Isabelle Chaumeil-Gueguen, présidente de l'association Suicide-Ecoute, explique la mission de l'association et le travail au quotidien des bénévoles qui y travaillent.
"Dans notre centre d'appel, tout se base sur l'anonymat, ce qui permet aux gens de s'exprimer en toute liberté, de dire tout ce qu'ils n'ont pas eu l'occasion ou l'envie de dire à leurs proches, leurs psy éventuellement, etc.
"On leur permet de mettre des mots sur ce qu'ils pensent"
On reçoit un certain nombre d'appels d'urgence avec des personnes qui ont des idées suicidaires bien précises. On leur permet de mettre des mots sur ce qu'ils pensent et rien que cela peut les aider à avoir un peu d'objectivité et de recul par rapport à eux-mêmes.
Parfois aussi, les angoisses sont telles que les personnes sont incapables de parler, sont parfois en sanglots. Elles sont comme emprisonnées, engluées dans une toile d'araignée, ils sont au fond du gouffre et n'arrivent pratiquement pas à avoir de pensées positives.
De manière générale, ce sont les gens qui donnent, on les laisse vider leur sac. Puis, si c'est possible, on reprend leur discours pour trouver des éléments positifs.
Notre rôle est de leur trouver une ouverture qui leur permet de s'en sortir autrement. Bien évidemment, il n'y a pas de profil type, mais on remarque que souvent, les personnes qui appellent ont déjà fait une tentative.
Or, plus on fait de tentatives, plus le risque d'arriver à se donner la mort est élevé. Ils ont déjà pu avoir des contacts non concluants avec des professionnels psy (psychologue, psychiatre, psychothérapeute, etc.). Mais, bien souvent, ils nous avouent des choses (maltraitances physiques, psychologiques, incestes...) qu'ils n'ont jamais osé dire auparavant. Ils ont tout enfoui, ils ont honte ou alors n'ont jamais osé aborder le sujet avec qui que ce soit.
Ainsi, à la fin de la conversation, dans la mesure du possible (mais encore une fois il ne faut pas forcer), on essaie de les orienter vers une prise en charge psychologique et/ou psychiatrique.
S'ils n'ont jamais consulté, il faut faire en sorte, durant l'échange, que ce soit eux qui formulent cette demande. Le problème est que le mot "psychiatre" fait très peur. Il vaut donc mieux les inciter à consulter leur médecin généraliste, qu'ils connaissent bien. Ce dernier pourra, par la suite, les orienter vers le spécialiste adéquat.
L'entourage, même s'il est présent, est bien souvent démuni et découragé. Et puis aussi, il y a un certain nombre de personnes qui sont en situation de désocialisation, dans un environnement familial enkysté, etc. Celles-là ne peuvent pas s'appuyer sur des proches et c'est aussi pour ça que nous sommes là."
Et aussi
Joindre Suicide Ecoute :
Par téléphone (7 jours sur 7 et 24 heures sur 24): 01.45.39.40.00
Site internet : http://www.suicide-ecoute.fr/
SOS Suicide Phénix
Accueil et écoute des personnes confrontées au suicide, 7j/7 de 16h à 20h. Numéro national : 0825 120 364 (15ct / min) :
Numéro régional Île-de-France : 01 40 44 46 45 (prix d'un appel local)
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