Programme Santé Macron-Le Pen : quelles différences ?

PRESIDENTIELLES 2022. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont à nouveau face à face pour le second tour de l'élection présidentielle prévu le 24 avril 2022. Leurs programmes santé diffèrent mais que proposent-ils exactement ? Quelles priorités pour l'hôpital public ? La médecine de ville ? La qualité des soins ? Décryptage.

Programme Santé Macron-Le Pen : quelles différences ?
© Thibault Camus/AP/SIPA (publiée le 11/04/2022)

Après 2017, 2022. Dimanche 24 avril prochain, les candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'opposeront pour le second tour de l'élection présidentielle. Leurs visions de la France diffèrent sur de nombreux points, mais qu'en est-il de la santé ? Que proposent-ils après deux ans de pandémie Covid-19 ? Comment soigner l'hôpital public qui manque toujours plus de personnels soignants ? Quelles priorités ? Décryptage. 

Quelles sont les mesures santé proposées par Emmanuel Macron ?

Le projet Santé d'Emmanuel Macron, accessible sur son site de campagne AvecVous, propose :

  • Un bilan de santé complet et gratuit à 25, 45 et 60 ans.
  • Accompagnement personnalisé et connecté des patients ayant une maladie chronique (télésurveillance de la glycémie...)
  • Plans de détection et de prévention relatifs à la santé mentale, l'infertilité, la drépanocytose
  • Détection précoce des "écarts de développement" pour les enfants : hyperactivité, dyslexie, obésité
  • Plan de recrutement d'infirmiers et d'aides-soignants
  • Réduction de la charge administrative pour les soignants (proposition que l'on retrouve également dans le projet santé de Marine Le Pen)
  • Remettre les médecins au centre de la gouvernance de l'hôpital (proposition que l'on retrouve également dans le projet santé de Marine Le Pen)
  • Donner davantage de responsabilités aux paramédicaux (proposition que l'on retrouve également dans le projet santé de Marine Le Pen)
  • Relocaliser en France la production de médicaments.
  • Continuer à développer 20 biomédicaments et biotechnologies (notamment contre les cancers), des technologies nouvelles comme les exosquelettes.
  • Lutte contre les déserts médicaux : développement de la téléconsultation (proposition que l'on retrouve également dans le projet santé de Marine Le Pen), permanences ponctuelles dans les territoires les moins dotés, accompagner les médecins (assistants, possibilité pour les pharmaciens et infirmiers de réaliser davantage de prescriptions et d'actes de prévention) ; développer l' "hôpital hors les murs" (ex : médecins exerçant en ville mais salariés de l'hôpital), désengorgement des urgences par une participation plus large aux gardes, numéro unique pour un rendez-vous médical dans les 48 heures si besoin.
  • Pour les aidants : deux semaines de "répit" par an durant lesquelles ils pourront être remplacés par des aides à domicile, ou bien leurs proches pourront être placés en établissement spécialisé ; Ma Prime Adapt' prenant en charge, selon les ressources, jusqu'à 70% des coûts des travaux d'adaptation (salle de bain, escaliers, etc.) ; plus de présence des aides à domicile auprès des aînés en instaurant 2 heures de convivialité par semaine.

► Sur son site, Emmanuel Macron dresse le bilan santé de son quinquennat en mettant en avant notamment : la mise en place du "100% Santé" pour les lunettes, prothèses auditives et soins dentaires ; l'augmentation du nombre de maisons de santé ; la suppression du Numerus Clausus ; la revalorisation des soignants ; la contraception gratuite pour les femmes jusqu'à 25 ans...

Quelles sont les mesures santé proposées par Marine Le Pen ?

