Un médicament anti-obésité arrive sur le marché
Feu vert européen pour le Mysimba, un médicament pour traiter le surpoids. Mais, comme les précédents médicaments anti-obésité, il suscite déjà la méfiance de certains médecins.
Un médicament anti-obésité, produit par le laboratoire américain Orexigen Therapeutics, a reçu le feu vert pour sa commercialisation en Europe, a annoncé vendredi l'Agence européenne du médicament (EMA). De quoi s'agit-il ? Le Mysimba est une combinaison de deux principes actifs, le naltrexone, utilisé pour traiter la dépendance à l'alcool et aux opiacés et le bupropion prescrit comme anti-dépresseur et pour arrêter de fumer. Dans son communiqué, l'EMA précise que le Mysimba ne sera disponible que sur prescription et qu'il est réservé à des adultes obèses ou en surpoids dès lors qu'ils ont un ou plusieurs autres facteurs de risques comme de l'hypertension ou un taux élevé de cholestérol.
Doutes sur d'éventuels risques cardiovasculaires. Parmi les effets indésirables potentiels du médicament, l'agence européenne mentionne des troubles gastro-intestinaux ou liés au système nerveux central et reconnaît que "des incertitudes subsistent en ce qui concernent les résultats cardiovasculaires à long terme". Elle ajoute cependant que les résultats intermédiaires d'un essai clinique "sont rassurants en ce qui concerne les risques de pathologies cardiovasculaires graves" liés au Mysimba. Par précaution, les patients mis sous Mysimba par leurs médecins devront toutefois être revus au bout d'une période de 16 semaines et le traitement arrêté dans le cas où ils n'auraient pas perdu au moins 5% de leur poids initial, indique l'EMA.
Le médicament est commercialisé aux Etats-Unis, sous le nom de Contrave, depuis quelques mois. L'agence américaine Food and Drug Administration (FDA) avait en effet approuvé le médicament en septembre dernier, après plusieurs années d'hésitation liées à la crainte d'éventuels risques cardiaques.
Les médicaments anti-obésité peinent à s'imposer. Bien que l'obésité représente un problème majeur de santé publique, aucun médicament n'a su, à ce jour, s'imposer sur le marché européen. Après le retrait du marché de Alli en 2012 en raison de ses effets secondaires, le Xenical des laboratoires Roche est actuellement la seule pilule contre l'obésité commercialisée et disponible sur ordonnance. Mais il est toujours sous surveillance à la suite de signalements d'effet indésirables hépatiques sévères. En 2012, l'EMA avait par ailleurs rejeté la demande d'autorisation d'un autre médicament anti-obésité, le Qsiva (commercialisé aux Etats-Unis sous l'appellation Qsymia) du laboratoire américain Vivus, à cause de ses effets cardiovasculaires à long terme.
Critiques de la revue Prescrire. L'arrivée prochaine de ce nouveau médicament, n'est pas passé inaperçu pour la revue Prescrire, qui dénonce dans un communiqué une "inacceptable décision" de l'agence européenne du médicament. "Une perte de poids de quelques kilos ne peut justifier d'exposer les patients obèses ou simplement en surpoids à des risques disproportionnés et d'autant plus que les kilos sont souvent repris quelques mois après l'arrêt du traitement, notent les médecins de la revue médicale. Les autorités de santé doivent tirer les leçons des catastrophes sanitaires passées, notamment celles portant sur des coupe-faims interdits par la suite sur le marché européen en raison d'effets indésirables graves", soulignent-ils encore avant de citer en exemple le Mediator, cet antidiabétique prescrit pour ses effets coupe-faim avant d'être retiré du marché en 2009 en raison de graves effets cardiaques.
Le feu vert de l'EMA doit désormais être formellement approuvé par la Commission européenne avant une commercialisation effective dans chaque Etat membre.