De l'ail dans le vagin : surtout pas !

Plusieurs femmes racontent sur les réseaux sociaux mettre de l'ail dans leur vagin pour soigner une mycose. Une gynécologue américaine a réagi en expliquant l'absurdité et les dangers d'une telle pratique.

De l'ail dans le vagin : surtout pas !
© 123RF-gregbrave

Ämes sensibles s'abstenir. Après la mode du yaourt dans le vagin pour éviter les infections ou du persil pour mieux réguler le cycle menstruel, c'est au tour de l'ail. Voilà le nouvel aliment miracle anti mycose vaginale... selon les témoignages de femmes diffusés dans des vidéos sur YouTube. Le mode d'emploi est simple : mettre une gousse d'ail dans son vagin pendant 3 jours quand on présente des symptômes de mycoses intimes (démangeaisons, brûlures). Mais pourquoi l'ail ? Parce qu'il est reconnu pour ses effets antibactériens grâce à l'allicine qu'il contient. Mais face aux détractrices de cette nouvelle tendance, une gynécologue américaine, le Dr Jennifer Gunter, a vivement réagi sur Twitter.

"L'effet placebo est fort"

"Les effets antifongiques de l'ail ont été démontrés dans les laboratoires, dans des récipients avec des cellules, votre vagin n'est pas un de ces récipients", argue-t-elle d'entrée. De plus "pour que l'allicine soit libérée, il faut couper ou écraser l'ail" donc elle ne peut pas l'être à l'état de gousse. "Et mettre une gousse d'ail pure coupée ou écrasée directement dans les muqueuses, n'y pensez pas." Sans oublier les risques que cela entraîne, ajoute la gynécologue :

- une gousse d'ail peut contenir des bactéries provenant du sol avec des risques de botulisme quand elle est placée dans le vagin.

- l'ail peut créer des biofilms dans le vagin qui sont de mauvais micro-organismes.

- l'ail peut avoir des méfaits sur les bonnes bactéries présentes dans le vagin et nécessaires à l'équilibre de sa flore. 

"50 à 70% des femmes s'auto-traitent pour une mycose vaginale alors que la moitié n'en avaient pas au départ. L'irritation qu'elles ont eue était peut-être temporaire et résolue sans que l'ail y soit pour quelque chose" explique le Dr Jennifer Gunter, qui estime que "l'effet placebo est fort"

Vagin : un écosystème à ne pas déséquilibrer

Dans le vagin vivent de nombreuses bactéries qui cohabitent naturellement très bien. "La flore vaginale abrite 90% de germes lactobacilles aussi appelés bacilles de Döderlein", nous expliquait le Dr Odile Bagot, gynécologue, dans un récent article sur les tendances dangereuses pour le vagin. Ils assurent un pH vaginal entre 3,8 et 4,5 soit légèrement acide. Ce sont aussi eux qui sont à l'origine des pertes blanches. Dans les 10% restants de germes : des champignons comme les Candida albicans, des colibacilles, le streptocoque et le gardnerella vaginalis. Cet équilibre doit perdurer au risque sinon de laisser se développer des infections (vulvovaginites, mycose...).