C'est l'heure où le cerveau perd le contrôle et les idées noires apparaissent : il faut dormir avant

Ne pas dormir augmente les pensées négatives, les comportements impulsifs et perturbent l'horloge biologique.

C'est l'heure où le cerveau perd le contrôle et les idées noires apparaissent : il faut dormir avant
© 123rf

On le sait : une mauvaise nuit affecte notre humeur et notre patience le lendemain. Mais ce que l'on sait moins, c'est que rester éveillé au cœur de la nuit modifie le fonctionnement du cerveau. Dans une étude, les chercheurs décrivent ce phénomène comme une "dysrégulation cognitive et comportementale". Quand on reste éveillé jusqu'à une certaine heure, les émotions négatives prennent le dessus et le cerveau s'oriente vers des pensées sombres et des comportements à risque. "Si vous êtes déjà resté éveillé tard à commenter avec colère des publications sur les réseaux sociaux, à manger un pot entier de glace ou à ouvrir une autre bouteille de vin, vous pourriez vous identifier à cette hypothèse", illustre la chercheuse Elizabeth B. Klerman, professeure de neurologie à la Harvard Medical School. 

Pour identifier l'heure exacte où ces phénomènes apparaissent, les chercheurs ont analysé des décennies de données sur le comportement humain et les rythmes circadiens (les cycles de 24 heures qui régissent le sommeil, l'éveil, la faim, la température corporelle ou encore l'humeur). Passé un certain point de la nuit, tout se dérègle : la perception du positif s'effondre, celle du danger augmente, et le cerveau produit davantage de dopamine. Cette dopamine stimule la recherche de récompense immédiate, donc les prises de risque, au moment même où le cortex préfrontal, siège du jugement et du contrôle de soi, fonctionne le moins bien. "Votre corps produit naturellement plus de dopamine la nuit, explique la Dr Klerman. Cela peut modifier le système de récompense et de motivation et augmenter la probabilité d'adopter un comportement à risque." Résultat : les suicides, les crimes violents, la consommation de substances ou les fringales d'aliments gras et sucrés sont statistiquement plus fréquents la nuit.

L'heure critique identifiée par l'étude est minuit. Dans la revue "Frontiers", les scientifiques expliquent que c'est à ce moment-là que notre organisme bascule naturellement d'un mode d'éveil actif vers un mode de repos, où les systèmes hormonaux et neuronaux se réorganisent pour favoriser le sommeil. Si l'on reste éveillé, ces mécanismes s'emballent et perturbent l'équilibre chimique du cerveau. Après ce seuil, notre biologie entre donc dans une phase qui favorise le sommeil. Rester éveillé revient à lutter contre son horloge interne. "Notre horloge biologique est réglée pour le sommeil, pas pour l'éveil, après minuit", confirme le Dr Klerman.

Pour s'endormir avant cette fenêtre critique, il est recommandé de maintenir une bonne hygiène de sommeil. Il est préconisé de maintenir la chambre à 18°C, d'éviter repas lourds et excitants (caféine, alcool), et de s'éloigner des écrans bien avant le coucher. Enfin, garder des horaires réguliers de coucher et de lever, même le week-end, reste la meilleure façon de synchroniser son horloge interne, et de protéger son cerveau.