Pénurie de médicaments en France : 2400 traitements touchés, liste
2 400 pénuries de médicaments devraient être constatées en 2020, alerte l'UFC-que-choisir. Un nombre bien trop élevé, qui plus est dans le contexte sanitaire actuel. Quelles conséquences pour les usagers ? Comment expliquer ces pénuries ? Quels sont les traitements concernés ? Y-a t-il une liste ?
Alors que la France traverse une crise sanitaire majeure liée à la Covid-19, un autre problème grossit au fil des jours : la pénurie de certains médicaments. Dans son étude publiée le 9 novembre, l'UFC-que-choisir a dressé un portait alarmant des pénuries de médicaments en France. En 2016, 405 médicaments étaient en pénurie. Ce chiffre, déjà élevé, a été multiplié par 6 en 2020. Selon l'association, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) s'attend à 2 400 médicaments en pénurie en 2020. Une situation qui inquiète l'UFC-que-choisir puisqu'il s'agit de médicaments "d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients."
Plusieurs associations comme France Parkinson, ont déjà fait part de leurs inquiétudes : "Depuis de nombreux mois nous constatons des difficultés croissantes rencontrées par les personnes malades de Parkinson pour s'approvisionner en médicaments indispensables" explique l'association dans un communiqué du 15 octobre 2020. Pourtant, le contexte sanitaire est déjà assez difficile : "Le contexte actuel de la pandémie COVID-19 qui réduit les liens sociaux et la possibilité d'activité physique accroit encore la fragilité physique et psychologique des personnes malades souffrant de Parkinson."
>>> Voir la liste des médicaments en pénurie en France sur le site de l'ANSM
De "piètres alternatives" pour remplacer les médicaments manquants
Si une personne a besoin d'un médicament dans le cadre d'un traitement et que ce dernier n'est plus disponible, le patient peut voir sa situation empirer. Dans 37% des cas, la solution envisagée consiste à mettre à disposition des médicaments initialement prévus pour d'autres pays mais le reste du temps les laboratoires proposent de "piètres alternatives" selon l'UFC :
- soit le laboratoire renvoie le patient vers un autre médicament (dans 30% des cas). Résultat : le nouveau médicament peut induire "des effets secondaires plus importants, ou nécessiter un temps d'adaptation à la nouvelle posologie, particulièrement pour les patients âgés".
- 12% des producteurs indiquent au professionnels de diminuer la posologie. Une "solution" qui met particulièrement en lumière le danger des pénuries sur les usagers.
- dans un cas sur cinq (18%), le laboratoire ne propose aucune solution alternative. Cette alternative est la pire car elle laisse "entrevoir pour les malades une terrible impasse, des annulations de traitements, et in fine, des conséquences médicales qui peuvent être lourdes."
Cause de ces pénuries de médicaments : une logique de rentabilité
Selon l'UFC-que-choisir, la raison de ces pénuries est principalement financière. "Notre étude, sur la base d'une analyse du profil des médicaments en pénurie, montre en effet que les médicaments qui font l'objet de tensions d'approvisionnement ne sont pas les molécules récentes vendues à prix d'or." Au contraire, les médicaments qui cessent d'être produits sont ceux qui ne sont pas vendus chers puisque les trois-quarts coûtent moins de 25 euros, et même un quart moins de 4 euros selon leur étude. Les médicaments en pénurie sont, pour la moitié des médicaments étudiés, remboursés à hauteur de 65%, ce qui signifie qu'ils sont vus "comme rendant un service médical important". Les laboratoires privilégieraient la logique de rentabilité. "Il est grand temps de réarmer l'Etat face aux producteurs, en augmentant dans la loi les possibilités de sanction… et en n'ayant pas la main qui tremble à l'heure d'en faire usage" estime l'UFC.
Les laboratoires obligés de "constituer des stocks suffisants"
En conclusion de son étude, l'UFC-que-choisir demande :
- que les laboratoires soient obligés de "constituer des stocks suffisants pour répondre aux besoins des usagers du système de santé pour l'ensemble des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur",
- que les sanctions envers les laboratoires soient "renforcées" si besoin,
- que les éventuelles relocalisations de production de médicaments en France et en Europe doivent être entreprises grâce à des financements publics, et qu'elles ne concernent "que des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), et prioritairement les plus anciens et concernés par des pénuries récurrentes"
- qu'une production publique de médicaments soit développée afin "d'assurer la fabrication continue de ceux délaissés par les laboratoires".
Source : Pénuries de médicaments. Devant la responsabilité criante des laboratoires, les pouvoirs publics doivent sortir de leur complaisance.UFC-Que-Choisir. 9 novembre 2020.