Gélules "grossissantes" : Emmy, 21 ans, internée en psychiatrie après avoir suivi une tendance sur les réseaux

Elle pensait acheter un complément naturel, sans risques, pour prendre du poids. Il a eu de lourds effets secondaires.

Gélules "grossissantes" : Emmy, 21 ans, internée en psychiatrie après avoir suivi une tendance sur les réseaux
© 123rf-nomadsoul1

La quête du corps idéal pousse de plus en plus d'individus vers des solutions rapides mais dangereuses, souvent trouvées en ligne. C'est l'histoire d'Emmy, 21 ans, qui voulait juste grossir un peu. Elle a commandé des pilules "bio et veganes" et sa vie a basculé. Son cas, loin d'être isolé, lève le voile sur le terrible trafic de faux médicaments déguisés en compléments alimentaires.

Emmy (prénom modifié) était complexée par son corps. Une jour, elle tombe sur des vidéos affirmant qu'on peut "grossir naturellement" grâce à des gélules à base de plantes. La promesse est séduisante, la présentation rassurante. Sans en parler à personne, ni à ses amis ni à ses parents, elle commande une boîte. Deux gélules par jour, un rituel discret qu'elle croit sans risque pour sa santé. Au pire, ça ne fonctionnera pas, se dit-elle. Mais dès les premières semaines, des effets secondaires étranges se manifestent : migraines, ballonnements, agitation... Pour autant, elle continue sa cure.

De nouveaux changements, plus inquiétants, surviennent et son entourage lui fait remarquer : son visage est gonflé, son comportement ne lui ressemble plus (dépenses impulsives, propos décousus, excitation permanente). Emmy ne s'en rend pas compte et poursuit la prise des gélules. Un soir, son état de santé s'aggrave. Elle devient incontrôlable. Sa mère l'emmène à l'hôpital. Emmy est internée en psychiatrie pendant un mois. Un diagnostic de schizophrénie est évoqué.

Sa mère, convaincue que quelque chose échappe aux médecins, récupère la boîte de gélules et la fait analyser. Les résultats tombent : les gélules contiennent des antihistaminiques interdits depuis 20 ans et des corticoïdes puissants. Rien à voir avec un complément alimentaire. Un mélange susceptible de provoquer agitation, confusion et décompensation psychique. Exactement ce qu'Emmy a vécu. Pendant ce temps, la vendeuse des gélules dangereuses continue d'écouler ses produits sur les réseaux.

Une enquête est finalement ouverte et l'affaire est portée devant la justice. La jeune femme est poursuivie pour importation illicite de médicaments, blessures involontaires, tromperie et mise en danger d'autrui. Onze victimes seraient concernées. Le procès est renvoyé au printemps 2026. Emmy va mieux, comme le rapporte Le Parisien. Elle raconte ce qui lui est arrivé pour éviter que d'autres ne tombent dans le même piège. Son histoire souligne un point souvent minimisé : les compléments vendus via TikTok, Instagram ou des sites non contrôlés ne sont soumis à aucune vérification. Ils peuvent contenir des substances interdites, mal dosées ou dangereuses, sans que l'acheteur en ait la moindre idée. Aucun produit ne permet de prendre du poids (ou d'en perdre) rapidement et sans risque. Il est essentiel de se tourner vers un professionnel de santé et de privilégier des circuits fiables : les pharmacies.