L'arrêt cardiaque invisible peut tuer sans aucun signal d'alerte "sauf un" selon cet urgentiste
"C'est un paradoxe médical glaçant et pourtant bien réel".
"Ce risque est à connaître absolument" prévient le médecin urgentiste François-Xavier Moronval. On a tendance à penser qu'un problème cardiaque se manifeste toujours par une douleur dans la poitrine. Or, ce n'est pas toujours le cas. Parfois un arrêt cardiaque peut être "invisible". L'expression "arrêt cardiaque invisible" n'est pas un terme médical officiel mais elle est utilisée pour décrire un arrêt cardiaque soudain qui se produit sans les symptômes d'alerte habituels que l'on associerait à un problème cardiaque. Le terme "invisible" fait référence aux symptômes avant-coureurs qui, contrairement à une crise cardiaque classique, sont absents ou si subtils qu'ils ne sont pas reconnus.
"Le cœur du patient semble battre, l'électrocardiogramme est formel, il y a bien une activité électrique, les lignes bougent, le signal est là et pourtant aucune pulsation, pas de pouls, aucune goutte de sang ne circule, le cerveau est privé d'oxygène" décrit le médecin. Le corps commence à mourir en silence alors que le cœur semble fonctionner. "C'est un paradoxe médical glaçant et pourtant bien réel. On l'appelle la dissociation électro-mécanique. Derrière cette expression, se cache un phénomène tragique, terrifiant et trop souvent mortel." Dans cette situation, le cœur et le corps sont dissociés, comme deux musiciens jouant deux partitions différentes. Le courant passe mais la mécanique ne suit plus, poursuit le spécialiste dans sur sa chaîne YouTube DocFx.
Puisqu'il n'y a pas de symptômes annonciateurs comme une douleur intense à la poitrine, un essoufflement marqué ou des sueurs abondantes, la seule façon de reconnaître un arrêt cardiaque invisible est de voir une personne qui s'effondre soudainement, en quelques secondes, qui ne répond pas et qui ne respire pas normalement (ou plus du tout). Qu'il soit "invisible" ou non, l'arrêt cardiaque est la plus grande urgence vitale qui existe : il faut vite appeler le 15 (SAMU) ou le 112 (numéro d'urgence européen), leur donner informations clés (la position exacte, ce qu'il s'est passé ("la personne s'est effondrée et ne respire plus"), mettre le téléphone en haut-parleur pour que le régulateur du SAMU puisse vous guider.
Si une personne fait un arrêt cardiaque "invisible" et qu'elle n'est pas réanimée immédiatement (par un massage cardiaque et un défibrillateur), le résultat est la mort subite. Si, au contraire, elle est prise en charge à temps et que son cœur est relancé, il y a arrêt cardiaque, mais pas mort subite. Étant donné qu'un arrêt cardiaque invisible ne prévient pas, le seul moyen de s'en protéger est d'agir en amont, en gérant les facteurs de risque (tabac, hypertension, obésité, diabète...) et de faire des bilans de santé réguliers, surtout pour les personnes qui ont des antécédents familiaux de maladies cardiaques.