Tout contrôler n'est pas un trait de caractère : un psychologue révèle la vraie blessure qui se cache derrière

On connaît tous une personne qui veut toujours tout contrôler.

Tout contrôler n'est pas un trait de caractère : un psychologue révèle la vraie blessure qui se cache derrière
© aghavni - 123RF

Une personne qui veut tout contrôler se reconnaît à son besoin de maîtriser chaque détail et à sa difficulté à déléguer. Elle cherche à imposer ses décisions, convaincue que rien ne sera bien fait sans son intervention. Ce perfectionnisme rigide donne l'impression qu'il n'y a qu'une seule bonne façon de faire les choses : la sienne.

Sur le plan relationnel, cet hyper contrôle peut fragiliser les liens. À force de vouloir décider pour les autres, la confiance s'effrite et l'entourage peut se sentir étouffé ou dévalorisé. "Dans un couple, par exemple, si l'un des partenaires " exerce sa volonté de prendre le dessus " en permanence, l'équilibre relationnel en souffre. L'autre risque de subir une répartition inégale des responsabilités (le passionné aura tendance à se décharger des tâches qu'il juge secondaires sur son conjoint) et de perdre son autonomie. À terme, cela crée des tensions et des conflits", nous explique le Dr Emile Guibert, docteur en psychologie. Il n'est pas non plus rare que l'entourage perçoive cette attitude comme de l'autoritarisme, ce qui peut isoler la personne à l'origine du contrôle malgré ses bonnes intentions. 

Souvent, le besoin de tout maîtriser trahit en réalité une peur profonde de l'imprévu ou de l'instabilité. "En tant que psychologue, j'observe fréquemment que la personne met en place une stratégie de protection face à l'angoisse : contrôler son environnement donne l'illusion de se prémunir contre les mauvaises surprises". La personne redoute tellement d'être blessée ou déçue qu'elle préfère éviter certaines situations plutôt que de faire face à l'inconnu. Elle anticipe souvent le pire, se "résigne à l'avance" par peur des conséquences négatives imaginées et se réfugie dans ce qu'elle connaît (ses routines, son cocon sécurisant) afin de ne pas être déstabilisée. Cette attitude est souvent observée chez les personnes anxieuses ou, au contraire, les flegmatiques, connus pour leur besoin de stabilité. Il est possible d'apprendre à lâcher prise et à apprivoiser l'incertitude. L'auteur du livre "Tout est une question de caractère" (éd. Favre) encourage à accepter l'idée que tout contrôler est impossible. La vie comporte une part d'imprévisible, et s'y ouvrir peut apporter de belles surprises. Les personnes très sensibles gagnent à valoriser leur émotivité et à s'exposer progressivement à de petites situations inconfortables (tenter une activité inconnue par exemple). Celles qui ont tendance à tout diriger (comme les passionnés), doivent apprendre à déléguer et à faire confiance aux autres.

Concrètement, cela signifie accepter que son conjoint, un collègue ou un proche fasse à sa manière, quitte à ce que le résultat soit différent de ses attentes. Ce lâcher-prise relationnel passe aussi par le développement de l'empathie et de l'écoute : en prenant le temps d'écouter réellement les besoins et idées de l'entourage, la personne trop contrôlante découvre d'autres façons de voir les choses et réalise que tout ne repose pas uniquement sur elle. Valoriser la collaboration plutôt que le contrôle soulage la pression qu'elle s'impose et améliore les relations.