Les acariens responsables d'une maladie de peau qui donne des taches ?
Au contact de la peau, les acariens pourraient entraîner un détachement des mélanocytes de l'épiderme et ainsi une dépigmentation, selon des chercheurs français de l'Inserm.
De taille microscopique (moins de 0.5 mm) et généralement retrouvés dans les endroits chauds comme le linge de lit, les oreillers, les vêtements, mais aussi dans les poussières de la maison (tapis, rideaux...), les acariens sont connus pour être des facteurs de risque d'allergie chez les personnes sensibles. Chose plus étonnante : ils pourraient aussi être impliqués dans la survenue d'une maladie auto-immune qui dépigmente la peau, selon des chercheurs français de l'Inserm. Cette maladie liée à un dysfonctionnement du système immunitaire entraîne l'apparition de taches blanches sur les zones atteintes (les mains par exemple). Ce phénomène est dû à la disparition des mélanocytes, les cellules de l'épiderme qui produisent la mélanine, le principal pigment qui colore la peau. Ces dépigmentations peuvent survenir à n'importe quel moment de la vie, à n'importe quel âge et sur toutes les parties du corps y compris au niveau du visage.
"Il y aurait une susceptibilité accrue de certaines peaux aux acariens"
Comme les acariens peuvent déclencher des allergies "cela nous a conduit à soupçonner qu'ils pourraient avoir un lien avec les anomalies du système immunitaire observées dans le vitiligo" explique Méri Tulic, chercheuse Inserm qui a participé à l'étude. Pour confirmer l'hypothèse, ils ont prélevé des échantillons de peau de patients atteints de vitiligo et de patients sains et les ont exposés à des acariens. L'exposition a provoqué la sécrétion de plusieurs molécules d'inflammation et une augmentation de la concentration en protéines appelées "protéases". Les acariens produisent un grand nombre de protéases. "Les analyses ont confirmé qu'une protéase d'acarien appelée "Der p1" détruit la E‑cadhérine dans l'épiderme et provoque le détachement des mélanocytes [donc des pertes de pigmentation]" a commenté Méri Tulic. "Et si ce phénomène a été observé dans tous les échantillons, il était environ cent fois plus important dans ceux issus de patients atteints de vitiligo qu'avec les prélèvements de peaux non malades. Il y aurait donc une susceptibilité accrue de certaines peaux aux acariens." Les scientifiques veulent désormais savoir si les patients allergiques aux acariens sont plus vulnérables face au risque de développer le vitiligo.