2 millions de personnes souffrent de dénutrition en France
Enfants, adultes, personnes âgées, malades... La dénutrition est une réalité en France, alors que les solutions existent pour l'éviter. Un collectif lance un manifeste pour informer et alerter les pouvoirs publics.
Aujourd'hui en France, ce sont plus de 2 millions de personnes qui souffrent de dénutrition, et des conséquences lourdes et multiples qu'elle implique.
Quelles personnes sont touchées par la dénutrition ? Par définition, on parle de dénutrition lorsqu'un malade ou une personne fragile a des apports alimentaires insuffisants par rapport à ses besoins. En pratique, elle se définit par un indice de masse corporelle (IMC) au-dessous des courbes minimales des carnets de santé, et par une perte de poids involontaire de plus de 5 % en un mois ou de plus de 10 % en six mois. Le principal risque associé, c'est la dégradation de l'état général du patient, qui sera donc moins armé pour faire face à une pathologie. Concrètement, la dénutrition peut toucher des personnes malades ou en bonne santé, quel que soit l'âge (enfants, adolescents, adultes et personnes âgées). Quelques exemples :
- une personne âgée qui n'a plus la force de faire les courses et la cuisine,
- une personne âgée qui ne prend pas assez de viande ou de poisson par perte du goût,
- un malade en cours de traitement pour un cancer qui ne mange pas assez à cause des nausées,
- un enfant atteint de la mucoviscidose, épuisé, qui perd l'envie de manger,
- un malade atteint de la maladie d'Alzheimer qui oublie de s'alimenter.
Avec l'augmentation de la durée de vie et des pathologies chroniques souvent associées à une augmentation des besoins nutritionnels, on peut craindre en outre une augmentation du risque de dénutrition dans les prochaines années.
Les solutions ne manquent pas pour éviter ce fléau. Le problème, ce sont les moyens et la prise de conscience. Il reste en effet à sensibiliser les professionnels, les malades et leurs proches de l'importance du dépistage précoce. Mais aussi à convaincre les pouvoirs publics que la prévention de la dénutrition coûte moins cher, à terme, que son traitement.
C'est pour mobiliser les citoyens et interpeller les pouvoirs publics vis-à-vis de cette affection silencieuse, que le Collectif de lutte contre la dénutrition a rédigé un manifeste, composé de 10 propositions concrètes. Ce collectif, fondé en début d'année par Éric Fontaine, président de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme (SFNEP), rassemble de nombreux acteurs de la société civile venant d'horizons variés (associations de patients, professionnels de santé, sociologues, économistes, personnalités, etc).
Voici les 10 propositions :
- Faire de la dénutrition la Grande Cause nationale du prochain quinquennat
- Lancer un Plan de lutte contre la dénutrition 2018-2021 pour enrayer la progression de la maladie et faire face à ses conséquences médicales, sociales et économiques
- Se fixer pour objectif : " Zéro personne âgée tuée par la dénutrition "
- Nourrir correctement 100 % des patients malades.
- Peser 100 % des patients dénutris de l'hôpital jusqu'à leur domicile.
- Imposer la présence d'un médecin nutritionniste et de 10 diététiciens pour 600 lits d'hôpital.
- Doter les établissements de soins d'un référent dénutrition.
- Créer un Comité national de vigilance chez l'enfant permettant un meilleur accompagnement vers la guérison.
- Former les futurs médecins, le personnel médical et soignant, les professionnels de santé ainsi que les malades, leurs proches et les aidants au risque nutritionnel.
- Prendre soin de chacun en valorisant le goût et le plaisir.
Le Collectif appelle les citoyens à signer ce manifeste, mis en ligne sur le site www.luttecontreladenutrition.fr.