Cette vitamine très connue aurait un impact sur le développement du cancer du pancréas
Elle aiderait les cellules cancéreuses à se répliquer.
Quand on pense "vitamine", on se dit "bon pour la santé" mais pas toujours. Une étude américaine montre qu'une vitamine très connue peut être mauvaise en cas de cancer. D'après les auteurs de l'University of Oklahoma Health Sciences Center (États-Unis), cette vitamine aiderait les cellules cancéreuses à se répliquer en cas de cancer du pancréas. En France, environ 14.000 personnes sont diagnostiquées d'un cancer du pancréas chaque année.La vitamine en question est la vitamine B6. Cette vitamine "contribue au métabolisme énergétique du corps, à un fonctionnement normal du système nerveux, à la formation des globules rouges et à la régulation de l'activité hormonale" rappelle l'Agence de sécurité alimentaire européenne. La B6 renforce les cellules du système immunitaire, notamment les cellules tueuses naturelles (NK). Ce sont ces NK qui agissent en premier lieu face à tout type de maladies, qu'il s'agisse d'un simple rhume ou d'une pathologie plus grave comme un cancer.
Une vitamine qui nourrit les cellules cancéreuses
Si ces bienfaits sur les personnes en bonne santé ne sont pas remis en question par l'étude, celle-ci met en évidence le rôle de la B6 dans le développement du cancer du pancréas. Comment ? Lorsque le cancer du pancréas se développe, ses cellules ont besoin de vitamine B6 pour se reproduire. Ainsi, en présence d'un cancer du pancréas, les cellules NK sont notablement absentes puisque les cellules cancéreuses consomment activement la vitamine B6 dont les cellules NK ont besoin pour faire leur travail. Ce processus n'est pas toujours égal selon le patient mais "au cours d'un bras de fer sur une réserve limitée de vitamine B6, le cancer du pancréas sort presque toujours vainqueur", explique l'étude. Il est donc indispensable de comprendre comment inverser ce processus afin d'améliorer la survie des patients concernés par cette carence en NK. Les chercheurs ont confirmé que la survie était meilleure chez certains patients ayant une "forte infiltration de NK dans la tumeur" comparativement à ceux qui en aurait une "faible".
Que faire ?
Malgré leur succès dans d'autres cancers, les immunothérapies ont montré une efficacité limitée contre l'adénocarcinome canalaire pancréatique. "Étant donné le rôle protecteur des NK infiltrant les tumeurs" les chercheurs ont d'abord tenté de "traiter des souris porteuses de tumeurs avec une cytokine induisant la prolifération et l'activation des cellules NK". En vain. La seule administration d'une plus grande quantité de vitamine B6 n'a pas non plus permis d'aider les cellules NK. Au contraire, les cellules cancéreuses ont pu se développer davantage en dévorant ces nutriments supplémentaires. Kamiya Mehla, l'une des chercheuses a découvert une stratégie en trois volets : "La première étape consiste à réduire l'expression d'un gène particulier afin de bloquer la voie par laquelle le cancer absorbe la vitamine B6. La deuxième étape, à fournir plus de vitamine B6 et la troisième utilise une thérapie pour améliorer la fonction des cellules NK." Cette stratégie a également été testée sur des souris. Cela dans un seul but : renforcer le système immunitaire puisque celui-ci "doit être fort pour que d'autres traitements, comme la chimiothérapie, soient efficaces. La thérapie ne fonctionnera pas si le système immunitaire n'est pas en mesure de jouer son rôle". Cette stratégie a permis de réduire la quantité des cellules cancéreuses du pancréas.