Nathalie Simon : "Je pense à mon périnée 5 à 6 fois par jour"

A 55 ans, Nathalie Simon, ambassadrice de la campagne "#Libérons la parole" d'Always Discreet, veut lever les tabous autour des fuites urinaires et encourager les femmes à en parler. Ménopause, incontinence, changements physiologiques, intimité... L'ex-championne de France de planche à voile s'est confiée au Journal des Femmes.

Nathalie Simon : "Je pense à mon périnée 5 à 6 fois par jour"
© Nathalie Simon pour Always Discreet

C'est aux côtés de Nathalie Simon, ex-championne de France de planche à voile, animatrice de télévision et de radio et chroniqueuse bien-être/santé, que la marque Always Discreet souhaite déconstruire les idées reçues sur les fuites urinaires à travers sa campagne "#Libérons la parole". L'objectif de cette opération ? Briser les tabous qui n'ont pas lieu d'être et encourager les femmes à en parler librement, sans aucune honte. Car "non, l'incontinence n'est pas une fatalité", insiste l'ambassadrice engagée qui s'est confiée -sans tabou- au Journal des Femmes. Rencontre. 

Le Journal des Femmes : Pourquoi avez-vous accepté d'être la porte-parole de la campagne d'Always Discreet "#Libérons la parole" sur les fuites urinaires ?

La ménopause n'est pas un gros mot !

Nathalie Simon : En mai 2019, j'ai écrit un livre ("Les Bienfaits du sport : forme, santé, bien-être", Editions Hugo Doc, nldr) dans lequel je parle de plusieurs moments de ma vie, plus ou moins faciles, et comment le sport m'a aidée à affronter ces moments. Dans ce bouquin, j'ai consacré un chapitre à "Vieillir oui, devenir vieux non" où je ne cesse de répéter que "la ménopause n'est pas un gros mot !". Quand Always Discreet m'a appelée et m'a parlé de sa campagne sur les fuites urinaires, ça m'a tout de suite parlé et ça a fait écho à tous les idées reçues que j'ai entendu sur la ménopause et sur tous les changements physiologiques qu'une femme peut connaître en vieillissant. Et puis, j'ai été sidérée par les chiffres* : 60% des femmes ont connu des fuites urinaires au cours des trois derniers mois et 20% d'entre elles ont moins de 30 ans. C'est quand même incroyable et important d'en parler ! Et, contrairement à ce que beaucoup pense, on voit bien que ça ne concerne pas que les femmes ménopausées ou plus âgées. J'ai donc accepté d'endosser ce rôle d'ambassadrice. Et ce, pour de nombreuses raisons : je suis une femme de 55 ans, donc en plein dans la cible, très sportive et avec un franc-parler et la voix qui porte suffisamment loin pour libérer la parole sur un sujet aussi tabou que celui-ci. D'une part, je cochais toutes les cases et d'autre part, ça me plaisait beaucoup d'être associée à ça. 

Le Journal des Femmes : On sait que les femmes sportives sont plus sujettes aux fuites urinaires. Est-ce un problème dont vous souffrez ?

Je pense souvent à mon périnée, presque 5 à 6 fois par jour.

Nathalie Simon : Je pourrais être concernée vu mon âge et le fait que je fasse énormément de sport. Heureusement non. Je dois remercier ma mère qui était kinésithérapeute et qui me parlait toujours du périnée, un ensemble de muscles qu'on a tendance à oublier. Ma mère, c'était même la première kiné à Orléans à disposer d'un appareil pour remuscler le périnée et à proposer des séances de rééducation à l'aide d'une sonde vaginale. Au départ, elle me parlait du "stop pipi" comme tout le monde à cette époque-là, mais elle m'a surtout conseillé de tonifier mon périnée. Je me souviens qu'elle me disait : "Toi qui es souvent sur ta planche à voile sur l'eau, qui peux faire pipi quand tu en as envie dans ta combi et qui n'as pas besoin de te retenir, pense à ton périnée ! Il faut que tu apprennes à contracter les muscles de ton périnée et à contrôler ta vessie." J'ai suivi son conseil à la lettre ! Encore maintenant, je pense souvent à mon périnée, presque 5 à 6 fois par jour. Là par exemple, je suis capable de vous parler et de le contracter en même temps (rires)

Un gynécologue m'a dit que j'avais "un périnée de Thaïlandaise" !

Pour l'anecdote, lors d'une consultation à Marseille, un gynécologue m'a dit que j'avais "un périnée de Thaïlandaise" et que je lui avais presque "brisé" le doigt lorsqu'il a voulu me faire un toucher vaginal (rires). En fait, il voulait dire que j'avais un périnée ultra tonique. A contrario, il ne faut pas l'avoir trop tonique non plus. Certaines sportives ont le périnée contracté en permanence : elles ne savent pas le relâcher et peuvent aussi avoir des problèmes de fuites.

Le Journal des Femmes : Pourquoi selon-vous, ce sujet est-il encore tabou et finalement peu pris au sérieux ?

On ne peut pas mener une vie normale, aller travailler, sortir, faire des activités, en se faisant pipi dessus !

