"C'est surprenant" : regarder cette partie du corps peut prédire le risque d'arthrose
Elle change de forme "à mesure que la gravité de la maladie augmente."
L'arthrose touche 10 millions de personnes en France. Cette maladie articulaire est caractérisée par une usure prématurée des articulations. Elle provoque douleurs, raideurs et gonflements. La prise en charge étant surtout symptomatique, l'un des enjeux de la recherche est d'obtenir plus d'informations sur les différents moyens de la repérer suffisamment tôt. C'est dans cette optique que des chercheurs de l'Australian National University (ANU) se sont penchés sur la forme des os comme potentiel indicateur du risque de développer de l'arthrose.
Les scientifiques ont recueilli des images de 97 genoux sains et 67 genoux atteints d'arthrose, chez 40 femmes et 27 hommes. Ils se sont davantage concentrés sur les femmes car elles développent souvent des symptômes plus graves, sans que l'on sache pourquoi. "Nous savons que certaines parties du fémur, qui fait partie de l'articulation du genou, ont une forme différente chez les femmes et les hommes, et nous avons émis l'hypothèse que nous pourrions, de la même manière, trouver des différences de forme en cas d'arthrose", partage Laura Wilson, autrice principale de l'étude. Des techniques avancées d'analyse d'images ont été utilisées (radiographies, tomodensitogrammes, IRM) pour créer des modèles 3D des os.
D'après les résultats publiés dans la revue "Osteoarthritis and Cartilage", les scientifiques ont découvert des différences au niveau de l'os de la rotule, peu importe le sexe, chez les personnes atteintes d'arthrose :
► Une forme changée de la rotule : des déformations, comme une facette plus courbée ou étroite
► Une perte de cartilage indiquée par une diminution de l'espace entre la rotule et l'os du fémur
► Des excroissances osseuses : des os qui se développent autour des bords de l'articulation, appelés ostéophytes
► Une densité osseuse accrue : l'os sous le cartilage devient plus dense et plus dur
Il semblerait que ces caractéristiques soient évolutives : "Ce qui est surprenant, c'est que les différentes surfaces articulaires de la rotule changent de forme de différentes manières avec l'arthrose et à mesure que la gravité de la maladie augmente", partage Laura Wilson. Découvertes suffisamment tôt, ces différences pourraient permettre d'anticiper l'évolution de l'arthrose.
L'équipe prévoit d'élargir ses recherches afin de savoir à quel stade de l'arthrose commencent les changements de forme de la rotule. Le but à long terme est d'ajouter ces caractéristiques aux modèles de prévention des maladies et de faire bénéficier les patients d'interventions précoces.