Le projet Santé de Marine Le Pen, accessible sur son site de campagne M La France, propose :

  • Rmettre les hôpitaux sous la "tutelle" des préfets de région à travers les Directions régionales des affaires sanitaires et sociales
  • Suppression des Agences Régionales de Santé. Leur créations en 2009 à travers la loi Bachelot a "aggravé la situation des hôpitaux. Les médecins, notamment les chefs de service, ont été exclus de la gouvernance de l'hôpital et des services de soins, au profit des ARS et des directeurs d'hôpitaux" estime la candidate.
  • Les hôpitaux seront dirigés par un directeur d'hôpital pour les aspects administratifs et un médecin pour les questions médicales.
  • Ouverture d'au moins 10.000 places supplémentaires dans les Instituts de Formation en Soins infirmiers (IFSI) et les centres de formation d'aides-soignants afin de combler les postes vacants.
  • Revaloriser les salaires des soignants exerçant à l'hôpital : 2 milliards d'euros sur 5 ans permettront cette revalorisation. Le salaire des infirmiers sera augmenté de 10% pour atteindre la moyenne européenne. Cette revalorisation concernera également les personnels hospitaliers non concernés par le Ségur de la santé.
  • Fixer un plafond de 10% de postes administratifs dans les hôpitaux, ce qui dégagera des marges de manœuvre pour recruter davantage de personnel soignant. "L'hôpital souffre d'une bureaucratisation importante qui consomme une part non négligeable de ses ressources" explique Marine Le Pen.
  • Instaurer un moratoire sur la suppression des lits à l'hôpital public : "100.000 lits ont été fermés ces 20 dernières années : cela correspond à une réduction de 25 %."
  • Renforcer le personnel des services d'urgence : organiser un partenariat entre les services d'urgence et des cabinets médicaux libéraux vers lesquels pourraient être réorientés les patients relevant de la médecine de ville et non des urgences. Créer une filière distincte pour prendre en charger les personnes les plus âgées pour "limiter l'attente aux urgences".
  • Redéfinir le mode de financement de l'hôpital public en revenant à un budget sous forme de dotation globale. La candidate dénonce la mise en place de la tarification à l'activité de 2004 à 2021 "basée sur la performance, la compétitivité et la rentabilité".
  • Réduire le nombre de déserts médicaux : mise en place d'une rémunération de la consultation selon le lieu d'installation du médecin et amélioration des infrastructures et services publics pour améliorer l'attractivité des zones concernées.
  • Développement de la télémédecine.
  • Augmentation du nombre de maisons et de centres de santé.
  • Réduction "drastique" du recours aux médecins ayant obtenu leur diplôme hors de l'Union européenne.
  • Remise en place des visites médicales scolaires systématiques.
  • Accroissement du personnel médical dans les EHPAD : chaque établissement sera doté d'un médecin coordonnateur et d'une infirmière présente 24 heures sur 24.
  • La durée du congé de proche aidant sera portée à 12 mois pour l'ensemble de la carrière (contre 3 actuellement) ; son indemnisation sera indexée sur les revenus de la personne aidante, avec une couverture à 100 % des pertes salariales au niveau du SMIC, à 80% jusqu'au salaire médian puis à 50% au-delà (plafonnée à 3 000 € net). Cette aide sera  déconjugalisée, comme l'allocation adulte handicapé (AAH).
  • Une indemnité de 300 € mensuels sera créée pour toute personne faisant le choix de vivre au domicile d'un proche dépendant ou de l'accueillir chez elle pour se consacrer à son accompagnement.
  • Transformation de l'Aide Médicale d'Etat pour qu'elle ne prenne en charge que les soins urgents pour les adultes.
  • Création d'un ministère dédié à la lutte contre la fraude aux prestations sociales avec contrôle pour vérifier si les personnes qui perçoivent des prestations sont toujours vivantes, notamment les retraités résidant à l'étranger (visite au consulat chaque année).
  • Remplacer le modèle de la Carte Vitale actuelle par un modèle contenant des données biométriques afin de "sécuriser la délivrance et l'utilisation" de ces cartes Vitale.

Sources :

 - M La Santé, Projet Santé de Marine Le Pen, 2022.

- Avec Vous, Projet Santé d'Emmanuel Macron, 2022