Que les fumeurs déculpabilisent : "Il est plus dur d'arrêter de fumer du tabac que d'arrêter l'héroïne"

La nicotine est la drogue la plus dure que l'on trouve sur le marché.

Que les fumeurs déculpabilisent : "Il est plus dur d'arrêter de fumer du tabac que d'arrêter l'héroïne"
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15 millions de Français fument dont 12 millions tous les jours. Un sur quatre a déjà essayé d'arrêter au moins une semaine.Tous savent à quel point il est difficile de tenir sur la durée. Pour ceux qui y arrivent, c'est une vraie victoire car la dépendance au tabac est très forte. Le Pr Yves Martinet, pneumologue et président du Comité National contre le Tabagisme (CNCT) nous le  confirme : "Il est plus dur d'arrêter de fumer du tabac que d'arrêter l'héroïne. La nicotine est une drogue dure, la plus dure que l'on trouve sur le marché." Et il ne suffit pas de réduire sa consommation pour avoir les bienfaits de l'arrêt du tabac (comme c'est le cas pour l'alcool) mais de "viser l'arrêt complet", rappelle notre interlocuteur.

"Quelqu'un qui fume 15 cigarettes et qui passe à 5 cigarettes par jour n'a pas de réduction de risque pour sa santé. Quand on réduit, on modifie son mode de fumage et ça ne change pas grand chose pour la santé. De même, les personnes qui consomment la cigarette électronique et continuent de fumer quelques cigarettes par jour ne réduisent pas non plus les risques pour leur santé, ils les augmentent en ajoutant les risques de la cigarette électronique à ceux du tabac de la cigarette. L'objectif c'est zéro tabac fumé."

"Le plus efficace c'est..."

En moyenne, les fumeurs quotidiens (adultes) fument 12-13 cigarettes par jour selon les données de l'OFDT. "Si on n'arrive pas à arrêter du premier coup, il ne faut pas s'affoler, rassure le Pr Martinet. Mais ré-essayer." Pour arrêter de fumer, il ne faut pas hésiter à se faire aider par un professionnel de santé pour bénéficier d'un soutien psychologique et de la prescription de substituts nicotiniques (sur ordonnance, ils sont pris en charge à 65% par l'Assurance maladie avec complément fréquent par les mutuelles). "Le soutien est très important et renforce les effets et l'efficacité des substituts et réciproquement" argue le spécialiste. Pour lui, "le plus efficace est d'associer les patchs qui donnent une libération continue de nicotine pendant la journée aux formes buccales qui vont servir à combler les manques de nicotine en journée, qui ne sont pas couverts par les patchs".

Gommes, pastilles, sprays… "Le fumeur va tester et voir ce qui lui convient le mieux." L'idée étant d'arrêter ces aides au bout de 3 mois, 6 mois ou 1 an selon chacun. Il est important de les prendre en respectant les posologies car il existe un risque de dépendance et des effets indésirables (comme pour tous médicaments), ceux-ci sont très modestes.