Un médicament de l'épilepsie responsable d'éruptions potentiellement mortelles

Un médicament contre l'épilepsie et les troubles bipolaires pourrait causer des éruptions cutanées potentiellement mortelles, surtout dans les deux premiers mois de traitement, alerte l'Agence du médicament.

Un médicament de l'épilepsie responsable d'éruptions potentiellement mortelles
© Andrey Popov - stock.adobe.com

Lamictal® et ses génériques, des médicaments contenant de la lamotrigine (un anticonvulsivant) indiqués dans le traitement de l'épilepsie et des troubles bipolaires, pourraient provoquer des éruptions cutanées graves, pouvant nécessiter une hospitalisation et mener au décès, rapporte l'Agence du médicament (ANSM) dans un communiqué du 3 juillet 2023. Ces effets indésirables rares mais sévères surviennent généralement dans les deux premiers mois de traitement. Plus précisément, cela inclut des éruptions pouvant mettre en jeu le pronostic vital comme le syndrome de Stevens-Johnson, le syndrome de Lyell (ou nécrolyse épidermique toxique) et le syndrome de Dress (aussi appelé syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse). Les éruptions peuvent être accompagnées d'autres symptômes comme de la fièvre, des symptômes pseudo-grippaux, un gonflement du visage, l'apparition de ganglions, une irritation de la bouche ou des yeux, des bleus ou des saignements inattendus, une gorge douloureuse, liste l'ANSM. "Ce risque d'éruptions cutanées graves est plus élevé chez l'enfant que chez l'adulte", peut-on lire sur la notice du médicament

Que faire si on prend du Lamictal ?

► Une carte patient est disponible dans les boîtes du médicament pour vous avertir du risque d'éruption cutanée grave associé à la lamotrigine. Conservez-la sur vous en permanence.

► En cas d'apparition des symptômes cités ci-dessus, consultez immédiatement votre médecin ou un service d'urgence.

Les professionnels de santé qui prescrivent Lamictal ou ses génériques en monothérapie doivent respecter la titration nécessaire pendant les 4 premières semaines de traitement afin de réduire le risque d'éruption cutanée grave lié à la lamotrigine. Ils doivent immédiatement déclarer tout effet indésirable suspecté d'être dû à un médicament auprès de leur centre régional de pharmacovigilance. 

Chez l'adulte, lorsqu'elle est nécessaire, une titration prudente est recommandée sur 6 voire 10 semaines : la posologie initiale de lamotrigine doit être réduite de moitié (12,5 mg, soit 1 comprimé de 25 mg un jour sur deux pendant 2 semaines), puis 25 mg / jour pendant 2 semaines, puis, selon la réponse clinique, augmentation de la posologie par paliers de 25 mg toutes les 2 semaines jusqu'à atteindre la posologie d'entretien.

Chez l'enfant, une titration prudente est également recommandée : la posologie initiale de lamotrigine doit être réduite de moitié (0,15 mg / kg / jour pendant 2 semaines) puis reportez-vous aux recommandations du résumé des caractéristiques du produit (RCP).

► Tous les patients (adultes et enfants) qui développent une éruption cutanée sous lamotrigine doivent être rapidement évalués et la lamotrigine doit être arrêtée immédiatement si son imputabilité est suspectée. Chez les patients ayant interrompu le traitement en raison d'une éruption cutanée, l'ANSM recommande une évaluation spécialisée dermatologique et allergologique, ainsi que de ne pas réintroduire la lamotrigine si le lien a été confirmé. 

► En cas d'association à l'acide valproïque ou ses dérivés (valpromide, divalproate), le risque d'éruption cutanée est augmenté compte tenu d'une interaction pharmacocinétique. Cette association est déconseillée.

Quand prendre de la lamotrigine ?

► Dans le traitement de l'épilepsie :

  • En monothérapie ou en association des épilepsies partielles et généralisées, incluant les crises tonico-cloniques chez les adultes et adolescents âgés de 13 ans et plus 
  • Crises associées au syndrome de Lennox-Gastaut chez les adultes et adolescents âgés de 13 ans et plus 
  • En association dans les épilepsies partielles et généralisées, incluant la crise tonico-clonique et les crises associées à un syndrome de Lennox-Gastaut chez les enfants et adolescents de 2 à 12 ans 
  • En monothérapie des absences typiques chez les enfants et adolescents de 2 à 12 ans 

En prévention des épisodes dépressifs chez les patients adultes présentant un trouble bipolaire de type I (caractérisé par la présence d'au moins un épisode maniaque ou mixte) et qui ont une prédominance d'épisodes dépressifs.

  • Lamotrigine : attention au risque d’éruption cutanée grave en particulier au début du traitement, ANSM, 3 juillet 2023