7 questions (sans tabou) sur la masturbation féminine

7 questions (sans tabou) sur la masturbation féminine

La masturbation nuit-elle à l'orgasme ? Faut-il éviter de se masturber pendant les règles ? Y-a-t-il une fréquence normale ? Quels sont les risques ? Qu'est-ce que la masturbation compulsive ? Réponses aux questions les plus taboues sur la masturbation des femmes avec la psycho-sexologue Karine Artaud.

Quelle est la fréquence normale de la masturbation ? 

"Il n'y a pas de normalité en soi, répond la psycho-sexologue Karine Artaud. C'est comme dans l'alimentation, il y a des petits mangeurs et des gros mangeurs. Et d'autres qui n'ont pas de besoin du tout. Si on dit généralement que la femme se masturbe moins que l'homme, ce besoin reste personnel et dépend de chacun. Certaines ont besoin de se masturber trois fois par semaine, d'autres une fois tous les 15 jours voire une fois par mois." D'une manière générale, le danger réside dans le passage de la masturbation-plaisir à la masturbation-compulsion, plusieurs fois par jour. Là, on peut estimer qu'on sort d'un cadre "normal".

Est-ce normal de se masturber quand on est en couple ? 

"Ce n'est pas anormal mais on peut quand même se poser la question de pourquoi on trouve du plaisir seule et pas avec le partenaire, surtout si ça devient très fréquent parce qu'une femme qui trouve plus son plaisir seule va éviter de faire l'amour, va éviter de se faire toucher, caresser justement parce qu'elle sait qu'après elle n'aura pas satisfaction" répond Karine Artaud. Si par contre, la masturbation en solitaire n'empêche pas l'atteinte du plaisir lors du rapport sexuel à deux, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir. De plus, il ne faut pas oublier d'inviter la masturbation lors de l'acte comme un jeu érotique : "On peut se masturber ensemble, face à face, l'un masturbe et l'autre regarde" argue la spécialiste.

Faut-il éviter de se masturber pendant les règles ?

"Il n'y a pas de frein à se masturber pendant les règles, indique la psycho-sexologue. La seule contrainte c'est si la femme a des croyances ou des valeurs qui ont été transmises et qui font que pour elle se masturber pendant les règles c'est sale."  Les règles sont en fait souvent propices au plaisir sexuel. Pour cause, "quelques jours avant il y a un pic hormonal qui pousse la libido et on remarque qu'il y a plus de rapports sexuels" explique notre interlocutrice. L'envie de se masturber peut alors être plus forte durant cette période. 

Conseils : "Bien préparer la pratique avec des serviettes, du temps devant soi et pourquoi pas une éponge végétale qui retient le flux sanguin pendant 2 heures à peu près" conseille Karine Artaud.

"La masturbation est complémentaire, elle aide à mieux se connaître."

Si je me masturbe seule, j'aurai moins envie de faire l'amour avec mon partenaire ?

"Dans l'absolu c'est faux puisqu'on trouve un autre plaisir quand on se masturbe qu'on ne peut pas avoir le partenaire. La masturbation est complémentaire, elle permet de mieux se connaître, de mieux savoir où on va quand on va faire l'amour, de pouvoir communiquer ce que l'on aime et guider son partenaire vers les zones plus réceptives et plus sensibles" répond la psycho-sexologue.

Seul bémol : si on y prend trop de plaisir seule et que le partenaire s'y prend mal pendant l'acte. "Alors la femme ne trouve jamais son plaisir, peut être insatisfaite et préférer se faire plaisir seule."

Si je prends du plaisir seule, j'ai moins de chance d'atteindre l'orgasme lors du rapport à deux ?

"Non, on n'a pas moins de chance d'obtenir l'orgasme parce qu'on se masturbe. Prendre du plaisir seul aide à mieux se connaître, à étendre son désir, or on sait que le désir va aussi avec la fantasmatique et plus on va travailler cette flamme du désir, plus on va l'avoir sur la durée" répond la spécialiste.

Ne pas oublier l'importance de la communication non-verbale pendant l'acte : "Dire ce que l'on aime et ce que l'on veut passe beaucoup par le regard, les gestes, l'attention à l'autre. Il faut éviter de faire des grands discours pendant l'amour mais apporter la main de son partenaire vers les endroits qui nous conviennent le mieux."

La pulsion première de se masturber va permettre de décharger un stress latent.

Y-a-t-il des risques si on se masturbe trop souvent ?

Se masturber trop souvent (plusieurs fois par jour par exemple) ou soudainement plus souvent que d'habitude peut cacher un problème : "Chez la femme comme chez l'homme, la pulsion première (de se masturber, ndlr) va permettre de décharger un stress latent en libérant les endomorphines dans le cerveau. Ces hormones du plaisir vont être sédatives et baisser le niveau de stress."  Peut alors se poser la question de l'origine de ce stress ? Une masturbation trop fréquente a aussi des conséquences sur le corps : "Le cerveau est le premier organe sexuel et on peut vite déborder si on n'y prend pas garde" prévient Karine Artaud qui expose deux types de diagnostic :

  • Soit la femme se masturbe de trop du coup son cerveau prend ce nouveau schéma comme habitude. Il y a alors une espèce de surenchère à l'excitation pour pouvoir atteindre de nouveau le plaisir avec au bout d'un moment un pallier atteint et une incapacité d'avoir du plaisir seule ou en couple.
  • Soit la femme se masturbe tellement souvent qu'elle n'arrive plus à atteindre l'orgasme seule et avec son partenaire parce que c'est banalisé.

"Sans compter que ça entraîne des troubles physiques, émotionnels et psycho-affectifs" ajoute notre interlocutrice. Par exemple : 

  • une fatigue excessive,
  • une perte de vitalité,
  • des troubles du sommeil,
  • de la culpabilité,
  • de la frustration,
  • une irritabilité.

"La personne se masturbe 4, 5, 6, 7 fois par jour et s'isole complètement."

Peut-on devenir accro à la masturbation ?

Oui, on parle de "compulsion masturbatoire". Celle-ci peut ensuite amener à la dépendance et à l'addiction. "L'addiction engendre des gros problèmes, on ne peut plus s'en passer, c'est obsessionnel, c'est plus fort que soi, on doit passer à l'action pour satisfaire le besoin de plaisir. C'est comme une drogue" décrit la psycho-sexologue. La masturbation compulsive empêche les rapports sexuels : "La personne se masturbe quatre, cinq, six, sept fois par jour, elle s'isole complètement."

Merci à Karine Artaud, psycho-sexologue à Chartres.