Témoignage sleeve gastroplastie : "Je ne suis plus la même personne"

Technique non chirurgicale, contrairement au bypass ou à la gastrectomie, la sleeve gastroplastie permet à des personnes obèses de perdre du poids. Comment ça se passe ? Quels résultats ? Est-ce douloureux ? Une patiente nous raconte son intervention.

Témoignage sleeve gastroplastie : "Je ne suis plus la même personne"
© Photo d'illustration-123RF- belchonock

Dans le traitement bariatrique en France, on entend souvent parler de l'anneau gastrique, de l'ablation totale ou partielle de l'estomac (sleeve gastrique) ou encore du Bypass. En revanche, on connaît moins la pose d'un ballon gastrique ou la sleeve gastroplastie qui sont des techniques endoscopiques non chirurgicales. La sleeve gastroplastie consiste à "remodeler" la forme de l'estomac à l'aide de points de suture. Conséquence : la sensation de satiété est plus rapidement atteinte, la patiente mange en moins grandes quantités et perd du poids. Désirant maigrir à tout prix et après avoir fait de nombreux régimes sans succès, Jeanne*, 62 ans et souffrant d'obésité modérée, a eu recours à cette technique. Quelles ont été ses motivations ? Comment s'est déroulée l'intervention et combien de poids a-t-elle perdu ? Elle se confie au Journal des Femmes. 

Le Journal des Femmes : le 18 janvier 2019, vous avez recours à la sleeve gastroplastie. Quel a été votre déclic ?

Jeanne : Depuis des années, je me sens mal dans mon corps et je me trouve grosse. Je multiplie les régimes (Dukan, WeightWatchers...) qui me font certes mincir, mais qui me font reprendre tous mes kilos. Mon poids (72 kg) fait le yo-yo et je ne parviens pas à trouver une technique qui fonctionne sur le long terme. Le problème ? Je suis une grande gourmande. Dès que je rentre du travail, c'est direction le frigo ! Je ne mange pas, je dévore. Par exemple, sachant que je vais le soir dans une pizzeria, ça ne me pose pas de problèmes de manger avant, puis après. J'ai des pulsions et je n'arrive pas à me raisonner. Il faut que je réagisse, et vite

"Je ne mange pas, je dévore"

A force de lui parler de mes problèmes de poids et de mon fort désir d'amaigrissement, mon médecin traitant se permet de me parler du ballon gastrique. Je veux tenter à deux reprises, mais on ne peut pas me poser un ballon car j'ai des ulcérations trop importantes au niveau de l'estomac. On me parle alors d'une autre technique : la sleeve gastroplastie. J'adhère tout de suite car il n'y aucune contre-indications par rapport aux ulcérations. Comme j'ai un IMC de 32 (ndlr : la sleeve est indiquée chez les patients ayant un IMC compris entre 27 et 40), il n'y a pas de souci pour le faire. Le 18 janvier 2019, direction l'hôpital pour ma sleeve gastroplastie. L'intervention, qui se fait sous anesthésie générale, est prévue vers 13 heures et dure entre 1h30 et 2h. On me conseille fortement de rester une nuit à l’hôpital pour une gestion des éventuels problèmes post-opératoires (douleurs, vomissements et autres complications...).

"On peut manger de tout, mais en quantité raisonnable car on est vite rassasié" 

Le Journal des Femmes : Concrètement, en quoi consiste la sleeve gastroplastie ?

Jeanne : Contrairement à la gastrectomie qui consiste à enlever une partie de l'estomac, la gastroplastie "remodèle" l'estomac et lui donne une nouvelle forme au moyen de points de suture. Et le nombre de points de suture dépend de la taille de notre estomac. Concrètement, on confère à l'estomac, qui a généralement une forme de haricot, une forme plus allongée. L'estomac est réduit sans être sectionné, ce qui permet d'atteindre une sensation de satiété plus rapidement. L'avantage est qu'on peut manger de tout, mais en quantité raisonnable car on est vite rassasié. Le sentiment de "trop plein' arrive assez rapidement. Après une sleeve, on a nettement moins envie de manger. De plus, c'est une technique peu contraignante qui ne nécessite pas de préparation particulière et qui permet ensuite, d'avoir une vie complètement normale (pouvoir manger ce que l'on veut au restaurant, chez des amis...) contrairement aux régimes qui sont excluants, culpabilisants et pour la plupart, basés sur la frustration.

Le Journal des Femmes : Est-ce douloureux ?

Jeanne : La nuit de l'hospitalisation, j'ai quelques douleurs au niveau de l'estomac, mais qui s'atténuent très vite avec des antidouleurs. Par précaution, le médecin me prescrit des antivomitifs car après une sleeve, il faut absolument éviter de vomir pour ne pas distendre les points de sutures au niveau de l'estomac. Comme je respecte à la lettre les directives, je n'ai aucune nausée, envie de vomir ou douleur. C'est l'avantage d'être très scolaire ! Autre appréhension qui s'est très vite envolée, je n'ai aucune cicatrice. Comme les points de suture sont réalisés au moyen d'un petit tuyau et non d'une incision, je ne garde aucune trace de l'intervention.  

