Alerte sur des compléments alimentaires minceur
Suite à plusieurs signalements d'effets indésirables, l'Agence de l'alimentation recommande de limiter la consommation des compléments alimentaires contenant de la p-synéphrine.
Les compléments alimentaires connaissent un succès grandissant, en particulier dans le domaine de la minceur. Seuls ou association avec un régime, ils sont en effet censés aider à la perte de poids. Pourtant, l'Agence de l'alimentation (Anses) publie un avis dans lequel elle met en garde contre les compléments alimentaires minceur contenant de la p-synéphrine, une molécule aussi présente dans l'écorce d'orange amère et connue pour ses effets sur la perte de poids. Des effets cardiovasculaires, des atteintes hépatiques ou encore une atteinte neurologique : l'Anses a reçu en tout 18 signalements d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de ces compléments alimentaires. Elle recommande donc de ne pas dépasser un apport de 20 mg / jour, soit la dose seuil consommée par les grands consommateurs d'agrumes. Et met en garde contre certains compléments alimentaires minceur commercialisés qui peuvent conduire à un apport quotidien supérieur à cette valeur-repère. De plus, elle recommande de ne pas associer ces produits à la caféine en raison d'un probable "effet cocktail". Elle déconseille par ailleurs leur utilisation aux personnes les plus sensibles : les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants et adolescents et les personnes traitées pour hypertension, cardiopathie ou dépression. Enfin, en raison des craintes concernant les effets cardiovasculaires, l'Anses déconseille d'associer la prise de compléments alimentaires contenant de la p-synéphrine à une activité physique, en particulier pour les personnes en surpoids.
Des compléments alimentaires inefficaces le plus souvent. Rappelons que les compléments alimentaires bénéficient à l'heure actuelle d'un flou de réglementation. De fait, s'ils sont vendus en pharmacie, ils ne sont pas considérés comme des médicaments, mais comme des aliments. Conséquence directe : ils n'ont pas besoin d'autorisation de mise sur le marché et ne sont pas soumis aux mêmes études d'efficacité et de toxicité que les médicaments. Aussi, un complément alimentaire ne peut revendiquer d'effet thérapeutique. D'ailleurs, selon l'Agence européenne du médicament (EFSA), "une majeure partie ne présente aucune garantie de résultat". Mais dans la réalité, on trouve pourtant pléthores de produits garantissant des effets anti-cholestérol ou encore minceur. Depuis 2012, une réglementation européenne oblige pourtant les entreprises qui commercialisent les compléments alimentaires à respecter certaines conditions. Ainsi, les mentions selon lesquelles la consommation d'un aliment ou d'un de ses nutriments (vitamines, minéraux, fibres, etc.) peuvent avoir des bienfaits pour la santé, sont strictement encadrées. Seules les allégations de santé autorisées peuvent donc être indiquées sur les étiquettes. De son côté, l'Agence française du médicament (ANSM) a saisi la Commission européenne fin 2013, au motif qu'elle constate depuis deux ans une arrivée massive de compléments alimentaires sous le statut de "dispositif médical". Une manière de contourner la réglementation en profitant d'une faille au niveau européen, nous expliquait récemment l'Agence du médicament : "le fait que certains fabricants cherchent à obtenir le statut de "dispositif médical" pour des compléments alimentaires est contestable au regard de leur finalité médicale. Par exemple, les produits minceur sont avant tout commercialisés dans un but esthétique. On est loin de la santé. Nous souhaitons donc une harmonisation de la réglementation au niveau européen".
Selon Andrée Ivaldi, pharmacien : "Prendre trop de vitamine A ou D peut provoquer une hypervitaminose et de graves toxicités. D'une façon générale, les surdosages peuvent être soit dangereux, soit inutiles car la substance en excès est alors éliminée naturellement". Rappelons qu'une alimentation équilibrée est censée apporter tous les nutriments nécessaires à l'organisme. En cas de prise de compléments alimentaires, il faut toujours informer son pharmacien ou son médecin afin d'éviter toute interaction médicamenteuse et ne jamais substituer un traitement par un complément alimentaire sans avis médical.