entraîne une infection le plus souvent bénigne et asymptomatique c'est-à-dire sans symptômes. Il peut sinon être responsable d'un erythème infectieux aussi appelé "mégalérythème épidémique", "cinquième maladie" ou encore "syndrome des joues giflées" (parce que l'enfant a les joues très rouges). Les infections surviennent par épidémie plutôt en fin d'hiver et au début du printemps. Il n'y a pas de prévention particulière pour éviter la contagion mais il faut éviter les contacts avec les femmes enceintes et les personnes à la santé fragile. L'éviction de l'école n'est pas préconisée.

Quels symptômes ?

Après 4 à 21 jours (3 semaines) d'incubation, les premiers signes cliniques de l'infection apparaissent. D'abord une petite fièvre, de la fatigue, parfois une rhinopharyngite puis une éruption caractéristique au visage :

  • les joues sont très rouges (comme après une claque)
  • l'éruption cutanée descend au tronc et aux extrémités, sous la forme de petites bandes ou macules rosées

La personne est déjà contagieuse avant la phase d'éruption. Le médecin peut confirmer le diagnostic par une prise de sang.

Pareil chez l'adulte ?

Chez l'adulte, l'infection par le Parvovirus B19 se manifeste surtout par des symptômes articulaires. Ceux-ci sont présents chez 70% des adultes contre 10% des enfants. Les femmes sont plus à risque d'infection que les hommes, surtout celles âgées de 20 à 40 ans. Elles vont souffrir de douleurs articulaires surtout aux mains, poignets, chevilles et genoux. Ces douleurs disparaissent généralement en 2 à 3 semaines. Des poussées récidivantes ne sont pas impossibles dans les années qui suivent l'infection.

Quels dangers ?

L'infection par le Parvovirus B19 est particulièrement dangereuse chez les personnes atteintes d'anémie chronique, immunodéprimées et chez les femmes enceintes. Chez ces dernières, le virus présent dans le liquide amniotique peut causer des fausses couches et un anasarque fœto-placentaire, une maladie foetale sévère. Le virus est aussi dangereux pour le coeur, une myocardite ou une encéphalite peuvent parfois être observées. 

En France, le nombre de décès liés à une infection à Parvovirus B 19 est en moyenne de 1,8 décès/an (2015-2019), dont 78% chez les personnes âgées de 15 ans ou plus. Ce nombre a doublé sur la période 2020-2023. Depuis début 2024, 5 décès ont déjà été identifiés, tous concernant des enfants. Il s'agit pour quatre d'entre eux d'un décès survenant dans les tous premiers jours de vie en lien avec une infection materno-fœtale. Pour le cinquième décès (âgé de 8 mois), il n'existait pas de comorbidité ni d'immunodépression. Il n'y a pas de vaccins ou de traitements spécifiques à l'infection si ce n'est du paracétamol dans les formes non compliquées. Pour les cas plus graves, une hospitalisation est nécessaire et une transfusion peut être justifiée.

  • Epidémie d'infections à Parvovirus B19 en France. Santé Publique France. Point au 22 avril 2024.
  • Parvovirus B 19, Biomnis, 2013
  • Virologie médicale, A.Mammette, 2002