La santé mentale des femmes se dégrade au travail : elles prennent 2 fois plus d'antidépresseurs que les hommes
Elles sont particulièrement exposées au stress, à la surcharge et au recours aux traitements.
En France, près d'un actif sur dix vit avec une pathologie mentale ou suit un traitement psychotrope (antidépresseurs ou anxiolytiques). Ce chiffre augmente d'année en année. Les diagnostics progressent, les troubles sévères – notamment les addictions – explosent, et les jeunes sont de plus en plus touchés. Mais ce ne sont pas les seuls. Les femmes ont aussi une sante mentale qui se fragilise au travail. C'est ce que montre une étude menée par Asterès pour les Acteurs de la French Care et la MGEN, publiée le 25 novembre.
Sur 31 millions d'actifs en France, 1,5 million ont une maladie psychiatrique diagnostiquée et 1,9 million prennent un médicament psychiatrique, sans affection longue durée (ALD) ni hospitalisation. Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à prendre de tels médicaments : 675 000 femmes prennent des antidépresseurs contre 314 000 hommes ; et 434 000 prennent des anxiolytiques contre 254 000 hommes. Ces médicaments, qui agissent sur le cerveau et l'humeur sont souvent pris pour "tenir" face au stress ou aux tensions du quotidien. Entre 30 et 49 ans, leur consommation d'antidépresseurs est même 2,7 fois plus élevée. Cette surreprésentation s'explique par l'accumulation de facteurs professionnels, familiaux et personnels, mais aussi par un accès parfois insuffisant à un accompagnement spécialisé. Les hommes sont davantage concernés par les troubles addictifs et les troubles psychotiques.
20% des arrêts maladie sont désormais liés à la santé mentale
L'étude évalue à près de 25 milliards d'euros par an le coût global de ces troubles pour la société. Ce montant inclut les soins, les arrêts maladie et les conséquences pour les entreprises, confrontées à la fatigue, au décrochage et à l'absentéisme. Près de 20% des arrêts maladie sont désormais liés à la santé mentale, et un salarié sur deux dit avoir vécu une situation de stress intense au cours de sa carrière. Au-delà des chiffres, les facteurs de mal-être sont bien identifiés : surcharge de travail, tensions prolongées, solitude en télétravail, pression du quotidien, manque de reconnaissance ou difficultés à demander de l'aide. Autant d'éléments qui favorisent l'anxiété, les troubles du sommeil, l'épuisement et, parfois, la dépression.
Face à ce constat, les Acteurs de la French Care appellent à une évolution des pratiques. Ils plaident pour un dépistage plus précoce, une meilleure formation des managers, davantage d'espaces de dialogue autour de la santé mentale et un renforcement de la présence des psychologues du travail. Ils soulignent aussi l'importance d'un retour progressif après un arrêt, pour éviter les rechutes.
Enfin, l'étude rappelle que certaines solutions simples peuvent aider à réduire les symptômes, comme la pratique régulière d'une activité physique, qui diminue en moyenne de 30 % les troubles anxieux et dépressifs. Pour les auteurs, la santé mentale doit désormais être considérée comme un pilier essentiel de la vie professionnelle. Et tant qu'elle restera fragilisée, les femmes continueront de payer un lourd tribut au stress et à l'épuisement.