Médicaments contre les brûlures d'estomac : à éviter sur le long terme

Les médicaments utilisés pour soulager les brûlures d'estomac, les ulcères et les reflux acides ne doivent pas être pris sur le long terme car ils augmentent le risque de décès prématuré, montre une étude publiée dans le BMJ.

Médicaments contre les brûlures d'estomac : à éviter sur le long terme
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Carton rouge pour les médicaments utilisés contre les brûlures d'estomac, les ulcères ou les reflux gastro-œsophagien. Une étude publiée dans le Journal BMJ par des chercheurs de l'Ecole de médecine de l'Université de Washington établie un lien entre l'utilisation à long terme de ces traitements appelés "inhibiteurs de la pompe à proton" (IPP) et des cas mortels de maladies cardiovasculaires. maladies rénales chroniques et cancer de l'appareil gastro-intestinal supérieur. Le risque de décès prématuré augmenterait avec la durée de prise des IPP, même à faibles doses. "Prendre des IPP sur plusieurs mois ou des années n'est pas sans danger" a déclaré le principal auteur Ziyad Al. -Aly, Professeur adjoint à la Faculté de médecine.

Les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux d'Anciens Combattants des États-Unis. Les données récoltées allaient de juillet 2002 à juin 2004. Au total, 157 625 personnes - principalement des hommes âgés de 65 ans et plus - avaient récemment reçu des IPP et 56 842 autres prenaient d'autres antiacides. Le suivi s'est fait sur 10 ans. A l'arrivée :

  • Le risque de décès augmentait de 17% dans le groupe IPP.
  • 45 décès sur 1000 étaient attribuables à l'utilisation à long terme d'IPP.
  • Les taux de mortalité dans le groupe des IPP étaient de 387 pour 1 000 personnes, contre 342 pour 1 000 dans l'autre groupe.

"Il faut les éviter quand ils ne sont pas médicalement nécessaires"

  • 15 utilisateurs d'IPP sur 1 000 sont décédés d'une maladie cardiaque.
  • 4 pour 1000 d'une insuffisance rénale chronique.
  • 2 pour 1 000 d'un cancer de l'estomac.
  • La moitié des personnes qui prenaient des IPP le faisaient sans en avoir médicalement besoin. Or "la sur-utilisation n'est pas dépourvue de préjudice" a rappelé le Pr Al-Aly.
  • 80% des utilisateurs d'IPP prenaient de faibles doses du médicament sur ordonnance, ou des doses équivalentes à celles proposées en version en vente libre. "Le risque pourrait ne pas être limité aux IPP sur ordonnance, mais pourrait également survenir à des doses en vente libre" en a déduit le chercheur.

Face aux risques associés à la prise d'IPP, les auteurs de l'étude estiment qu'il faut les éviter "quand ils ne sont pas médicalement nécessaires". Sinon, limiter leur utilisation "à la dose d'efficacité minimale et à la durée la plus courte possible".

Source : Xie Y, Bowe B, Yan Y, Xian H, Li T, Al-Aly Z. Estimates of all cause mortality and cause specific mortality associated with proton pump inhibitors among US veterans: cohort study. BMJ. 1 juin 2019.