Cancer : un médicament capable de "faire disparaitre" les tumeurs de certains patients
Il pourrait "tripler leurs chances de survie".
Lorsqu'un cancer est dépisté, plusieurs traitements sont proposés aux patients au cas par cas pour lutter contre la maladie. Opération, radiothérapie, chimiothérapie... Ces protocoles visent à empêcher qu'elle ne s'étende et à minimiser au maximum les risques de récidives. Ils sont souvent lourds pour les patients et induisent de nombreux effets secondaires difficiles à supporter. Un essai clinique anglais appelé "NEOPRISM-CRC", présenté le 2 juin à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology de Chicago (ASCO), a mis en lumière l'efficacité d'un médicament d'immunothérapie capable de "tripler les chances de survie" de certains patients.
Dans cet essai, 32 patients atteints d'un cancer colorectal de stade 2 ou 3 opérable et présentant un certain profil génétique plus à même de répondre au médicament d'immunothérapie ont été sélectionnés. Ils ont reçu le traitement pendant 9 semaines au lieu du traitement habituel de chimiothérapie et de chirurgie. Les résultats indiquent que 59% des patients ne présentaient plus aucun signe de cancer après l'immunothérapie. Chez les 41% restants "tout cancer a été éliminé au cours de la chirurgie (qui a suivi la prise du médicament, ndlr)" peut-on lire dans le communiqué de presse. En comparaison, lorsqu'une chimiothérapie est administrée à des patients présentant ce profil génétique, moins de 5% ne présentent plus de signe de cancer après la chirurgie.
Jusqu'à 19 mois sans cancer
La période médiane sans cancer était de 9,7 mois et variait de 5 à 19 mois selon les patients de l'essai. "L'immunothérapie préalable à la chirurgie pourrait bien changer la donne [...]. Non seulement le résultat est meilleur, mais cela évite aux patients de subir une chimiothérapie plus conventionnelle, qui entraine souvent davantage d'effets secondaires" s'est réjoui le Pr Mark Saunders, oncologue clinicien. Le médicament peut "complètement changer le visage du traitement du cancer. L'immunothérapie peut faire disparaitre les tumeurs avant la chirurgie", a ajouté le Dr Kai-Keen Shi, chercheur en chef de l'essai dans l'Express.uk.
Le traitement plébiscité ici est le "pembrolizumab", un médicament relativement récent qui agit en stimulant le système immunitaire pour lutter contre les cellules cancéreuses. C'est le principe de l'immunothérapie qui se distingue de la chimiothérapie qui s'attaque directement à la tumeur. En France, le pembrolizumab est commercialisé sous le nom de Keytruda®, et est indiqué "en association à une chimiothérapie [...] puis poursuivi après la chirurgie en monothérapie comme traitement adjuvant" lors de cancers du sein triple négatifs, inflammatoires ou précoces à haut risque de récidive, rappelle la Haute Autorité de Santé. Il peut aussi être indiqué dans le traitement de cancers du poumon à haut risque de récidive. "Nos résultats indiquent que le pembrolizumab est un traitement sûr et très efficace pour améliorer les résultats chez les patients atteints de cancers de l'intestin à haut risque. augmentant les chances de guérir la maladie à un stade précoce. Nous devons attendre pour voir si les patients de notre essai resteront sans cancer sur une période plus longue, mais les premières indications sont extrêmement positives" a poursuivi le Dr Kai-Keen Shi. Pour l'instant, il a annoncé "étendre l'essai à plus de 70 patients dans l'espoir de démontrer l'impact de ce médicament sur la survie sans rechute".