"J'ai payé cher pour me faire intoxiquer" : la vie de Candice a viré au cauchemar après la pose de ses implants mammaires
Candice a probablement été victime du syndrome ASIA.
Chaque année, près de 70 000 implants mammaires sont posés en France. Que ce soit pour des raisons esthétiques, dans le cadre d'une reconstruction mammaire ou d'une malformation congénitale, les prothèses décomplexifient et changent la vie de beaucoup de femmes. Pour d'autres, ils sont plutôt synonymes d'enfer. C'est notamment le cas de Candice qui souhaite aujourd'hui partager son histoire au Journal des Femmes. "J'ai toujours eu une petite poitrine, mais ça ne m'a jamais complexé. Pourtant, il y a 4 ans, j'ai "franchi le cap" et j'ai réalisé une augmentation mammaire sous l'influence de mon petit ami de l'époque", se souvient la jeune femme aujourd'hui âgée de 35 ans.
Au début, Candice est contente de sa nouvelle poitrine, tout se passe bien. Deux ans après, les choses se compliquent. "J'ai commencé à avoir des œdèmes au niveau de la cheville droite, ce qui m'a poussé à consulter des spécialistes (angiologues, rhumatologues...) qui m'ont dit qu'il n'y avait rien et que c'était sûrement lié à des problèmes de circulation". Quelques mois plus tard, c'est l'effet "boule de neige". La jeune femme fait une réaction allergique au niveau du visage : une acné rosacée qui est traitée en premier lieu avec de la Soolantra® - un anti-inflammatoire - puis des picotements et des sensations de brûlures insupportables sont arrivés. "Je ne sais pas si mon visage n'a pas/plus supporté le traitement mais je ne savais plus quoi mettre sur mon visage pour me soulager. Ma dermato ne savait plus quoi faire pour m'aider", nous raconte-t-elle. Elle souffre ensuite de remontées acides qui ont conduit à une gastroscopie. L'examen révèle une gastrite minime, mais rien d'alarmant. "Je dois prendre de l'oméprazole (un anti-acide, ndlr) et mon corps ne le supporte absolument pas : j'ai des œdèmes très importants au niveau des jambes, du bas-ventre et du pubis. C'est comme si mon corps ne tolérait plus rien et c'est allé en s'aggravant".
"J'ai perdu 6 kilos en 3 mois, j'étais tout le temps fatiguée, je ne me reconnaissais plus"
Début 2024, soit quasiment 4 ans après l'opération, se sont succédés tout un tas de symptômes qui allaient et venaient : des maux de tête intenses, un état grippal avec des douleurs articulaires et musculaires, des yeux très secs, une hypersensibilité à la lumière, une perte de sensibilité au niveau des doigts, des picotements dans tout le corps, des problèmes dentaires, des sueurs nocturnes, des palpitations cardiaques, des troubles intestinaux, un ventre toujours gonflé, des troubles cognitifs avec de gros problèmes de concentration et des moments de déconnexion, des problèmes de sommeil, la peau très sèche, une perte de cheveux, d'envie et d'appétit. "J'ai perdu 6 kilos en l'espace de 3 mois, j'étais tout le temps fatiguée, je ne me reconnaissais plus et je n'en pouvais plus d'autant que j'avais une vie hyper saine". Candice enchaîne les analyses de sang et les examens, mais rien n'en ressort.
"Pour moi, tout devenait évident"
Un jour, la jeune femme constate des plaques rouges autour de la poitrine ainsi que des douleurs lancinantes dans les seins. "Ça me lançait et ça me piquait très souvent. Pour moi, tout devenait évident : j'ai fait le lien avec les prothèses et j'ai contacté mon chirurgien afin de faire des examens. Une IRM a montré une éventuelle rupture au niveau des prothèses. Pour le vérifier, il fallait ouvrir", confie-t-elle. Candice décide de se faire retirer les prothèses et le chirurgien ne constate finalement pas de rupture. En parallèle, elle rejoint un groupe Facebook de femmes qui présentent les mêmes symptômes et plusieurs évoquent le syndrome ASIA (pour Autoimmune/Autoinflammatory Syndrome Induced by Adjuvants)...
"J'ai payé cher pour me faire intoxiquer"
Ce syndrome serait lié à une réaction du corps face à ces corps étrangers (prothèses en elle-même ou constituants). Une réaction qui surviendrait avec un intervalle de temps moyen de 4 ans entre l'implantation et le début des symptômes, rapporte l'une des seules études sur le sujet. En fait, c'est comme si le corps luttait quotidiennement : il s'épuise et ne supporte plus grand chose d'où tous ces troubles/réactions allergiques et en fonction des organismes et du temps cela peut aller jusqu'à déclencher des réactions inflammatoires et auto-immunes, repérables dans les analyses de sang. "Cela n'a pas été mon cas donc on ne peut pas affirmer à 100% que j'ai le syndrome ASIA mais comme m'a dit un médecin interniste qui s'occupe de ce syndrome, il est fort probable que mes soucis soient liés aux prothèses. Dans mon cas ce qui a été clair, c'est que mon corps n'en pouvait plus et il me l'a fait comprendre (comme pour d'autres femmes)", décrit-elle.
Le diagnostic n'est pas évident à poser : souvent on met ça sur le compte du psychologique, du burn-out, de l'âge… "Mon médecin traitant n'est pas allé dans ce sens là et m'a toujours soutenue c'est pour ça qu'il m'a fait faire beaucoup d'examens (très nombreuses prises de sang) et envoyé chez des spécialistes (cardiologue, neurologue, rhumatologue, angiologue, endocrinologue, allergologue, médecin interniste…) pour ne pas passer à côté de quelque chose. Des personnes de mon entourage n'ont pas compris et ne comprendront jamais je crois. J'aurais aimé que ces personnes vivent une journée dans mon corps, ce corps que je connaissais par cœur mais que je ne reconnaissais plus, qui était complètement déréglé"
Depuis le retrait des prothèses il y a 2 mois et demi, Candice voit des petites améliorations au niveau de sa santé. Son ventre a immédiatement dégonflé, elle dort mieux. Mais le chemin vers la guérison totale est encore long. "Je suis en colère car si j'avais su que ces implants pouvaient me rendre malade, jamais je n'aurais fait l'opération. J'aimerais tellement revenir en arrière. Ça a eu un tel impact dans ma vie privée et professionnelle. Je me sentais tellement mal à tous les niveaux... En fait, j'ai payé cher pour me faire intoxiquer". Aujourd'hui, elle a repris le travail à 50% et a souhaité témoigner pour que de futures femmes se fassent opérer en toute connaissance de cause. "Cette intervention est loin d'être sans risque. Avant de faire l'augmentation mammaire, le chirurgien m'avait dit que les implants se retiraient très facilement… Aujourd'hui je dois faire 3 séances de kiné par semaine pour essayer de retrouver ma poitrine, j'ai eu des grosses adhérences après avoir fait retirer mes prothèses. Tout a été trop banalisé, il y a eu un gros manque de transparence. Je ne pensais pas que la chirurgie esthétique pouvait faire autant de mal…"