13-Novembre : un programme de recherche pour comprendre la mémoire traumatique
A travers un programme de recherche réunissant plusieurs disciplines, des chercheurs français tentent de comprendre comment se construit la mémoire à la suite d'événements traumatiques.
[Mises à jour, 7/07/2016] Porté par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), avec le soutien de nombreux partenaires, 13-Novembre est un programme de recherche pluridisciplinaire qui a pour but de comprendre la construction des mémoires individuelle et collective, mais aussi leurs interactions, à la suite des événements tragiques du 13 novembre 2015. Des sciences sociales aux sciences linguistiques, en passant par la psychologie et les neurosciences, des disciplines scientifiques de tout horizon se sont réunies pour ce projet à la fois ambitieux et inédit.
Déjà 1000 participants volontaires. Co-dirigé par l'historien Denis Peschanski et le neuropsychologue Francis Eustache, le programme repose sur le recueil et l'analyse de témoignages filmés. "Notre objectif est de comprendre comment la mémoire du 13 novembre se construit année après année", explique Denis Peschanski. 13-Novembre compte actuellement 1000 volontaires, qui ont vécu de très près ou de loin les événements dramatiques du 13 novembre 2015. Ils seront suivis pendant 10 ans et leurs témoignages seront recueillis à 4 reprises, soit en 2016, 2018, 2021 et 2028.
De la mémoire individuelle à la mémoire collective. "Que reste-t-il au bout de 10 ans ? Est-ce qu'on aboutit à la construction d'un récit unique ? Ou est-ce qu'on a plusieurs récits ?", questionne Denis Peschanski dans la vidéo de présentation de l'étude. Pour répondre à ces questions, les souvenirs individuels recueillis pendant les entretiens seront mis en perspective avec la mémoire collective, constituée au fil du temps, par les articles de presse, les images diffusées à la télévision ou sur internet, les vidéos, les commémorations, les bulletins radio, ou encore les réactions sur les réseaux sociaux. L'objectif est de mettre en relation les souvenirs personnels, et les souvenirs à l'échelle national, afin de déterminer si l'un influence l'autre.
Comprendre le syndrome de stress post-traumatique. Avec 13-Novembre, les chercheurs ont aussi pour ambition de comprendre le syndrome de stress post-traumatique, au travers d'un projet biomédical nommé Remember. L'objectif de ce projet est de comprendre l'impact d'événements traumatiques sur la mémoire, notamment l'apparition des intrusions caractéristiques du stress post-traumatique, qui correspondent aux pensées liées au traumatisme et dont l'individu ne peut se détacher, mais aussi comprendre les mécanismes derrière les épisodes de résilience, soit les facteurs qui permettent de résister au syndrome de stress post-traumatique.
13-Novembre a toujours besoin de volontaires. Si vous souhaitez le devenir, voici la marche à suivre :
Que vous ayez été témoin ou intervenant lors des attentats, que vous soyez résident ou usager des quartiers touchés, ou simplement habitant de Paris et sa banlieue, les chercheurs ont besoin de vous. Si vous souhaitez participer et apporter votre témoignage dans le cadre du programme 13-Novembre, contactez l'équipe de médiateurs du programme : – par téléphone : 06 60 98 53 82 / 06 61 19 10 32 – par email : memoire13novembre@matricememory.fr Une permanence est déjà tenue dans les locaux de la mairie du 11e arrondissement de Paris (place Léon Blum, 75011 Paris). Horaires : le lundi et le vendredi de 8h30 à 17h (sauf le 3e vendredi du mois de 8h30 à 14h). |
En collaboration avec le projet 13-Novembre, Santé Publique France lance ESPA 13 Novembre, une étude épidémiologique en ligne ayant pour but de mesurer l'impact traumatique des événements de novembre 2015. Cette étude nationale a également pour objectif d'évaluer les dispositifs de soins qui ont été mis en place, afin de les améliorer. L'enquête se déroule du 7 juillet au 1er octobre 2016. Pour vous y inscrire, vous pouvez remplir le questionnaire ici. Santé Publique a également mis un dossier d'information à disposition du public.