Du sexisme jusque dans les médicaments
Les médicaments soigneraient mieux les hommes que les femmes. Et celles-ci seraient même davantage touchées par leurs effets secondaires. C'est l'édifiant constat dressé dans le dernier numéro de Science et Vie.
Et si les médicaments soignaient mieux les hommes que les femmes ? C'est une singulière mais néanmoins intéressante question sur laquelle s'est penchée le magazine Science et Vie dans son édition d'août. Et la conclusion laisse songeur : à molécule identique, les effets des médicaments varieraient du tout au tout, selon notre sexe. Par exemple, les somnifères feraient effet plus longtemps chez les femmes. Ainsi, huit heures après avoir pris du Zolpidem (Stilnox), celles-ci seraient trois fois plus nombreuses que les hommes à somnoler. C'est le métabolisme de ces dames, un peu différent de celui des messieurs, qui ne leur permettrait pas d'éliminer le médicament aussi vite. Côté système immunitaire, celui des femmes serait plus réactif : à dose équivalente, les femmes auraient plus d'effets secondaires que les hommes après vaccination. Selon Science et Vie, une demi-dose pourrait donc suffire. Un résultat confirmé par une autre étude menée en Allemagne sur 25 000 patientes et selon laquelle, les femmes sont deux fois plus sujettes aux effets indésirables.
Les souris femelles victimes de discrimination. Pour comprendre pourquoi les médicaments et les vaccins semblent davantage dosés pour les hommes, il faut revenir en tout début de chaîne de conception, c'est-à-dire au stade de la recherche sur l'animal. La généticienne Claudine Junien confie au Parisien que les tests y sont essentiellement menés sur des rats mâles afin d'"éviter que les hormones ne perturbent les résultats". Même chose, les femmes sont statistiquement sous représentées dans les études cliniques pour tester les médicaments avant leur commercialisation. Et tant pis si une fois administrés aux femmes, qui sont bel et bien soumises à leurs hormones, les médicaments n'ont pas le même effet. Un comble qui ne semble choquer personne. Seul l'institut national de la santé américain (NIH) a décidé d'y remédier en annonçant qu'il ne financerait plus les études qui n'analysent pas leurs résultats en fonction du sexe.
Et le cœur des femmes ? Science et Vie revient enfin sur l'exemple de l'aspirine. Prescrite à petite dose chez les hommes pour prévenir le risque d'infarctus, elle serait en réalité davantage efficace pour diminuer le risque d'AVC chez les femmes. Son effet serait donc complètement différent. Mais le problème, c'est que ces variations de métabolisme bien connues des biologistes, ne sont peut-être pas suffisamment prises en compte par les médecins au quotidien. Et ce alors que le risque cardiaque chez les femmes est déjà minimisé, du côté des patientes, comme du côté des professionnels de santé. Ainsi, bien que les femmes soient plus exposées au risque d'AVC que les hommes et que le nombre d'infarctus augmente chez ces dernières, elles seraient moins bien diagnostiquées. Une étude publiée en mars dernier dans le Journal de l'Association médicale canadienne, arrivait à la conclusion qu'en moyenne, on pratique plus rapidement des électrocardiogrammes et des défibrillations sur les hommes que sur les femmes. Ces résultats suggéraien,t en effet, que le personnel médical était plus porté à écarter l'origine cardiaque du malaise chez les femmes. Pourtant, selon la cardiologue Claire Mounier, interrogé par Le Parisien, "le risque cardiaque tue dix fois plus de femmes en Europe que le cancer du sein ! Aidée par une hausse des facteurs (tabac, obésité, stress), la mortalité grimpe d'autant qu'on ne le prend pas au sérieux".
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