Rebond "sans précédent" de la méningite en France : quels symptômes doivent alerter ?

L'Institut Pasteur alerte sur la recrudescence de la méningite à méningocoques (la plus mortelle) "alors que le pic hivernal n'a pas encore eu lieu" et que la grippe n'est pas encore là.

Rebond "sans précédent" de la méningite en France : quels symptômes doivent alerter ?
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"Sans traitement, les méningites bactériennes sont quasiment mortelles à 100 % et même correctement traitées, la mortalité reste de 10%" rappelle le Dr Muhamed-Kheir Taha, responsable de l'unité Infections bactériennes invasives et du Centre national de référence des méningocoques à l'Institut Pasteur. Une étude publiée par son équipe dans la revue Journal of Infection and Public Health met en évidence "un rebond sans précédent" de la méningite à méningocoque (type de méningite bactérienne) depuis l'arrêt des mesures sanitaires mises en place pendant l'épidémie de Covid-19.

Les cas en hausse de 36%

Les cas ont chuté de plus de 75 % en 2020 et 2021 avant de repartir à l'hausse à l'automne 2022 : "Aujourd'hui, à l'automne 2023, le nombre de cas (est) supérieur à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19" rapporte Samy Taha, auteur de l'étude. 421 cas ont été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36% des cas par rapport à la même période en 2019 "alors que le pic hivernal n'a pas encore eu lieu" note l'Institut Pasteur. Et que l'épidémie de grippe saisonnière n'a pas commencé. 

"Les plus touchés sont les 16-24 ans"

"Le virus de la grippe crée un contexte favorable au développement des bactéries méningocoques. Par ailleurs, tous les grands rassemblements sont propices aux contaminations de manière générale et à la propagation de la méningite à méningocoques en particulier" soulignent les scientifiques. De plus, les souches bactériennes de méningocoques aujourd'hui responsables de méningites ne sont plus les mêmes que celles qui circulaient avant la pandémie de Covid et elles ciblent plus de tranches d'âge différentes : "Les plus touchées par cette nouvelle vague de méningites sont les jeunes de 16 à 24 ans".

La population est redevenue naïve face à des bactéries "en constante évolution"

Deux explications sont avancées par les scientifiques pour expliquer cette recrudescence de cas de méningite :

  • une baisse de l'immunité générale de la population puisque moins de souches bactériennes ont circulé pendant la pandémie de Covid-19
  • une baisse de la vaccination : la vaccination contre le méningocoque C (obligatoire) a chuté de 20% lors du premier confinement par exemple.

"Ainsi la population est redevenue naïve face à des bactéries en constante évolution" explique l'Institut Pasteur. Une "population naïve" participe à une "reprise rapide de l'activité des bactéries".

Un vaccin contre plusieurs méningocoques bientôt recommandé aux adolescents ?

La méningite à méningocoque est une affection grave potentiellement mortelle. Pour s'en protéger, un vaccin ciblant le méningocoque de groupe C est obligatoire en France (Neisvac®) chez les enfants et un autre ciblant le méningocoque B est recommandé (non obligatoire) chez les nourrissons.

Il n'existe pas de recommandations vaccinales en population générale contre les groupes Y et W, des méningocoques "beaucoup plus nombreux que les autres après la pandémie (de Covid-19)" alors qu'ils étaient peu fréquents en France avant. Les chercheuses et chercheurs sont en lien avec la Haute autorité de santé pour faire évoluer la stratégie vaccinale : "Si le vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupes A, C, Y et W était recommandé auprès des adolescents, cela permettrait de les protéger directement mais aussi de protéger indirectement les autres catégories de la populationexplique Ala-Eddine Deghmane, responsable adjoint du Centre national de référence des méningocoques à l'Institut Pasteur. La méningite se manifeste par des symptômes plus ou moins caractérisitiques.

Citons : des maux de tête intenses et violents, une intolérance brutale à la lumière (photophobie) et non calmés par des antidouleurs classiques (paracétamol par exemple), de la fièvre (souvent supérieure à 38°c), des raideurs dans la nuque, des vomissements et des douleurs abdominales, les extrémités (mains, pieds) froids, des douleurs dans les jambes. Au moindre doute, consulter un médecin en urgence.