"On retrouve une alimentation normale au bout d'un mois et demi"

Le Journal des Femmes : Comment se passe l'après-intervention ?

Jeanne : Après l'intervention, je dois manger exclusivement liquide pendant 15 jours, semi-liquide pendant 15 jours et ensuite des aliments mixés pendant 15 jours supplémentaires. Pendant un mois, j'évite de nombreux aliments difficiles à digérer comme l'artichaut, l'asperge, et d'autres légumes trop fibreux, les féculents ou encore le café. Je retrouve une alimentation normale au bout d'un mois et demi. En parallèle, je bénéficie de conseils sur la quantité d'eau et de tisanes à ingérer dans la journée.  

Pour ne pas reprendre du poids, il faut absolument avoir un suivi psychologique et nutritionnel. Ça aide beaucoup à déterminer l'origine de notre surpoids et de nos compulsions alimentaires. Ça me permet aussi de bien comprendre mon rapport à la nourriture. D'ailleurs, je suis suivie très régulièrement après l'intervention avec des analyses de sang pour identifier d'éventuelles carences dues à la perte de poids rapide. Dans mon cas, j'ai des carences en magnésium et en fer, Je suis donc supplémentée. Par ailleurs, la perte de poids étant très rapide, la fatigue est inévitable. Mais au bout de quelques semaines, je me sens parfaitement bien et je mène une vie tout à fait normale. 

"Depuis ma sleeve, j'ai perdu 16 kg et je ne me jette plus sur la nourriture"

Le Journal des Femmes : Les résultats arrivent au bout de combien de temps ?

Jeanne : Dès la première semaine, je perds du poids et ma silhouette se modifie, sans avoir de frustration et en mangeant de tout. Aujourd'hui, je suis à -16 kg. Il me reste 4 kg à perdre pour me sentir parfaitement bien. Mon poids est stable. Je ne me jette plus sur la nourriture et je consomme beaucoup moins d'aliments sucrés, des produits que j'ai toujours considérés comme des refuges. Je me contente d'un seul gâteau, alors qu'avant, j'en mangeais 2,3...4. Même au travail, je prends le temps de manger, de m'asseoir à une table et de bien mastiquer mes aliments. Surtout, je ne mange que quand j'ai faim. Et si je n'ai pas faim, je n'hésite pas à sauter un repas, chose que je ne faisais jamais auparavant. Désormais, j'écoute mon corps.

"Je reprends totalement confiance en moi"

Cette intervention me permet aussi de reprendre la natation, un sport que j'avais arrêté car je me trouvais trop ronde. Je suis contente de pouvoir y retourner. On peut dire que je reprends totalement confiance en moi. Je me suis coupée les cheveux très courts, je retrouve le goût des vêtements et je me trouve belle. J'ai besoin de changer de look ! Je ne suis plus la même personne et je ne suis plus la "moi d'avant". Mes proches me trouvent très épanouie et sont heureux pour moi. Je n'ai que des retours positifs. J'attendais beaucoup de cette intervention, je ne suis absolument déçue et les résultats vont même au-delà de mes espérances ! Je recommande cette technique à toutes les personnes qui ont des problèmes de poids et qui ne se sentent pas bien dans leur corps. Mais bon, tout ceci a un prix ! Il faut compter entre 6 000 et 8 000 euros, sans aucune prise en charge de la Sécurité sociale. Cela peut être un gros frein... 

La sleeve gastroplastie, kesako ? La sleeve gastroplastie est une technique dite "mini-invasive" qui permet de réduire le volume de l'estomac en resserrant ses parois au moyen de points de suture non résorbables. Elle est réalisée à l'aide d'un endoscope, un petit tube souple ou rigide au bout duquel sont installées une caméra et une lampe. Un kit de suture est ainsi inséré par la bouche jusqu'à l'estomac de la patiente, ce qui permet de réduire sa taille. A savoir que cette technique n'est réservée qu'aux personnes avec un important surpoids ou souffrant d'obésité (IMC compris entre 30 et 40 kg/m²) et ne pouvant bénéficier d'une chirurgie de l'obésité conventionnelle (IMC supérieur ou égal à 40 kg/m² ou supérieur ou égal à 35 kg/m² associé à au moins une comorbidité susceptible d'être améliorée après la chirurgie). Avant la procédure, il est nécessaire de réaliser un bilan médical qui déterminera si c'est une bonne indication et s'il n'y a pas de contre-indication. Seul un médecin peut convenir de ce qui est bon pour un patient ou non. Attention, il ne faut pas la confondre avec la sleeve gastrique ou gastrectomie, une technique non réversible qui consiste à retirer les 2/3 de l'estomac.