Ampoules LED : attention à vos yeux
Les ampoules LED, que nous utilisons quotidiennement pour nous éclairer, seraient toxiques pour la rétine, suggère une étude de l'Inserm. Explications.
Les diodes électroluminescences (LED) ont considérablement envahi notre éclairage, à la maison, comme dans les espaces publics (écoles, salles de sport, centres commerciaux…). A la différence des lampes classiques dont l'éclairage est teinté en jaune, ces diodes produisent un éclairage très blanc. L'intérêt est surtout écologique et économique : elles consomment peu et durent plus longtemps. Mais le problème, déjà pointé par les ophtalmologistes, c'est qu'elles seraient néfastes pour la santé visuelle.
Il faut savoir que ces ampoules LED émettent des rayons de longueur d'onde variées, dont de la lumière bleue, une onde qui se situe juste avant les ultra-violets, des rayons très nocifs pour les yeux car non filtrés. Et si l'on sait que les rayons UV du soleil peuvent endommager la rétine, on manque de données concernant la lumière artificielle. Aussi, pour en savoir plus sur les effets phototoxiques des rayons émis par ces nouveaux dispositifs, une équipe Inserm (Unité 1138 Inserm) a mené une étude sur des rats.
Risque de DMLA. Les chercheurs ont d'abord montré que, quel que soit le type d'ampoules utilisé, l'exposition à une forte intensité lumineuse (6000 lux) pendant 24 heures altère la rétine de rats. L'analyse biologique montre ainsi dans tous les cas un état inflammatoire qui favorise la mort cellulaire des photorécepteurs impliqués dans la vision. "En revanche, en exposant 24 heures ces mêmes animaux à une intensité lumineuse similaire à celle habituellement utilisée dans les habitations (500 lux), seules les LED sont apparues néfastes : avec ces ampoules, la rétine des animaux montre des signes d'altération moindres mais similaires à ceux observés sous forte exposition. Ceci n'est pas observé avec les autres types d'ampoules", développe le communiqué de presse de l'Inserm. D'après les conclusions des chercheurs, ce mécanisme pourrait même favoriser la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
La coupable, c'est la lumière bleue. En 2005, la Commission européenne a imposé l'abandon des ampoules à incandescence, énergivores, et leur remplacement par des ampoules LED, plus économes. Ces dernières créent de la lumière blanche en combinant des lumières bleue et jaune. Or, les rayons correspondant à la lumière bleue sont plus énergétiques que les autres. Ils sont aussi connus pour être plus délétères pour les yeux, pour des durées d'exposition et des intensités lumineuses équivalentes. "Grâce à nos observations, nous avons montré que la lumière émise par les LED engendre deux phénomènes toxiques parallèles : l'apoptose, mais également une seconde forme de mort cellulaire, la nécrose. Or en se nécrosant, une cellule endommage ses voisines. Ceci explique pourquoi la toxicité de la lumière bleue est plus élevée que celle des autres longueurs d'onde".
"Nous avons un capital lumière". L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié en 2010, un premier rapport sur le sujet. Même s'il est probable que les observations faites chez le rat ne sont pas transposables telles quelles chez l'homme, les données de cette étude interrogent, avance l'Inserm. "Nos cellules possèdent des mécanismes de réparation qui permettent sans doute de corriger en partie les lésions induites par les LED. Mais nous avons un capital lumière, comme notre peau possède un capital soleil, pointe Alicia Torriglia, la chercheuse qui a encadré ces travaux. On peut se demander si nos ampoules domestiques ne favorisent pas son épuisement précoce, et ainsi l'évolution vers la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA)".
L'idéal serait donc, par principe de précaution, de supprimer ces diodes des éclairages. Mais nul doute que l'arrivée d'une prochaine génération d'ampoules domestiques dénuées de lumière bleue n'est pas pour demain. En attendant, pourquoi ne pas vous équiper de lunettes anti-lumière bleue ? "Oui, à condition de les porter toute la journée et que tout le monde s'y mette, en particulier les enfants car plus longtemps on reçoit de lumière toxique, plus on est à risque d'altération maculaire, avait expliqué au Journal des Femmes le Pr Gilles Renard, Directeur scientifique de la Société Française d'Ophtalmologie (SFO) lors d'un précédent article.