Un médicament anti cystite dangereux pour la vue ?

Son nom : Elmiron®. Ce médicament prescrit comme traitement des cystites interstitielles et contenant du pentosan polysulfate de sodium pourrait être dangereux pour la vue, selon des recherches présentées à la dernière assemblée de l'Académie Américaine d'Opthalmologie. Trois ophtalmologistes de Californie du Nord ont analysé les dossiers de 4,3 millions de patients. Parmi eux, 140 avaient été fortement exposés au Elmiron®. 91 ont accepté de passer un examen. Les médecins ont pris des images détaillées de l'arrière de leurs yeux. Ils ont alors constaté que 22 des 91 patients présentaient des signes évidents de lésions oculaires liées à la toxicité du médicament. Et la toxicité augmentait avec la quantité consommée, passant de 11% pour ceux qui prenaient 500 à 1 000 grammes de pentosan polysulfate de sodium à 42% pour ceux ayant atteint ou dépassé les 1 500 grammes. 

"C'est malheureux."

"C'est malheureux, a commenté le Dr Robin A. Vora, un des ophtalmologistes. Vous avez un patient souffrant d'une maladie chronique telle que la cystite interstitielle, pour laquelle il n'existe pas de traitement curatif. Il est mis sous médication parce qu'on pense qu'il y a peu d'effets secondaires, peu de risques et années après années, on n'y pense plus, le nombre de pilules augmentent de plus en plus."  Pour ce praticien, les patients qui prennent ce médicament doivent faire un dépistage des lésions de la rétine au moins une fois par an. "Identifiés tôt, les dégâts peuvent être atténués en arrêtant le traitement, ont indiqué les médecins. A un stade avancé, la toxicité peut imiter une DMLA sèche et entraîner une perte de la vision permanente."

Des mises en garde en France durant l'été 2019

En France, Elmiron® est autorisé dans le traitement du syndrome de la vessie douloureuse (nouveau nom pour désigner les cystites interstitielles) chez les adultes souffrant de douleurs modérées à fortes, de mictions impérieuses et fréquentes. Son intérêt est "faible" selon la Haute Autorité de Santé. En juillet 2019, l'Agence nationale du médicament annonçait des cas de maculopathie pigmentaire (stade précoce de DMLA) lors de l'utilisation au long cours de ce médicament. Elle recommandait aux prescripteurs d'effectuer des examens ophtalmologiques réguliers à leurs patients et à ces derniers de consulter rapidement en cas de survenue de troubles visuels tels que des difficultés à la  lecture et une adaptation lente à une luminosité faible ou réduite.

Source : More Evidence Linking Common Bladder Medication to a Vision-threatening Eye Condition. 12 octobre 2019. San Francisco. American Academy of Ophthalmology.