La science a tranché : ce groupe sanguin serait "le maillon faible" du système immunitaire

Certaines personnes sont-elles plus fragiles à cause de leur groupe sanguin ? Nous avons posé la question au Pr Jean-Daniel Tissot, hématologue et ancien doyen de la Faculté de biologie et de médecine de Lausanne.

La science a tranché : ce groupe sanguin serait "le maillon faible" du système immunitaire
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A, B, AB, O... Le groupe sanguin est propre à chaque individu. Plusieurs études ont été menées sur "groupe sanguin et santé". Certaines ont mis en évidence que le groupe sanguin pouvait influer sur le risque de troubles de la mémoire, de cancer et même sur l'espérance de vie. Peut-il aussi avoir un impact sur le système immunitaire ? Partant de là, certaines personnes de groupe sanguin A, B ou O sont-elles naturellement plus ou moins résistantes aux infections et maladies ?

L'idée qu'un groupe sanguin soit "plus faible" qu'un autre intrigue. Pour le Pr Jean-Daniel Tissot, hématologue et ancien doyen de la Faculté de biologie et de médecine de Lausanne, la réalité est nuancée. "Il existe des différences de susceptibilité à certaines maladies" confirme-t-il. Les groupes sanguins dépendent de marqueurs génétiques situés à la surface des cellules. "Le groupe O a un certain avantage vis-à-vis de certaines infections, mais il présente aussi un risque accru de troubles de la coagulation" précise le Pr Tissot. Inversement, "les individus de groupes A, B et AB sont plus exposés aux maladies cardiovasculaires et aux thromboses". Des recherches relayées dans des journaux scientifiques reconnus, comme Frontiers in Immunology, ont aussi montré que les personnes du groupe A ont un risque statistiquement augmenté de développer une infection ou des formes plus sévères de maladies virales comme la Covid-19, par rapport aux individus du groupe O.

Ces différences sont réelles, mais "elles relèvent de tendances épidémiologiques, pas de vérités absolues" tempère notre interlocuteur. Aussi, selon lui, elles ne suffisent pas à faire d'un groupe "un mauvais élève immunitaire". Ces variations sont aussi géographiques : "La répartition des groupes sanguins n'est pas la même en Europe, en Afrique ou en Asie". Les comparaisons doivent donc être faites avec prudence, car "la "faiblesse" apparente d'un groupe dépend du contexte infectieux et environnemental".

Le Rhésus, lui, ne joue "aucun rôle dans la défense immunitaire face aux infections" ajoute notre interlocuteur. Son importance réside ailleurs : chez les femmes Rh-négatif, une incompatibilité avec un fœtus Rh-positif peut provoquer une maladie hémolytique du nouveau-né. Une situation rare aujourd'hui grâce au dépistage et à la prévention. En conclusion, aucun groupe n'est condamné à tomber plus souvent malade. Tous sont le fruit de l'évolution et possèdent leurs atouts. "Dans la vie quotidienne, le groupe sanguin ne joue qu'un rôle mineur sur la santé", rappelle l'hématologue. Retenons donc que ce sont nos comportements, et non nos gènes, qui déterminent la solidité de notre immunité.