Flambée des mutuelles en 2026 : la facture pourrait augmenter de 10%, les seniors en ligne de mire

Plusieurs facteurs expliquent l'ampleur des hausses des complémentaires santé à venir. Elles étaient en fait déjà prévues depuis longtemps...

Flambée des mutuelles en 2026 : la facture pourrait augmenter de 10%, les seniors en ligne de mire
© Richard Villalon - stock.adobe.com

Alors que les dépenses de santé continuent d'augmenter et que l'inflation pèse déjà sur les budgets, les complémentaires santé s'apprêtent une nouvelle fois à revoir leurs tarifs. Selon les estimations de trois cabinets spécialisés, l'augmentation pourrait atteindre des niveaux très différents selon les contrats : Facts & Figures prévoit une hausse de 2 à 3,5 %, Assurland estime qu'elle se situera entre 3 et 4 %, et Addactis évoque une fourchette encore plus large, allant de 3,4 à 10 %. Cette dispersion reflète la diversité des garanties et des profils assurés, mais aussi la difficulté pour les complémentaires d'absorber l'évolution rapide des dépenses de santé.

Un mouvement amorcé bien avant 2026

Selon BFM TV, cette hausse était largement anticipée. Pendant la crise du Covid, les mutuelles avaient volontairement limité la progression de leurs tarifs afin de ne pas aggraver la pression déjà très forte sur le pouvoir d'achat. Résultat : les hausses ont été contenues pendant deux à trois ans, en décalage avec une inflation record. Depuis, les complémentaires santé rattrapent ce retard tarifaire. En 2024 et 2025, les cotisations ont augmenté de 6 à 7 %, marquant un tournant dans la dynamique du secteur. Sur une période de cinq ans, la facture des assurés a ainsi bondi de 27 % en moyenne, une progression qui pèse lourdement sur les budgets des ménages.

Plusieurs facteurs expliquent l'ampleur des hausses à venir. D'abord, le vieillissement de la population contribue mécaniquement à accroître les dépenses de santé : davantage de consultations, d'examens, de traitements chroniques, et donc davantage de remboursements pour les mutuelles. Ensuite, les nouveaux traitements et médicaments, souvent issus de la recherche la plus récente, sont plus performants mais aussi beaucoup plus coûteux. Certains ne sont pas remboursés par l'Assurance maladie, ce qui augmente la charge supportée par les complémentaires. Les mutuelles doivent également financer le dispositif du "zéro reste à charge", mis en place pour permettre aux assurés de bénéficier de lunettes, de prothèses dentaires ou d'appareils auditifs sans frais supplémentaires. Ce dispositif, bien qu'utile, représente un coût important pour les complémentaires et contribue à la hausse structurelle des cotisations.
Enfin, une taxe exceptionnelle d'un milliard d'euros plane toujours sur les mutuelles. Si elle était adoptée, même partiellement, une partie de cette charge pourrait être répercutée sur les assurés dès 2026.

Au-delà des pourcentages annoncés, les montants réellement payés diffèrent fortement selon l'âge, la composition du foyer et le lieu de résidence. Aujourd'hui, un jeune actif débourse en moyenne 37 € par mois, tandis qu'un couple de 60 ans paie environ 252 €, et une famille avec deux enfants autour de 133 €. Ces écarts s'expliquent par des besoins de santé différents et par un risque médical statistiquement plus élevé avec l'âge. Les disparités géographiques sont également marquées. Les cotisations moyennes les plus élevées s'observent dans des départements urbanisés où l'offre de soins est importante et où les dépassements d'honoraires sont fréquents : Bouches-du-Rhône : 151,87 € par mois ; Paris : 146,09 € ; Hauts-de-Seine : 144,73 €. À l'inverse, les territoires les moins coûteux restent : Creuse : 125,88 € par mois ; Côtes-d'Armor : 126,89 € ; Loire-Atlantique : 126,91 €. Ces variations reflètent des pratiques médicales différentes, mais aussi un rythme de consommation de soins moins intense dans certaines zones rurales.

Si la majorité des contrats seront touchés, l'impact sera particulièrement sensible pour les seniors, les foyers modestes et les assurés ayant opté pour des garanties renforcées. Ces hausses successives soulèvent également une question plus large : celle de la place et du rôle des complémentaires dans un système de santé sous tension, où les besoins augmentent plus vite que les financements. Pour les ménages, 2026 s'annonce comme une année de plus où la couverture santé pèsera lourd dans le budget, avec un risque croissant de renoncement aux soins pour les plus fragiles.