Bipolarité : ce régime ultra-populaire aurait des bienfaits "énormes" selon des chercheurs
"Il peut inverser l'obésité, le syndrome métabolique et la résistance à l'insuline".
Les personnes souffrant de troubles mentaux comme la schizophrénie ou la bipolarité sont amenées à prendre des traitements médicamenteux qui, bien qu'aidant à réguler les dysfonctionnements cérébraux, provoquent souvent des effets secondaires métaboliques comme une résistance à l'insuline et une prise de poids pouvant mener à l'obésité et les pousser à arrêter leur traitement. D'après une nouvelle étude américaine, un changement de régime alimentaire pourrait réduire ces effets secondaires et améliorer les symptômes psychiatriques de ces maladies mentales graves. "Nous avons pensé qu'il serait intéressant d'explorer ce traitement dans des conditions psychiatriques" explique la Pr Shebani Sethi de la Stanford Medicine, autrice de l'étude.
Au cours d'un essai pilote mené pendant quatre mois, et dont les résultats ont été publiés dans la revue "Psychiatry Research", son équipe a suivi 21 adultes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie ou de trouble bipolaire, prenant des médicaments antipsychotiques et présentant une anomalie métabolique. Le test consistait à modifier leur alimentation en supprimant au maximum les apports en glucides (sucre). Leurs menus se composaient précisément de 10% de glucides, 30% de protéines et 60% d'acides gras. Quand l'étude a commencé, 29% des participants répondaient à 3 critères ou plus du syndrome métabolique (obésité abdominale, taux de triglycérides élevé, pression artérielle élevée, glycémie à jeun élevée, faible taux de HDL cholestérol). À la fin de la période d'étude, plus aucun participant n'y répondait. Ceux qui ont suivi complètement le régime "ont connu une réduction significative du poids (12%), de l'IMC (12%), du tour de taille (13%) et du tissu adipeux viscéral (36%)". Leur tension artérielle a baissé de même que leur taux de sucre dans le sang et de triglycérides.
Ce régime qui a déjà fait ses preuves contre l'obésité, le diabète de type 2 et l'épilepsie, semble améliorer non seulement la santé métabolique des personnes atteintes de troubles psychiatriques, leur permettant de mieux supporter leurs médicaments, mais aussi réduire leurs symptômes : "Nous constatons d'énormes changements. Même si vous prenez des antipsychotiques, nous pouvons toujours inverser l'obésité, le syndrome métabolique, la résistance à l'insuline. Je pense que c'est très encourageant pour les patients" a commenté la Pr Sethi.
Dans l'ensemble, les participants ont signalé "des améliorations de leur énergie, de leur sommeil, de leur humeur et de leur qualité de vie. Ils se sentent en meilleure santé et ont plus d'espoir". A la fin de l'essai, plus de la moitié ont adopté le régime proposé par les auteurs qui était le régime "cétogène" aussi appelé "kéto". Cet engouement semble favorable pour la suite des recherches d'après les experts : "Il est très prometteur et très encourageant de pouvoir reprendre le contrôle de sa maladie d'une manière ou d'une autre, en dehors des soins habituels", explique la Pr Shebani Sethi. D'après son équipe, comme le régime cétogène améliore le métabolisme du corps, il améliorerait aussi le métabolisme du cerveau. Il existe de plus en plus de preuves selon lesquelles les maladies psychiatriques telles que la schizophrénie et la bipolarité proviennent de déficits métaboliques dans le cerveau qui affectent l'excitabilité des neurones.