Refuser une invitation n'a pas l'effet que vous croyez sur vos amis

Voici la vraie réaction de vos proches quand vous leur dites "non"...

Refuser une invitation n'a pas l'effet que vous croyez sur vos amis
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Refuser une invitation à un dîner ou à une soirée organisée par des amis est souvent mal vu. Du moins c'est ce que l'on croit. "Une fois, j'ai été invité à un événement auquel je ne voulais absolument pas assister, mais j'y suis quand même allé parce que j'avais peur que la personne soit contrariée si je ne le faisais pas - et cela semble être une expérience courante", raconte le Dr Julian Givi, Professeur de psychologie à l'Université de Virginie occidentale. Partant de ce constat, il a mené une étude-pilote avec des chercheurs de l'American Psychological Association, pour savoir si ses craintes étaient fondées ou pas.

Pour leurs recherches publiées dans le Journal of Personality and Social Psychology, les auteurs ont demandé à plus de 1 000 binômes d'amis de participer à un jeu de rôle : l'un jouait le rôle de l'invité, l'autre jouait le rôle de l'hôte. L'invité est convié par son ami à dîner dans un restaurant local tenu par un chef célèbre mais il doit refuser l'invitation parce qu'il a déjà des projets et souhaite passer une soirée détente à la maison. L'hôte imagine sa réaction quand son ami décline l'invitation. Au terme du "jeu de rôle", les invités devaient prédire et noter comment allait se sentir leur hôte après un refus selon 4 paramètres : la colère, le manque d'attention, la déception et l'impact sur la relation. De leur côté, les hôtes ont noté leur propre ressenti après un refus d'invitation :

► Les invités avaient tendance à surestimer négativement la réaction des hôtes sur les 4 paramètres. Ils pensaient souvent que ce refus aurait immédiatement des conséquences négatives sur leur relation et que l'ami ne les réinviterait plus.

► Les hôtes, eux, avaient auto-évalué leurs ressentis de manière plutôt positive, précisant qu'ils comprenaient les raisons évoquées par leur ami.

"Notre étude montre que les conséquences négatives du refus sont beaucoup moins graves que ce à quoi nous nous attendions", précisent les chercheurs. Les gens ont tendance à anticiper la pire réaction quand ils refusent une invitation, or les hôtes ne semblent pas si agacés ou rancuniers. C'est même une réaction saine et normale de refuser de temps en temps des invitations. "Le burn-out "social" est une réalité, surtout pendant les vacances, lorsque nous sommes souvent invités à trop d'événements. N'ayez pas peur de refuser parfois des invitations", poursuivent-ils. A condition de le faire de la bonne manière : donner les vraies raisons (manque d'argent, envie de se reposer...) plutôt que d'inventer un faux prétexte et essayer de reprogrammer une autre date qui "montre à l'autre que le refus n'est pas lié à un manque d'envie".

Cette expérience présente toutefois des limites et nécessite d'être complétée. Déjà, elle n'inclut que des Américains et probablement que le refus d'invitation n'a pas la même signification dans d'autres cultures. Aussi, ces résultats sont de l'auto-déclaratif : la réaction suite à un refus est propre à chacun et diffère en fonction du caractère (si la personne est susceptible ou pas...) et du contexte (si la personne décline souvent). Enfin, les chercheurs ont limité leurs travaux aux événements "amusants" et "légers" du quotidien. les résultats ne peuvent pas s'étendre à des événements de plus grande ampleur comme un mariage ou un anniversaire. Dans ces cas-là, les conséquences négatives seraient probablement bien plus graves aux yeux de l'hôte.