Pétition contre le vaccin Gardasil anti cancer du col de l'utérus

Plus de 500 médecins réclament une mission parlementaire afin d'évaluer l'opportunité du vaccin controversé Gardasil contre le cancer du col de l'utérus. Son efficacité est contestée.

Pétition contre le vaccin Gardasil anti cancer du col de l'utérus
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[Mis à jour, le 31/03/2014, 17h25] Après la grogne des patientes contre le Gardasil, celle des médecins. Ils sont aujourd'hui plus de 500 à signer une pétition pour réclamer "une mission parlementaire sur l'opportunité de la vaccination" contre le cancer du col de l'utérus, révèle le Journal du dimanche. Parmi les signataires : Irène Frachon, à l'origine de la révélation du scandale Mediator, le médecin blogueur Dominique Dupagne, des généralistes, pédiatres et gynécologues, tous connus pour leur indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique, mais aussi des pharmaciens et des sages-femmes. C'est le docteur Philippe Chazournes, président de l'association Med'Océan à La Réunion, qui est à l'origine de cette nouvelle fronde contre le vaccin Gardasil. Sur le site de son association, il détaille ses arguments. D'abord le manque de preuves et de données quant à son efficacité et à son inocuité : "les conséquences de la vaccination des jeunes filles sont inconnues et son efficacité reste à prouver, le Haut Conseil de Santé Publique estime à moins de 20 % son efficacité tout virus HPV confondus chez les 16-23 ans, dans les études de références, le vaccin a été testé contre un faux placebo... faux, puisqu'il contenait comme lui, de l'aluminium". Le médecin argue par ailleurs que "le fait de vacciner des femmes ayant déjà commencé leur vie sexuelle semble selon une étude menée en Australie, augmenter chez elles, le nombre de lésions précancéreuses sévères." Enfin, il évoque un vaccin onéreux (369 euros les trois injections, ndlr) et remboursé à 65 % par l'Assurance maladie, donc source d'une dépense lourde. Un coût élevé qui n'a d'ailleurs pas échappé à la Cour des comptes. En octobre 2012, elle évoquait dans un rapport un vaccin "inapproprié". "La priorité devrait être donnée à l'organisation du dépistage", pouvait-on y lire. "Face à cette vaccination les autorités de santé ont montré que la pratique régulière du frottis seul, convenablement réalisé, a fait la preuve de son intérêt dans le dépistage des lésions précancéreuses", écrit encore le docteur Chazoumes. Rappelons que dès 2011 celui-ci s'étonnait déjà qu'on ait mis sur le marché un vaccin sans connaître son efficacité par l'intermédiaire d'une lettre ouverte au ministère de la Santé, Xavier Bertrand. Il dénonçait alors une campagne de vaccination fondée sur une "peur injustifiée". 

De nombreuses jeunes filles ont déjà porté plainte. En novembre dernier, la première plainte à l'encontre du vaccin Gardasil jetait le discrédit sur la vaccination contre le cancer du col de l'utérus. La plaignante de 18 ans, Marie-Océane Bourguignon, accusait en effet le vaccin d'être la cause de graves troubles neurologiques, apparus deux mois seulement après sa vaccination en décembre 2010. Puis en décembre, ce fut au tour de neuf autres jeunes filles de déposer une plainte groupée contre X au tribunal de Bobigny (Seine Saint Denis). Cinq d'entre elles, défendues par Camille Kouchner, souffrent de la maladie de Verneuil, une maladie de peau auto-inflammatoire. Selon l'avocate que nous avions rencontrée, il y a une "coïncidence temporelle" troublante entre la vaccination et l'apparition des symptômes apparus "15 jours à trois mois plus tard" chez toutes les patientes du dossier. "Nous estimons que les bénéfices de ce vaccin ne sont pas assez probants et aujourd'hui nous manquons incontestablement de recul pour affirmer qu'il est efficace pour diminuer le nombre de cancers du col, nous expliquait-elle. Regrettant également que les victimes aient "manqué d'information sur les potentiels effets secondaires du Gardasil". Et d'autant plus, quand on dispose d'un moyen préventif efficace avec le frottis, s'étonnait-elle encore.

Alors que le président François Hollande avait jugé, à l'occasion du lancement du 3e plan cancer, que la couverture vaccinale contre ce vaccin n'était "pas suffisante" en France, et qu'il fallait la "doubler d'ici cinq ans", le vaccin est loin de faire l'unanimité. Reste que les agences de santé française et européenne se veulent rassurantes. La balance bénéfice / risque demeure favorable à la vaccination, selon elles. De plus le taux de déclaration d'effets secondaires est stable depuis la commercialisation du Garadasil. De son côté, le laboratoire Sanofi Pasteur MSD avait démenti fin novembre 2013 tout lien de causalité entre le vaccin Gardasil et le déclenchement de maladies comme la sclérose en plaques.

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