Tramadol : le nombre de cachets encore réduit dans les boîtes
L'Agence du médicament est claire : jusqu'à 3 fois moins de comprimés par boîte pour réduire les risques de surdosage.
Indiqué dans le traitement des douleurs modérées à intenses, le tramadol est l'antalgique opioïde le plus prescrit en France. Mais comme tous les autres opioïdes, le tramadol peut être associé à des risques graves pour la santé, surtout lorsqu'il est mal utilisé, c'est-à-dire à des doses supérieures à celles recommandées, par exemple sur une durée prolongée ou en dehors des indications (par exemple comme sédatif pour dormir, ou pour réduire l'anxiété). Dans ce contexte, l'Agence du Médicament (ANSM) renforce sa vigilance afin de réduire les risques et demande aux industriels qui commercialisent des médicaments à base de tramadol de mettre à disposition des boîtes de 10 ou 15 comprimés ou gélules, plus adaptées aux traitements de courte durée. Actuellement, certaines boîtes pouvaient jusqu'ici contenir 30 comprimés, un nombre qui souvent bien trop important. Cette réduction de comprimés limite également les possibilités de stockage familial, réduisant les risques pour les proches des patients. Les boîtes avec un nombre plus important de gélules, adaptées à des traitements de plus longue durée, resteront néanmoins disponibles. Dans ses recommandations, l'ANSM demande également aux professionnels de santé de rester vigilants lors de la prescription ou la délivrance de médicaments contenant du tramadol. Elle recommande aussi de le prescrire le moins longtemps possible, c'est-à-dire entre 3 et 14 jours en cas de douleur aiguë et de le réévaluer tous les 3 à 6 mois dans la prise en charge d'une douleur chronique.
L'ANSM réitère ses recommandations auprès des patients concernant l'usage du tramadol :
- Respectez la dose et le nombre de prises indiqués sur l'ordonnance, ainsi que l'intervalle entre les prises et la durée de traitement.
- Si la douleur n'est pas suffisamment ou rapidement soulagée par votre traitement, consultez à nouveau votre médecin.
- Vous ne devez pas arrêter brusquement votre traitement car cela peut entrainer des manifestations liées au sevrage : nervosité, anxiété, sensation de manque, transpiration, agitation, tremblements, insomnie, diarrhée, voire plus rarement des hallucinations et attaques de panique.
- Respectez les modalités d'arrêt progressif qui vous ont été indiquées par votre médecin ou votre pharmacien.
- Conservez votre traitement dans un endroit clos et non accessible aux enfants.
- Rapportez à la pharmacie les comprimés ou gélules que vous n'avez pas utilisés.
- Ne proposez jamais votre traitement de tramadol à une personne de votre entourage, même si elle vous semble avoir des symptômes similaires aux vôtres.
- Si une personne (enfant ou adulte) a ingéré du tramadol qui ne lui était pas destiné, contactez immédiatement un centre anti-poison ou un service d'urgence : 15 (SAMU), 18 (pompiers) ou 112 (toutes urgences : médicales, incendie, sécurité).
- Personnes à risque de surdosage qui disposent d'un kit de naloxone : si la personne est somnolente, administrez-lui de la naloxone, appelez les secours et maintenez-la éveillée jusqu'à leur arrivée des secours : À partir de 14 ans, vous pouvez utiliser de la naloxone en solution pour pulvérisation nasale. Chez l'adulte, la naloxone en solution injectable par voie intramusculaire est aussi autorisée.
Depuis plusieurs années, le réseau des centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) observe une augmentation des signalements d'abus et de dépendance concernant le tramadol. La dépendance au tramadol peut entrainer des symptômes de sevrage en cas d'arrêt brutal du traitement comme une nervosité, une agitation, de l'anxiété, des insomnies, des tremblements, une sudation ou encore une diarrhée. Cela peut conduire un patient à prolonger la prise de tramadol alors qu'il n'a plus de douleur ou que celle-ci est d'intensité légère.