Mortalité cardiaque : ce régime très connu augmenterait le risque de décès de 91%
Les scientifiques ont mis en lumière des méfaits à long terme et appellent à la prudence.
C'est un mode alimentaire de plus en plus populaire notamment sur les réseaux sociaux grâce aux influenceurs lifestyle. On lui prête de nombreuses vertus allant de la perte de poids rapide jusqu'au nettoyage du corps. Très vite, les adeptes se déclarent plus légers, moins fatigués... mais on sait peu de choses sur ses effets à long terme. D'où l'étude menée par le Pr Victor Wenze Zhong de l'École de médecine de l'Université Jiao Tong de Shanghai (Chine) et présentée lors d'un congrès de l'American Heart Association à Chicago le 18 mars 2024. "Restreindre le temps de repas quotidien à une courte période, par exemple 8 heures par jour, a gagné en popularité ces dernières années [...] cependant les effets à long terme sur la santé d'une alimentation limitée dans le temps, y compris le risque de décès quelle qu'en soit la cause ou de de maladie cardiovasculaire, sont inconnus" a-t-il expliqué. Derrière l'alimentation "limitée dans le temps", les chercheurs ont ciblé le jeûne intermittent. Il consiste à manger uniquement à certains moments de la journée dans le but de mettre notre organisme au repos (et de puiser dans nos graisses).
Des chercheurs surpris de leur découverte
Il existe plusieurs types de jeûne intermittent. Les chercheurs se sont concentrés sur sa version la plus populaire dit 16/8 dans laquelle la prise des repas se fait dans une fenêtre de 8 heures et le jeûne sur les 16 heures restantes de la journée. Ils ont analysé les données de 20 000 adultes américains de 2003 à 2018 sur la base d'informations autodéclarées de leurs habitudes alimentaires. Ils ont ensuite relié ces déclarations aux données nationales des personnes décédées aux Etats-Unis. Résultat : le jeûne intermittent ne réduit pas le risque global de décès. En revanche et c'est plus inquiétant, les adeptes de ce régime alimentaire avaient un risque de décès par maladie cardiovasculaire plus élevé de 91% que la moyenne. Par ailleurs, les volontaires souffrant déjà de maladies cardiovasculaires et mangeant sur 8 à 10 heures par jour avaient un risque 66% plus élevé de décès par maladie cardiaque ou accident vasculaire cérébral. "Nous avons été surpris de constater que les personnes qui suivaient un jeûne 16/8 étaient plus susceptibles de mourir d'une maladie cardiovasculaire. Même si ce type de régime est populaire en raison de ses avantages potentiels à court terme, nos recherches montrent clairement que, comparé à une durée typique de repas de 12 à 16 heures par jour, une durée de repas plus courte n'est pas associée à une vie plus longue" a expliqué le Pr Zhong.
Faire preuve de prudence
Selon lui, "il est crucial que les patients, en particulier ceux souffrant de maladies cardiaques ou d'un cancer, soient conscients de l'association entre une fenêtre de repas de 8 heures et un risque accru de décès cardiovasculaire. Les résultats de notre étude encouragent une approche plus prudente et personnalisée des recommandations alimentaires, garantissant qu'elles correspondent à l'état de santé d'un individu et aux dernières preuves scientifiques". Pour autant, si l'étude confirme "des effets indésirables à long terme", aucun décès dû à une maladie cardiovasculaire n'a directement été relié à un jeûne 16/8. Elle ne s'est pas penchée sur la qualité nutritionnelle des repas de ses sujets ou sur leurs facteurs de risques cardiovasculaires (poids, stress...) et s'est basée sur des autodéclarations pouvant être altérées par la mémoire des participants, ont souligné les auteurs. Elle mérite ainsi d'être confirmée par de nouvelles recherches pour examiner les mécanismes biologiques qui relient les horaires de prise de repas aux risques cardiovasculaires.