Nathalie Simon : L'incontinence reste un sujet très intime, presque honteux. D'ailleurs, de nombreuses femmes n'osent en parler à personne, pas même à leur médecin ! Et je peux les comprendre. Quand j'entends des femmes, désespérées après des consultations médicales, à qui on a dit "les fuites urinaires, ce n'est pas si dramatique", ça me met hors de moi. Bien sûr que c'est grave ! Voyons, on ne peut pas mener une vie normale, aller travailler, sortir, faire des activités, en se faisant pipi dessus ! Qui a le droit de dire à une femme que ce qu'elle subit n'est pas grave ? Qui décide qu'une femme est trop vieille pour avoir recours à une opération du périnée ? A partir du moment où une femme est gênée, les médecins doivent lui proposer des solutions. Surtout qu'il en existe. On peut lui apprendre à remuscler son périnée par exemple. S'il y a bien quelque chose qui n'est pas fatigant, c'est bien de muscler son périnée ! Ça, on peut le faire à tout âge ! J'aimerais que toutes les femmes osent en parler et que cela puisse ouvrir des espaces de parole. Et nous de notre côté, médecins, personnalités, journalistes... Multiplions les prises de parole pour rendre ce sujet moins tabou. 

Les fuites, ça reste néanmoins extrêmement invalidant et excluant.

Mais je constate quand même des améliorations sur certains sujets "sensibles"... Par exemple, la perte des cheveux après une chimiothérapie, qui était un sujet très tabou. Aujourd'hui, il y a des tonnes de femmes qui brisent ce tabou et qui, par le biais de vidéos, posent les vrais mots. Elles expliquent comment mettre une perruque ou un turban, elles se montrent sans cheveux, sans sourcils... Et je trouve ça très beau et très courageux. Avant, on n'en parlait pas de ça, on cachait la perte de cheveux. Maintenant, on parvient à la sublimer. Les fuites ne sont peut-être pas un sujet aussi "grave", mais ça reste néanmoins extrêmement invalidant et excluant. 

Le Journal des Femmes : Plus généralement, il y a une méconnaissance du périnée... Hormis peut-être chez les sportives. Entre vous, parlez-vous plus facilement de ce sujet ?

On est beaucoup de femmes à être concernées ! 

Nathalie Simon : Oh non... Les copines que j'ai pu avoir lorsque je faisais de la planche à voile ou les femmes sportives que je rencontre au quotidien ne parlent absolument pas de leurs fuites urinaires. La semaine dernière, j'étais en Martinique sur le Raid des Alizés. Il y avait 200 femmes : 30 équipages composés de 3 femmes sportives et 40 équipages de femmes de tous horizons. Je leur ai fait un petit échauffement avant une épreuve et je leur ai parlé de leur périnée. La plupart d'entre elles ne savaient pas où il se trouvait, ni même comment on pouvait le contracter. A celles qui connaissaient le yoga, je leur ai parlé du "Mula Bandha", une technique spirituelle issue du yoga qui consiste à verrouiller les muscles du plancher pelvien. Beaucoup sont venues me voir après le cours en me remerciant d'avoir parlé du périnée, et en me faisant part pour certaines de leurs problèmes de fuites. Encore aujourd'hui, certaines m'envoient des petits messages : "Nathalie, je pense à mon périnée maintenant !". Il suffit parfois de pas grand chose pour délier les langues et libérer la parole. Et on se rend vite compte qu'on est beaucoup de femmes à être concernées ! 

Le Journal des Femmes : Que diriez-vous aux femmes qui souffrent de fuites urinaires, mais qui ne veulent pas arrêter le sport ?

Nathalie Simon : Il ne faut surtout pas arrêter le sport, quand on connaît tous les bienfaits qu'il a sur le corps, le mental et le fait qu'il peut aider à surmonter de nombreuses maladies. En revanche, on choisit bien son sport et on évite ceux qui impliquent des rebondissements ou des impacts, trop traumatiques pour le périnée. La marche nordique, la randonnée, la natation ou le vélo sont conseillés aux femmes qui veulent ménager leur périnée. Les sports doux, comme le yoga ou le pilates, font travailler en profondeur les muscles du plancher pelvien sans mouvement brusque ni choc. Et puis, comme tous les muscles, on pense à son périnée qui a besoin d'être renforcé par des exercices réguliers, et on ose enfin en parler à son médecin, à son gynéco, à sa sage-femme voire à un urologue... 

*Depuis 35 ans, Always Discreet accompagne les femmes dans leur quotidien grâce à des produits périodiques et des protections pour tous types d'incontinence urinaire, Fin 2019, la marque lance une grande campagne autour des fuites urinaires baptisée "#Libérons la parole" et incarnée par Nathalie Simon, ex championne de France de planche à voile et animatrice télé. A cette occasion, Always Discreet a réalisé un sondage autour de l'incontinence urinaire, mené sur 1 000 femmes représentatives de la population française en octobre 2019. Les résultats ont été dévoilés lors d'une conférence à Paris le jeudi 12 décembre. Enfin, la marque a créé un groupe Facebook consacré aux femmes qui souffrent de fuites urinaires. Il s'agit d'un espace de parole et d'échange qui permet de partager ses propres expériences, sans tabou ni jugement, ses différents ressentis mais aussi de poster ses messages de soutien.